Sous l'eau

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Je me sentais mieux.

Je me sens toujours mieux sous l’eau, loin des affres du boulot, et loin aussi de ma petite vie.

Sous l’eau, je déconnecte. Enfin pas trop, il faut rester vigilant, mais c’est un monde tellement part qu’il en est grisant.

Je suivais au plus près et avec excitation la courbe invisible de la zone de non-décompression, cette délimitation de nature plus statistique que physiologique censée nous protéger du « mal des caissons ».

Devant la splendeur des fonds, j’oubliais le bilan carbone de ma petite personne et je profitais de la chance qui m’était offerte de faire l’une des choses les plus fortes auxquelles il est possible de s’adonner. Lors d’une descente en négatif dans le bleu, subjugué par un vol en spirale de raies manta, ou lors de l’accrochage dans le courant impétueux d’une passe, face à un mur de requins gris, il m’arrivait de toucher au sublime, de me dire que, oui, ma vie était toute pourrie, mais que, tout de même, rien ne pourrait jamais m’enlever ça.

Mais c’était aussi là, au détour d’un rocher où je découvrais un animal en train de chasser, qu’il fallait encore une fois me résoudre à la dure réalité de la thermodynamique et de l’omniprésence entropique.

Tout doit mourir et se décomposer.

L’illusion de la beauté virginale se fracasse toujours contre le mur de la réalité terminale.

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