Comment commencer ?

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Comment commencer mon livre, putain ? C’est ça la sacrée de nom de dieu de question. Comment le commencer. Fin je sais bien qu’il me suffit d’ouvrir un King pour avoir un bon modèle d’ouverture accrocheuse. D’abord deux épigraphes bien senties, peut-être un truc d’épouvante classique qui vous file quand même bien les miquettes en deux trois lignes – du Lovecraft ? – pis un aut’plus premier degré, plus populaire, comme une quote de chanson de rock. Ça c’est cool. Pis ensuite, je ne sais pas, pas bien compliqué, un titre de chapitre évocateur mais mystérieux, une date entre parenthèse pour la situation temporelle, puis un coup de pioche dans le champ lexical nécessaire qui va nous sortir au hasard le mot qui débutera le bouquin (ici « Terreur »), suivi de la mise en exergue d’une petite histoire de bateau flottant sur l’eau qui ouvrira un immense ouvrage.

Simple, net, précis et ayant déjà fait ses preuves, cimer Steven !

Sauf que non, mon livre serait spécial. Il… Déjà il narre ma propre histoire, même si je ferai comme si ça n’était pas le cas. Il narre ma propre histoire et le personnage principal, celui qui dis « je », bah c’est moi-même. Ok pas de soucis le prénom a été changé, mais qu’importe, c’est moi quand même.

Non, non, une ouverture à la King ça ne joue pas, pas plus qu’une ouverture typique de livre plus philosophique. En vrai, j’y ai pensé hein, cher lecteur. J’y ai pensé. Un truc à la Kundera. Aérien. Subtile. Qui débuterait avec la notion si nietzschéenne d’éternel retour : en gros, notre bon Nietzsche, pour ce que j’en ai capté, nous dirait de nous comporter dans la life de telle sorte qu’au seuil de ta mort tu souhaiterais qu’elle recommence exactement de la même manière. Concept presque prophétique qui serait descendu sur notre ami philosophe de la même manière que l’esprit saint dans Jésus – non que je sache de quoi je parle quand je parle de Jésus, mais c’est juste pour illustrer un peu – alors qu’il se trouvait non pas à Nazareth mais plutôt dans les Alpes grisonnes.

Mais ça non plus, ça n’irait pas. Non. Non, non, non et non.

Je…

Mmmmmh.

Peut-être que je devrais plutôt m’inspirer du polar. Juste pour l’ouverture. Disons, allez… Prenons Lehane. Lui-aussi est un maître. Il commencerait avec la narration d’un rêve de son inspecteur favori, dont il reprend l’histoire best-seller après best-seller. Un rêve un peu prophétique. Et ce serait le top, parce que des rêves comme celui-ci, j’en fais tous les soirs.

Je suis nu, dans mon pieu. Un quatre-vingts, corps musculeux, noueux, bandé. Je me masturbe. Frénétiquement. Je sens autant de douleur que de plaisir de sentir cette main qui pistonne ma queue. Je me branle fort, mais aucune jouissance. Et l’entrée de la créature dans la pièce, de cette femme superbe aux seins lourds, ne m’empêche pas de continuer. Au contraire. Je m’astique encore plus fort. Et mes yeux courent rapidement sur sa fente luisante, sur la rondeur pesante de ses seins, mais je n’ai aucune envie de m’enfiler en elle. Je continue juste…

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