Daniel Twist (28)
Mercredi 23 mars, 4h.
Je suis réveillé par des baisers. J'ouvre les yeux péniblement, et je vois mon amant sur moi, comme il aime bien le faire. Je passe les bras sur ses flancs, lentement. Il sourit, il a l'air un peu moins fatigué, comme ça. Sa bouche se pose une nouvelle fois sur la mienne pour un contact doux, puis il se redresse à quatre pattes.
- Il est quatre heures, me murmure Narcis en passant sa main dans mes cheveux.
- Reste avec moi...
- Un peu, si tu veux. Il faut que tu te rendormes.
- Je voudrais être avec toi tout le temps. Je peux pas vivre avec tes horaires, tes vacances, tes congés après les nuits.
Je commence à avoir peur. Son corps s'abaisse pour se coucher sur le mien.
- Eh, je suis encore là pour cinq nuits…
- Ouais, je souffle en l'enlaçant fort. Je voudrais t'avoir pour un million de nuits et de jours...
Il hoche la tête et pose un baiser sur mon front. Il est doux, comme d'habitude.
- Narcis, tu me quitterais si je le faisais ?
- C'est toi qui me quitterais, en faisant ça, il souffle. Je veux pas te voir tuer quelqu'un, Daniel.
- Mais dis-moi, dis-moi juste, s'ils savaient pas que c'est moi, tu me quitterais ?
Il secoue la tête et se redresse, assis sur mes cuisses.
- Je sais pas 'dan. J'ai pas envie de le faire, tu sais, je… je sais pas comment je réagirai. Je veux pas penser à toi comme ça. S'il te plaît...
Je le regarde dans l'obscurité, où filtre la lumière des couloirs sous le pas de la porte.
- Je sais pas ce que je vais faire. Je peux rien te promettre. Je sais pas comment je pourrais le laisser sortir.
Il soupire et regarde derrière moi, sur le mur. Je vois bien qu'il sait plus quoi me dire. Je me redresse aussi et passe mes bras autour de son cou.
- Quoi qu'il arrive, dans deux jours on sera fixés, je lui murmure.
Son regard se plante dans le mien, saisissant.
- Dan, fais pas ça. S'il te plaît. Tu peux pas avoir envie de sacrifier encore un peu plus ta vie.
- Je vis pour ça. Venger mon frère. Je vivais pour ça. Ç'aurait dû être moi à sa place, tu comprends ?
Il hoche la tête mais soupire à nouveau. Ça fait bouger quelques-uns de mes cheveux.
- Je comprends bien. Mais dieu soit loué c'était pas toi. Alors vis, bon sang ! Vis pour ton frère qui a pas pu le faire !
J'y ai jamais pensé comme ça. Mais vivre pour lui... c'est trop tard de toute façon. J'acquiesce quand même, pour le rassurer. Je l'embrasse doucement et lui se recule.
- Oui ? Tu le feras ? Tu te rends bien compte que c'est pas possible ! Tu, tu voulais le tuer et te tuer ! Maintenant, maintenant tu veux plus, alors le fais pas ! Si tu veux plus ça, tu veux plus ça, et je le veux pas non plus !
Il parle vite, les yeux grands ouverts. Je caresse sa joue et souris tendrement, sans rien dire. Je veux le rassurer avec des gestes.
- Dan... Dan, tu peux pas me regarder comme ça et me dire que dans deux jours, ce sera fini.
- J'ai pas dit ça. Je l'ai pas dit, je murmure d'une voix douce.
Sa tête se secoue encore. Je crois qu'il comprend que je lui dis pas tout. Je prends son visage en coupe et j'embrasse ses yeux, son nez, sa bouche. Je veux continuer à faire ça. Je veux le faire encore dans un mois et dans un an. Mais je dois aussi penser à mon frère, et à cette enflure de Randall.
- S'il te plaît... murmure Narcis contre moi.
Une seconde après, il a pris sauvagement mes lèvres.
