2 août 1940 (Partie 2)

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J'ai commencé à me détendre un peu. On rigolait bien avec les filles du village d'aubois. Je voyais Clara et Thomas qui s'amusaient sur la piste de danse. Et cela me convenait parfaitement! Je n'avais jamais aimé danser en public. Je suis très gauche et raide. Clara, au contraire, sent le rythme de la musique. Elle occupe le parquet. un vrai rêve pour chaque garçon qui l'invite à danser. Par contre, dans ma chambre, c'est une autre histoire ! Seules les souris peuvent dire comme je bouge mes fesses.
J'ai vu Thomas se séparer de sa partenaire. Il est parti directement chercher un verre et s'est assis à côté de moi.
- Tu viens danser ?
J'ai bien essayé de lui dire que j'étais nulle et qu'il devait continuer de s'amuser avec Clara. Mais il m'a achevé :
- Mais c'est toi que j'ai invité à ce bal.
Trés malin. Cette vérité m'a frappée. J'ai rapidement commencé à culpabiliser. Son regard de chien battu n'a rien arrangé. Alors quand il m'a présenté sa main, j'ai bien été obligé de la prendre pour ne pas paraître pour une tortionnaire (devrais-je dire une allemande ?) sans coeur. Il m'a entraîné sur la piste de danse sans ménagement.
Thomas fut d'une extrême patience avec moi. Et je pense ne l'avoir jamais vu aussi calme et agréable, depuis bien longtemps. J'ai du lui écraser les pieds une bonne trentaine de fois et m'excuser tout autant, lors de notre première danse. Il riait. Il riait tellement. Il rigolait clairement de moi. Qu'il ne vienne pas me dire que je ne l'avais pas prévenu !
Il passa d'ailleurs un bon moment à me retenir sur le parquet lorsque je tentais une échappée. A chaque fin de chanson. Mais n'étant pas très discrète, il a compris mon petit jeu très vite. Bien joué, Sherlock! Il m'a soutenu mordicus que je n'étais pas nulle. Je ne l'ai pas cru sur le moment et je ne le crois toujours pas. Il n'arrêtait pas de me raconter des bêtises pour nous faire passer un bon moment. Et je dois avouer que je me suis surprise à rire. Je m'amusais vraiment avec lui. Je n'aurai pas cru écrire ça lorsqu'il est venu me chercher au début de la soirée.
Et puis, il est arrivé ce moment. Le moment où l'orchestre a joué une chanson beaucoup plus lente. Thomas était redevenu sérieux d'un coup. Bien qu'on était au milieu des autres danseurs, il m'invita officiellement et me présenta sa main. Comme s'il fallait que je consente à notre ballade. C'était sûrement l'ambiance feutrée des lampions, la chaleur du mois d'août, sa main gauche dans le bas de mon dos, et la droite dans la mienne, qui m'a fait un peu tourné la tête... J'ai levé les yeux vers lui et nos yeux se sont accrochés. J'ai senti sa main contre mon dos qui me rapprochait encore plus prêt de lui, et qui n'était pas pour me déplaire. Mon visage s'est retrouvé proche du sien, presque à se toucher. Ses lèvres se sont retrouvées dans mon champ de vision. Si fines. Si désirables. Si facilement attrapables. Je me souviens que mon bras, déjà mis sur son épaule, a remonté le long de son cou pour arriver sur sa nuque. Je n'avais jamais eu envie d'embrasser Thomas. Jamais. Mais à ce moment là, je me serai damnée pour pouvoir goûter ses lèvres.

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