On verra bien !
L'administration repentanciaire a été correcte. Ils ont remplacé l'accidenté, le premier. Encore une surprise, c'était une meuf ! Plutôt sympa ! Le geste de l’administration, pas la fille, car elle était une vraie harpie qui gueulait pour un rien. Je l'ai calmée en lui apprenant le respect. En plus, c'est le genre de fille qui me plait, malgré son bronzage, un peu dodue, avec du caractère.
Après que je lui ai expliqué d'obéir, comme elle était un peu sonnée et consentante, je n'ai pas pu m'empêcher. Trop tentante. Elle s'est réveillée alors que je n'avais pas fini et s'est mise à hurler et à se débattre. Elle s'est rendormie avec mes câlins bien appuyés.
Ça m'avait trop excité, cette bagarre. La fois d'après, je l'ai enchainée et attachée. Elle était pas contente, mais qu'est-ce que c'était bien ! J'étais tellement jouasse que je suis parti en oubliant de la libérer ! Je ne m'en suis aperçu que le lendemain matin. Elle dormait encore, debout dans ses chaines. J'ai pas pu résister devant un tel spectacle, je suis un sentimental. Elle devait trouver ça bien, car elle ne bougeait plus, ne faisant que pleurer. Les femmes, c'est vraiment compliqué !
Surtout que dans la journée, je l'ai vu arriver avec un outil dans la main, l’air de vouloir me niquer. Heureusement que j'ai appris la vigilance et la défense dans les commandos, car elle allait me faire la peau, la salope. Depuis, elle traine ses chaines au pied. Ça la ralentit et je l'entends venir. Je l'enferme chaque soir, après lui avoir conté bluette. La vie est belle.
Une autre connerie est d'en avoir parlé à mes amis. Ils m'ont bourré la gueule et pendant que je dormais, ils ont bourré ma beurette. Moi, je l’attachais, surtout pour mon plaisir, mais elle ne pouvait pas déconner. Je ne sais pas ce qu'ils lui ont fait. J'imagine ! Le résultat, c'est qu'elle s'est pendue avec ses chaines. Elle a dû en baver pour en arriver là. J'ai trouvé que mes potes avaient abusé. C'est moi qui m'étais débrouillé et ils ont salopé le matériel. Du reste, je ne les ai pas revus depuis. C'est con, une belle amitié qui part en couille à cause d'une meuf !
J'ai nettoyé, tronçonnage et broyage. Ce que je ne savais pas, c'est qu'ils analysaient les mouvements fins des bracelets. Conséquence, ils ont débarqué quelques jours plus tard. Là, Marcel s'était porté pâle ! J'ai pas pu masquer grand-chose et ils m'ont embarqué.
J'ai été très surpris, car ils savaient tout. Mon procès a eu lieu très vite. Pas pour les trois repentants morts, mais pour les autres trucs. Enfin, c'est à cause d'eux que je suis tombé, car ça a tout déclenché. La vermine, c’est sans limites.
Les trois morts, ce n'était pas grave. C'étaient des indigènes. Une remontrance aurait suffi pour ces accidents. Ils ont ressorti nos virées. Pas non plus très grave. La bêtise, c'est d'avoir toujours utilisé mon fourgon. Pourtant, je changeais chaque fois les plaques. Mais des fourgons à moteur thermique, il n’en reste pas beaucoup. Ça, j’y avais pas pensé. Avec Guy et Marcel, régulièrement on allait sur des spots indiqués par des copains. Toujours dans des zones de confinement des primitifs. Ils ne peuvent pas en sortir sans autorisation, mais nous, on peut y aller librement. Un peu de provoc, un rassemblement, et hop, on sortait les kalachs. Le lendemain, on lisait le résultat de nos exploits. Quelques morts, beaucoup plus de blessés, qu'on avait arrosé en se marrant. Depuis la fois où on a failli se faire avoir, on restait en bordure de zone. On descendait à peu près une fois par mois. Ils en avaient trouvé qu’une quinzaine, alors qu'on en avait fait une bonne soixantaine. C'était à la fois répréhensible et à la fois une contribution au maintien de l'ordre. Le juge automatique perdait un peu les pédales.