Je gémis et le laisse m'entraîner dans le baiser, c'est bon, ça faisait longtemps qu'il m'avait pas embrassé comme ça. Mes mains remontent dans ses cheveux, tirent dessus doucement. Je veux être avec lui.
Mes actions le font gémir, sa tête bascule quand je tire un peu trop de mes doigts. Il grogne aussi, parfois, sûrement pour me supplier encore. Et sa main est ancrée dans mon cou, le pouce sur mon oreille, il me retient pour m'embrasser plus fort encore.
- Nar-Narcis… j'essaie alors qu'il attaque encore, et puis je laisse tomber, entourant son corps de mes jambes, retrouvant sa langue de la mienne.
Pendant que je bougeais, sa deuxième main est venue attraper mon visage. Il me tient totalement cette fois. Ses lèvres sont pressées fortement aux miennes et elles bataillent. Je gémis encore, l'excitation grandit dans mon ventre. Je veux ressentir ça encore.
Ma main descend sur sa fesse et la serre. Ça le fait se relever en gémissant, puis il pousse dans ma prise, la respiration lourde et le front collé au mien. Mes deux mains passent entre nous pour déboutonner son pantalon. Il me laisse faire, en extension sur ses tibias, et ses dents viennent attraper ma lèvre inférieure plusieurs fois pour m'attiser.
- Narcis, Narcis…
Je souffle en baissant son uniforme au maximum, mais sans arriver jusqu'en bas. Tant pis. Je replonge les mains sur ses fesses, sous son sous-vêtement, et je le serre fort.
Il ondule en respirant à mon oreille. Je sens qu'il a autant envie que moi, presque peau contre peau. Je pousse son bassin contre le mien et retiens ma respiration. Cette sensation…
Il soupire, gémit et feule contre moi en me demandant ce que je fais, la voix beaucoup plus rauque.
- Plus... Plus, s'il te plaît… je dis d'une voix faible, le serrant davantage contre moi.
Je remonte mes mains sur son dos et lève son uniforme avec. Je veux qu'il enlève ça. Je veux sa peau, sa peau chaude contre la mienne... Il met pas beaucoup de temps à comprendre, et encore moins à jeter son haut à terre. Ses mains reprennent immédiatement mon visage pour l'embrasser.
Je caresse tout son dos, je le découvre mieux, mes sens à l'affût, je redescends encore jusqu'à ses cuisses et remonte lentement, tirant sur la peau. Il se cambre un peu plus à chaque fois. Je répète son prénom encore et encore comme si je savais plus faire que ça. Rapidement, je décide de descendre son boxer pour le sentir vraiment contre ma peau nue. Si bon.
Il sourit contre ma joue, je le sens sans le voir, ses mains entortillées derrière ma nuque.
- Dis-moi, dis-moi ce que je dois faire… je lui souffle. Je sais pas... Je sais pas ce qu'on fait...
Il secoue la tête.
- On fait ce que tu veux. Ce que t'as envie de faire de moi. Ce qui te fait envie, il chuchote en redevenant doux sur les petits cheveux de ma nuque.
- J'ai envie de découvrir, j'ai envie de toi… je murmure en repassant mes mains devant pour frôler son membre plus tendu.
- Découvre ce que tu veux. Mais pas comme si c'était la dernière fois, il souffle en se laissant aller.
- C'est pas, c'est pas la dernière fois…
Je lui réponds alors que je le prends en main avec plus de confiance. Je l'ai déjà fait bien sûr, mais seulement par obligation. Là je le veux. Je veux voir le plaisir dans ses yeux.
Mais lui, il les ferme. Il les ferme et va poser son menton sur mon épaule avant de l'embrasser dès que je commence mes mouvements. Je bouge sous lui et me débrouille pour ôter mon dernier vêtement, et j'attrape les deux ensemble. C'est incroyablement bon. Il doit penser pareil, au son de ses gémissements abandonnés.
- Je t'aime, je t'aime… je murmure en accélérant encore.
