Ducky continuait à préparer en cachette son magnifique projet de roman. Entre quelques pauses jeu vidéo, il écrivait, mais il avait toujours la flemme de se rendre à son atelier d'écriture. Faut dire que le froid, la pluie et la neige eurent raison de lui.

En tout état de cause, notre pauvre petit canard ne constatait plus de progrès dans sa plume. Alors, il se trouva une autre solution sans sortir de chez lui : il découvrit Scribquack, un site dédié aux auteurs en herbe... et la même ambiance que son atelier d'écriture. « Super ! » s'était-il dit, il ne serait pas dépaysé !

En peu de temps, son texte avait été lu et reprit sur toutes les coutures. « Non, tu ne peux pas écrire ça, un cerveau n'explose pas comme une pastèque avec ce type de calibre que tu as décrit », « Non, si tu étrangles quelqu'un, la personne ne peut pas hurler ». Ah ! Que c'était bien de s'entourer de tous ces experts bienveillants.

Alors, Ducky se mit à lire à son tour et à suivre d'autres histoires avec passion. Jusqu'à ce que son auteur préféré disparaisse mystérieusement de la plateforme. « Horreur ! » C'était pire que la télé qui déprogrammait ses séries favorites sans prévenir (des séries tellement nulles qu'elles étaient indisponibles en téléchargement).

Ainsi, pendant des jours et des semaines, notre pauvre petit canard se demandait tous les soirs qui était le mystérieux tueur à la hache qui voulait séparer Timo, le scarabée amoureux de Théo, l'axolotl chanteur.

La trame était si bien ficelée qu'il était impossible de savoir si le serial killer était Sancho, le serpent névrosé et colérique, supérieur hiérarchique de Timo à la brigade « B.U.G.S. ». Ou s'il s'agissait de Chucho, le scorpion pyromane et meilleur ami de Timo. Ou... se pouvait-il que le meurtrier soit en fait Timo lui-même ? Mais non, il se trouvait dans le coma lors du dernier meurtre - une décapitation assez bien décrite. Hormis ce détail, peut-être que le vrai assassin était le gentil Théo, l'axolotl chanteur. Même s'il était emprisonné lors depuis le quatrième meurtre à la hache. Tout lecteur saurait qu'il avait des raisons de tuer toutes les victimes : tous ceux qui avaient boycotté son concert et la sortie de son disque, accessoirement ils étaient fans de lolli pops parfum fraise. Et tous les corps avaient été découverts avec une sucette dans leur bouche. De celles que Théo détestait le plus depuis que son meilleur ami, Momo, qui, par ailleurs était l'ennemi juré de Timo, est mort suffoqué par une mystérieuse réaction allergique produite par ces satanés sucreries.

Voilà où Ducky en était resté dans l'histoire depuis des mois, à se demander si un jour il arriverait lui aussi à un tel niveau magistral d'intrigue.

Comme notre petit canard ne pouvait pas rester sans connaître la fin. Après quelques semaines de sa disparaition, il avait harcelé l'auteur, Allumette06, pour connaître la suite. Sans succès. Il avait tenté de l'identifier à partir des éléments de son intrigue. Sans succès. Alors, il avait hacké le site Scribquack pour avoir ses coordonnées. Rien ! Et pendant ce temps, Allumette06 ne donnait plus de signaux de vie. 

Dépité, Ducky continuait à écrire son thriller sanglant, Dirty Ducky. Lorsqu'il termina son premier jet, il s'est senti tellement fier, sûr de tenir un chef d’œuvre entre les mains. Alors, il s'est mit à chercher sur internet des conseils d'amélioration et de publication (pas chez Scribquack, qui n'était plus accessible depuis qu'il avait hacké).

Alors, Ducky trouva sur le net plusieurs groupes d'échange et des conseils sur Barbebouc. À peine avait-il rejoint un groupe qu'il tomba sur une annonce où un auteur demandait des chroniqueurs. Et là, notre petit héros tomba des nuages : c'était le même titre ! la même histoire ! Mais finie ! et avec une belle couverture ! Il saurait enfin la fin de « Coup de hache ». Par contre, il remarqua que ce n'était pas le même pseudo, mais... non... pas possible : Gloria Patito Coincoin.

Et là il devint rouge de colère, sa sœur, cette dinde, écrivait mieux que lui !