Müller est venu me voir aujourd'hui. J'étais dans le potager entrain de ramasser des légumes pour leur préparer une ratatouille. Je ne l'ai pas vu au premier abord. J'ai vu son ombre. J'ai cru que c'était Von Mark. Mon cœur battait à tout rompre quand je me suis retournée vers lui. Il s'est excusé maladroitement de m'avoir surprise. Il ne savait quoi dire. Il s'est tenu devant moi pendant un moment. D'abord, j'avais peur. Puis la situation est devenue rapidement ridicule. Je ne parlais pas. Lui non plus. Il jouait avec ses mains.

Puis il a relevé les yeux vers moi et m'a demandé sérieusement si tout allait bien. Non, tout ne va pas bien. J'avais une vie calme, presque morne avant que vous preniez en otage ma maison. Je suis obligée de travailler pour vous nourrir, et en plus, on vous loge. Il y a cinq jours, je n'avais pas cette peur constante au ventre. Je n'avais pas à regarder derrière moi. Je ne me posais aucune question, je vivais une vie simple. Mais ça, c'était avant vous. Ça, c'est ce que j'aurai du lui dire.

J'ai voulu lui répondre : « oui merci », mais ma fierté n'a pas pu tenir sa langue ! Il a fallu qu'elle montre les dents. Je lui ai répondu droit dans les yeux : « Parce-que vous vous en souciez ? ». Il a été tout décontenancé. Etonné aussi. Puis il a souri. Il avait même l'air amusé. Je n'ai rien compris à la situation. Mais très vite, son masque de garçon prétentieux, suffisant, hautain est revenu sur son visage. J'ai tenu son regard. Il a dit « OK » en riant, avant de partir. Lorsqu'il a tourné au coin du potager, je me suis aperçue que j'avais cessé de respirer. Mais pourquoi et-il venu me demander si je vais bien ? Ça ne le concerne en rien...