Son souffle se répercute sur mon oreille, rauque et chaud. Je le pousse sur le dos et viens sur lui, et je continue. Je le vois mieux comme ça, couché sous moi. Je découvre son sexe que j'avais jamais vu encore. Il donne envie d'y goûter. Je me surprends moi-même à vouloir ça, alors que je l'ai fait que sous la contrainte. J'ai tellement envie de lui faire du bien.
Sa tête est partie en arrière dès que je l'ai couché et son dos cambré me permet de mieux voir son ventre plat et tonique. En me penchant un peu plus, je remarque que ses doigts sont accrochés au draps.
- Tu aimes ? je susurre en me penchant à son oreille. Que je te touche comme ça...
Il acquiesce vivement sans ouvrir la bouche.
- J'ai pas entendu…
Je tire sur le lobe ; et tout de suite il frémit dans un long râle de plaisir.
- Réponds-moi... Tu aimes ? J'arrête ?
- J'adore, il lâche avec une voix basse et grave alors qu'il pousse sur ses pieds pour relever ses jambes.
- J'aime, j'aime aussi…
Je halète. J'ai envie de jouir, j'ai envie d'en finir, mais j'ai envie de le goûter aussi et je sais pas si je pourrais m'arrêter pour le faire, parce que le besoin de jouir est vraiment fort, insoutenable.
Lorsque ma main serre un peu plus nos membres ensemble, ses chevilles vont se nouer sur mes fesses en y appuyant ; et il gémit, fort, juste à mon oreille.
- J'ai- j'ai envie de te sucer… je murmure d'une voix faible. Je peux ? Je peux essayer ?
Ses yeux se rouvrent immédiatement, se fixent dans les miens et son corps se tend. Et après quelques petites secondes, il ondule à nouveau en me disant que je peux essayer tout ce que je veux avec lui. Je hoche la tête et ça me donne du courage de l'entendre dire ça. Je me redresse alors et je descends un peu sur son corps jusqu'à me retrouver en face.
J'observe son sexe qui pulse. C'est différent. Différent d'avec les autres. Lui j'ai envie, j'en meurs d'envie. Alors je me penche et je tire la langue, pour essayer. J'appréhende, j'ai peur de me renfermer. Mais non, ça va. C'est Narcis. C'est pas dangereux. C'est bien.
- Ce que tu veux… il répète dans un souffle, tout bas, le regard sur le plafond malgré ses yeux à demi clos.
Je lèche encore et embrasse le gland du bout des lèvres. Je vois son ventre se gonfler ; il prend une grande inspiration. Alors j'ouvre plus la bouche et je l'abaisse lentement. Je relève les yeux sur lui, pour voir sa réaction. Ses doigts serrent tellement fort les draps que j'ai peur qu'il fasse des trous.
- Magnifique, il chuchote en se cambrant pour onduler encore ; et ainsi éviter de donner des coups de rein dans ma bouche.
Encouragé de nouveau, je fais des mouvements de va-et-vient. Je commence à me toucher en même temps. Je suis excité. Je pensais pas ça possible, d'être excité en faisant ça. Ça me rend fou de joie et je redouble d'efforts.
- Ce que tu veux… grogne encore Narcis, perdu dans son plaisir, puis il se cambre d'un coup.
Ses hanches sont dans le matelas et ça a fait remonter ma bouche jusqu'à son gland. Il halète qu'il va falloir que j'arrête, maintenant.
Je sais pas si je serais capable de garder son sperme. Je me sens pas prêt. Alors j'obéis et je commence des mouvements avec les mains en embrassant l'intérieur de ses cuisses avec tendresse.
Quelques secondes plus tard et après avoir éloigné ma tête, il se répand dans ma main en se cambrant de lui-même pour finir les derniers mouvements. Je le suis peu après, l'embrassant toujours sur l'aine.
