Presse-papiers
Tu n'aimes pas, mon chat, quand je noue mes lacets :
Tu sais que pour un temps je m'en vais te laisser...
C'est que, vois-tu, mon front me brûle
Sous toutes les pensées affolées qui circulent,
J'ai besoin comprends-moi, de l'air frais du dehors,
Pour me rosir les joues et soulager mon corps.
Dans une heure au plus tard, je reviendrai ici
Légère et délestée de mes menus soucis,
Ayant bu toutes les couleurs
De la nature heureuse sous le ciel en pleurs.
Nous aurons tout le temps de la romarinade,
Lorsque je rentrerai, chaton, de ma balade.
En attendant sois sage, et veille sur mes livres,
Puisqu'en forêt, mon chat, tu ne peux pas me suivre.
Tu sauras tout à mon retour
Promis je décrirai, pour toi, les alentours,
Dans le grand cahier bleu sur lequel tu t'endors,
D'un vigilant sommeil lorsque je suis dehors.
Car tu es, mon gros chat, le lourd presse-papiers
Qui des mots de mon cœur, tient les lèvres scellées.
Point n'est besoin d'une serrure,
Aux regards indiscrets, tu caches mes fêlures,
Et pour apprivoiser, en toi, le muet Cerbère,
Il faudrait pour le moins une amitié sincère.
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