Je vous ai pas dit, mais il n'y avait pas que ça de compliqué ! Mon affaire était tellement embrouillée, qu'ils ont jugé chaque truc séparément, car le juge automatique était incapable de tout faire en même temps. Donc les trois repentants, nos virées, puis l'histoire avec les meufs.
Comme je n'en avais rien à faire, j'ai répondu n'importe quoi. La machine m’a flanqué tente jours de repentance pour mépris du jugement public. J'ai arrêté.
Je savais que la peine de mort n'est pas applicable aux anciens militaires, sauf en cas de trahison, bien sûr. Ni la peine simple ni la grande peine capitale, celle avec les souffrances qu’on sait pas trop ce que c’est, mais qu'on a pas envie d'espérimenter. Le reste, je m'en foutais. De toute façon, j'en avais marre des cochons.
Donc, pour les délégués ou les virées, apparemment, ce n'était pas grave. Ce n'était que de la racaille, des indigènes, qui avaient trinqué.
Où j'ai été étonné, c'est quand ils ont sorti l'histoire des meufs. J'en avais monté une douzaine à la maison. La moitié était repartie. Les autres avaient fini en cochonnailles, car il y avait eu une embrouille. Avec les meufs, c'est jamais simple. Je ne savais pas qu'ils savaient. Je trouve qu'on a une police bien faite. Sur les six, quatre étaient des indigènes. Alors là, j'ai été estomaqué. Je ne leur avais pas demandé leurs papiers et jamais je ne me serais douté qu'elles n'étaient pas des citoyennes complètes. En résumé, j'étais accusé de deux meurtres.
Comme je ne risquais pas d'être injecté, le baveux d'office a fait le minimum. On n'a même pas discuté et je ne sais pas ce qu'il a mis dans la machine. Manque de pot, nous étions dans une période où il ne se passait pas grand-chose, donc mon affaire était haut placée dans les sujets remis par le gouvernement aux médias. En fait, je bichais, parce que j'ai eu mon heure de gloire. Moi, j'ai vu ses effets dans la tôle : respect et considération. Pour le respect, j'avais aussi démoli les connards qui voulaient m’imposer leur loi.
La conséquence est que j'ai eu droit à la lecture du jugement en public. La machine avait dit perpétuité. Moi, ça m’allait bien : je m'étais fait d'autres potes et je n'avais plus les cochons sur les bras. Il n'y avait plus de meufs, et j'ai fait comme les autres avec les mignons. Finalement, ça soulage pareil. La belle vie !
Les mecs m'ont foutu un peu la trouille. En tant que perpet, j'étais dans la classe 3 des délégués. Il se disait qu'ils étaient affectés à des travaux dangereux et qu'on n'avait jamais revu un classe 3 revenir pour être libéré. J'ai compris alors que les miens étaient classés 1. Je les ai crus, car quand je vois comment leurs accidents ont été traités, je me dis que je n'avais plus qu'à compter sur moi. Je m'en fous, j'ai de la ressource.
Je vais bientôt arrêter d'écrire. Ça m'amuse de raconter tout ça. Ça finira aux ordures de toute façon.
Cela fait une semaine que je suis sur ce site. Ils n'ont pas trainé pour m'envoyer dehors. La cellule est confortable. C'est sympa, mais c'est de l'argent foutu en l'air. J'ai voulu parler de mon expérience avec le responsable, il ne m'a pas écouté.
J'ai reconnu l'endroit : on y venait en formation commando pour apprendre à se battre contre les chiens. Ça devait être le père à cette époque et le blanc-bec doit être son rejeton. Je m'attendais à ce qu'on m’affecte au dressage, mais je viens d'apprendre que c'est pour autre chose.
Demain, c'est l'entraînement. On me largue à poil dans la cambrousse, avec juste le bracelet électronique et les chiens sont lâchés deux heures après. Ils sont dressés pour rattraper, pas pour rapporter. Si je franchis la clôture, les drones tueurs interviendront. Ils m'ont rassuré en disant qu’aucun des coureurs n'avait pu atteindre cette limite.
On va voir si j'ai pas trop perdu.
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