Il était là, à attendre. Qui, quoi, pourquoi, personne ne le savait. Dans le froid, sur un banc perdu au milieu de la neige, après le crépuscule, chaudement vêtu, depuis des jours. Tout ce que nous savions était qu'il était un grand scientifique. Il avait découvert un nouveau champ des possibles, pour la physique, pour la technologie, pour la biologie. Il avait découvert un liant entre les trois, et ce liant avait ouvert la voie vers un renouveau de la vision du monde. Pour sûr, il en était fier! Ce n'était pas rien, après tout. Mais ses efforts ne lui ont pas été attribués, car au moment de la finalisation, il avait été renvoyé, évincé, volé. Son monde avait été brisé, et il était aperçu parfois dans les rues, à déambuler, l'air hagard, comme dépouillé de vie.

Après plusieurs jours sur le banc, son ancien collègue et junior passait dans le parc. Le jeune homme avait l'habitude de venir se promener parfois dans ce parc, avec son mentor. Il marchait de la même façon que son modèle d'autrefois, devant le groupe, décidant des futures conversations. le junior était celui qui était couronné d'un prix Nobel, mais chacun au fond d'eux savaient que ce n'était pas le sien. Aucun d'entre eux ne s'en plaignait, et personne ne remettait en cause sa nouvelle position.

Un soir, l'homme se leva de son banc. Il avait vu le junior au loin, proche de la fontaine à eau, coupée pour l'hiver. il s'approchait calmement, et le salua naturellement. L'homme au prix répondit au geste. Sans un bruit, Le scientifique déchu fouillait ses poches en s'approchant. Sans un bruit, il mit sa main sur la bouche de son ancien collègue. Sans un bruit, avant même qu'il ne puisse s'en rendre compte, le junior avait été transpercé. Sans un bruit, il s'effondra dans la neige.

Il était là, à attendre la police, car il avait tué un grand scientifique. Dans le froid, debout, à côté d'un corps refroidi, un objet ensanglanté dans la main. Il était devenu un criminel, et assumait son geste.