Un présent des cieux

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 Célestin entra dans le commissariat, accompagné de son humain, l'inspecteur Mardo Jul. Dès que ses collègues les voyaient, ils s'écartaient pour laisser place au gros compagnon puisque, parfois, il mastiquait les habits de ceux qui s'approchaient un peu trop. Un homme en uniforme vint à la rencontre de l'inspecteur, le visage marqué par deux sourcils froncés.

 — Jul, vous êtes renvoyé !

 — Oh nan pas encore !

 — Eh si ! C'est ce qui se produit quand on arrive deux heures en retard tous les jours.

 — Monsieur je vous en supplie, j'ai une famille à nourrir et deux fois plus de bouches que ça !

 — Qu... Mais ça ne veut rien dire !

 — C'est possible en effet.

 — Allez, déguerpissez ! Combien de fois en plus vous ai-je répété de ne pas apporter cet animal avec vous ?

 — Monsieur Vlad, comprenez-moi. Célestin fait des crises d'angoisse quand il est tout seul. Je suis obligé de l'apporter partout où je vais sinon il essaye de se tuer. Il n'y arrive jamais mais un jour ça pourrait bien se produire. En plus il fait des dépressions dès qu'il ne me voit pas. C'est pas moi qui le dis, c'est le vétérinaire.

 — Je m'en contrefiche de vos histoires à la noix, Mr. Jul, alors fichez le champ avant que je vous chasse à coups de balai !

 — Ah bon, on a un balai au commissariat ? Personne ne l'a jamais utilisé pour nettoyer mon bureau alors...

 Mardo Jul aperçut les traits tendus de son supérieur qui menaçait d'exploser dans les secondes à venir. Craignant de n'avoir à subir des cris désagréables, l'inspecteur ne se fit pas prier davantage et emmena Célestin avec lui. Désormais, il n'avait plus nulle part où se rendre. Il s'alluma une cigarette en réfléchissant à ce qu'il ferait de sa vie quand soudain un cadavre tomba du ciel juste à ses pieds.

 — Alors ça c'est la tuile, dit-il pour lui-même.

 Il éteignit sa clope sur le corps encore chaud, puisqu'il était impoli de jeter des mégots encore fumants dans les caniveaux. Il regarda en l'air, mais il ne perçut rien d'anormal, hormis peut-être un avion qui semblait perdre de l'altitude. Mardo jeta ensuite un œil à ses bottes Gucci tachées du sang de la victime dont le crâne avait explosé sous le coup de la chute, et poussa un soupir. Elles étaient irrécupérables.

 — Tu vois Célestin, c'est ce genre de truc qui arrive quand on achète de la marque sans penser aux pauvres enfants qui sont exploités pour les fabriquer.

 Vingt secondes plus tard, le voilà rentrant à nouveau dans le commissariat. Vlad le vit apparaître au seuil de la porte accompagné de son hippopotame. Il crut d'abord rêver, alors il ne réagit pas. Il se retourna une seconde fois et fulmina :

 — Jul, mais j'hallucine ! Que ne comprenez-vous pas dans "Vous êtes viré" ?

 — Viré ? Il me semblait avoir été renvoyé...

 — Oh putain j'vais m'le faire c'lui là !

 Habitués aux excès de colère de leur commissaire, trois personnes s'interposèrent pour l'empêcher de frapper l'ex-inspecteur.

 — Ah là, ça va, c'est bon, j'allais rien faire. Que faites-vous ici ?

 — Je suis témoin d'un meurtre.

 — Bordel, cinq minutes que vous êtes parti et vous voilà déjà de retour avec vos conneries. Vous vous fourrez toujours dans de sales affaires en un temps record, mais comment est-ce que vous faites ? Hein, c'est quoi votre secret ? Ça relève du miracle, c'est pas possible !

 — Peut-être qu'il s'agit bien d'un miracle en fait, répondit Mardo. La victime est tombée du ciel.

 — Il se fout de ma gueule encore ? Oh retenez-moi là, je sens que je vais le buter ! Et faites-moi sortir ce putain d'hippopotame !

 De peur, une fois de plus, que le commissaire ne parte en vrille, Mardo le laissa tranquille et fit sa déposition à sa désormais ancienne collègue, Magalie Framboise.

 — Salut Magalie.

 — Hey salut Mardo. T'es encore dans de beaux draps, ça j'te l'dis. Devoir revenir ici dix secondes après t'être fait licencier, ça doit pas être hyper agréable.

 — M'en parle pas.

 — Bon j't'écoute, qu'est-ce qui t'arrive mon grand ?

 — J'étais en train de me fumer un bon petit roulé quand un cadavre est tombé du ciel, juste devant moi. Il a taché mes bottes Gucci, j'aimerais bien être dédommagé, si possible.

 — Elles étaient dégueulasses tes bottes Mardo, c'est une bonne chose que ce gars soit tombé du ciel. Au fait, il ressemblait à quoi ?

 — J'ai pas vraiment regardé. Tu peux aller le voir, il est juste devant la porte là-bas.

 On avait assis Vlad sur une chaise et posé sur son front une serviette d'eau froide. Un employé s'occupait de lui faire du vent, un autre le massait, et un dernier, qui venait de lui apporter un déca, lui chuchota des paroles destinées à le détendre. Celui-ci fit un sourire rassuré à ses collègues lorsqu'il perçut que leur patron se calmait, les yeux en train de se fermer. Tout à coup une détonation fulgurante se fit entendre au bout de la rue. Vlad bondit de sa chaise, renversa son café et hurla, sa tête devenant rouge :

 — Mardooo ! C'est encore un coup de ce fumier !!

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