Chapitre 2
" Debout le mioche. "
Je me relevais avec l'aide de Samy et nous rejoignions nos camarades silencieux. Alignés le long du bord de la route, nous tournions le dos à la forêt pour faire face aux hommes armés, et derrière eux, à l'accident. Le bus avait percuté un fourgon noir, ou alors était-ce le fourgon qui était sortit du chemin en terre de l'autre côté et s'était jeté contre l'avant de notre transport ? À quelques dizaines de mètres devant monsieur North faisait une petite sieste dans une flaque d'eau rougie. Son affreuse cravate rouge criard avait du détremper. Mais ça ne m'expliquait toujours pas qui étaient ces types et ce qu'ils nous voulaient.
" Hey. Psst_ Samy, c'est qui tous ces cons ? "
Elle me jeta un regard de Panda estomaché. Elle me regardait comme si elle me voyait pour la première fois et que je portait un costume d'écureuille habillé comme une ballerine avec des chaussures de clown et un chapeau de cow-boy.
" J'ai dit, c'est qui tous ces cons ? répétais-je.
- 'Lex, c'est pas l'moment d'rire.
- Mais j'rigole pas. C'est une mauvaise blague de North ?
- ...
- Ou du chauffeur ? D'ailleurs il est passé où ? "
Son regard se dirigea vers l'avant du bus et je le suivis. Le corps bedonnant était couché face au ciel, une mimique d'effroie ridicule figée sur son gros visage autre fois tout rouge et suant. Un trou entre les deux yeux laissait s'écouler en quantité le flux vital. Il était mort. À moins de quatre mètres de l'endroit où je m'étais écrasée plus tôt. Et je ne l'avais même pas vu. Un frisson me traversa de toute part, redressant chaque poile de mon corps. Une horrible et amère peur me tordit les boyaux et me coupa la respiration. Mon cerveau court circuita et la seconde suivante je vidais mes tripes sur mes doc martens.
//Avec Samy, ma meilleure amie et voisine de pallier depuis notre naissance, on prenait des selfies dans le bus. Le grand black de quarante-six ans debout à l'avant du bus nous rappelait depuis dix minutes le déroulement de notre semaine dans les montagnes. Alex et Rubhen, assis au fond du bus, poussaient des tas de crix d'animaux, imaginaires pour la pluparts, se moquant ouvertement du professeur. Pauvre monsieur North! Il n'avait aucune autorité sur ce gosse de riche et son lèche-couille attitré. La Grosse, notre chère déléguée, s'était donnée pour mission d'être la bras droite du prof'. Elle se retourna et cria les deux idiots telle une parodie de mère névrosée sur-autoritaire. Rubhen poussa un crix de cochon et Alex l'applaudit. Tout le monde rit alors que la pauvre Éléna était au bord des larmes en comprenant l'allusion.
" Et bien alors la Grosse, tu vas chialer comme un porcinet ?" avait ajouté le gosse de riche.
Le professeur n'eut pas le temps de réagir que je lui balançais déjà une de mes docs à la figure.
" Hey planche à pain! Fais gaffe à c'que tu vise!
- Sale con! Tu n'as pas honte de dire toute ta merde à Éléna ? Ferme-moi ton bac de chiotte avant que je vienne te l'éclatter!
- Ferme ta gueule et écrase-là! Qu'est-ce que ça peut t'faire ? T'es aussi moche qu'elle.
- Ça m'fait qu'tu nous casse les couilles avec tes crix de singe en rut! Fils de_"
Il me renvoya ma chaussure avec l'intention réelle de me l'écraser dans la tronche. Si monsieur North n'avait pas intercepté le missile ça aurait mal finit pour moi. Samy à côté, qui s'était attelée lors de la dispute à leur faire des gestes grossiers, s'était empressait de cacher le paquet de chips sous mon sweat trop large.
" De Lacroix! Stanford! Vous allez me faire le plaisir de_"
Il n'eut pas le temps de poursuivre. Le bus fit une brusque embardée, propulsant tous ses passagers dans un tonner de crix. Je m'écrasais lourdement et douloureusement l'épaules contre la vitre. Mais ce fut pire quand les poid de Samy me tomba dessus. Puis brusquement le bus freina dans un hurlement d'entrechoquement et de tôles froissées. J'allais m'éclater la tête contre le siège avant, perdant connaissance avec le son du vers brisé.\\
Quand je repris mes esprits j'étais à quatre pattes. Le souffle rauque et court, le coeur tambourinant à mes oreilles et la morve au nez tant je pleurais.
" Putain d'mioche lêves-toi!"
Mais je n'entendis pas l'ordre. Ou plutôt, la peur m'emprisonnait et m'isolait de l'extérieur tant son emprise sur moi était forte à cette instant. Samy poussa un énième crix de peur quand un type m'éjecta dans le caniveau d'un coup de botte dans l'épaule. Un crix de douleur m'échapa alors qu'un crâquement affreux ne cessait de se répercuter dans ma tête et que la douleur irradiait mon épaule gauche, réveillant mon corps meurtri. Il avait shootait dans mon épaule déjà douloureuse.
L'homme me rejoignit avant que je n'ai le temps de me relever et empoigna mes cheveux déjà bien courts. Je criais et agrippait son poignet d'une main, mon autre bras refusant de bouger. Il me traîna jusqu'en haut et tant pis pour moi s'il me scalpait en cour de route. La tête douloureusement tirée sur le côté, il m'exposa devant tous mes camarades et me planta une seringue dans la nuque. La dernière chose dont je me souviens avoir vu avant que ma vision ne devienne totalement noir fut le pantalon de Rubhen mouillé à l'entre-jambe.
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