Ses grandes inspirations sont revenues. Je remonte sur son corps en lui laissant pleins de petits baisers. Je me sens vidé, j'ai besoin de tendresse, plein de tendresse. Il soupire fort et son corps se colle toujours plus au mien quand il resserre ses jambes.
Sa main caresse les petits cheveux de ma nuque et il me remercie.
- C'était bien. J'ai pas eu peur, je murmure.
- Ouais ? Tant mieux. C'était, c'était super.
Il me sourit doucement, les yeux reconnaissants, puis ses lèvres se posent avec lenteur sur les miennes. Je l'embrasse aussi, parfaitement réveillé maintenant.
- Tu fais ce que tu veux de moi, il répète, tout souriant, la jambe enroulée par dessus les miennes.
- Je crois que j'ai compris, je souris doucement. Je compte en profiter encore longtemps…
- Longtemps longtemps ?
Ses yeux sont tous brillants.
- Ouais. Je vais tout faire pour.
Son sourire scintillerait presque dans l'obscurité.
- Merci, il fait ; puis il m'embrasse avec passion.
Je l'enlace aussi, fort. Comment je pourrais résister ? Après plusieurs chaudes étreintes, il se retrouve à califourchon sur moi, le sourire coquin.
- Quoi, t'as encore envie ? je fais de grands yeux.
Narcis pose seulement ses lèvres sur les miennes en retenant mon crâne de sa main. Je souris un peu. Je veux pas qu'il parte. Il se détache avec un bruit de ventouse, tout joyeux. Ses mains parcourent mon ventre, partent de mon torse pour finir tout en bas ; ses yeux y sont fixés.
- Mh, ça, ça va ? je ris un peu.
Son regard retourne vers moi et il m'observe d'une drôle de façon, comme s'il était ailleurs et que je l'avais fait revenir.
- De quoi ?
- Je... Je sais pas ? Tu pensais à quelque chose ?
Il secoue la tête puis repart à la découverte de mon bas ventre.
- Ok… je souffle en fermant les yeux.
J'aime ses caresses. Elles me font un de ces effets… Bientôt, sa main entourée du draps vient nettoyer mon buste, mes cuisses, puis mon sexe qu'il prend entre ses doigts.
- Je suis content que ça ait pas été un dernier coup avant l'adieu, il dit pensivement en y mettant du zèle.
- Ouais… je souffle en essayant de pas réagir.
Je ressens le picotement de ses lèvres qui se posent sur mon nombril. Ensuite, j'entends seulement les draps bouger sur sa peau.
- Narcis…
J'avale difficilement. Depuis combien de temps ça m'est pas arrivé d'être excité juste après un orgasme ?
- Mh ? Quoi ? il demande, les yeux rivés sur son corps qu'il nettoie.
- Rien...
Ses yeux se relèvent sur mon visage et il me fait un sourire. Je réponds par ce que j'espère en être un aussi. Je me concentre pour pas bander encore.
- Et maintenant ? finit par me dire mon beau policier, après un autre baiser sur mon nombril.
- Main... maintenant… ?
Sa bouche remonte sur tout mon corps et il termine allongé entre mes jambes, me surplombant.
- Ouais. Maintenant. Tu vas dormir ?
- Mh, ouais, non je pense pas… je souffle.
- Mais il est tôt. Il faudrait que tu dormes.
Il claque un baiser sur ma joue.
- Il est bientôt cinq heures. Je me réveille dans une heure et demi de toute façon...
Il roule des yeux en me souriant, puis il se détache de moi pour se relever.
- Tu fais quoi ? Je demande d'un coup, soudain vide et angoissé.
- Je me rhabille. J'vais pas rester là à poil, il rigole en m'envoyant des yeux souriants, caleçon en main.
- Pourquoi ?
Je pince les lèvres. Narcis s'approche à nouveau, toujours nu.
- On sait jamais, si quelqu'un entre ou si il a besoin de moi, il murmure en enjambant mes cuisses avec sensualité. Ou bien si je te saute finalement dessus, il finit par susurrer, juste avant de prendre ma bouche.
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