Narcis Parker (49)
Jeudi 14 avril, 4h35.
Je caresse le ventre de mon Daniel. J'aime bien faire ça quand il dort. Il se réveille pas souvent, en plus. Surtout qu'hier soir, il était crevé. Il est tombé de fatigue entre mes bras à peine dix minutes après que je suis arrivé dans sa cellule.
Là, par contre, je sens qu'il est sur le point de se réveiller. Il gigote un peu sous mes doigts et soupire d'aise depuis deux minutes. J'hésite à continuer. Il devrait sûrement dormir. Je me dis que s'il est toujours endormi à trente, j'arrête. Alors je commence le décompte dans ma tête.
29, ses yeux papillonnent. Ça me fait sourire. Est-ce qu'il lit dans mes pensées ? J'embrasse sa nuque en ronronnant de plaisir.
- Coucou…
Il s'étire.
- Il est quelle heure..?
- Je sais pas. Tôt, je réponds en grignotant sa nuque.
Il remonte ses épaules en riant un peu.
- Mh, tu chatouilles...
Ça me fait rigoler aussi contre sa peau avant d'y claquer un baiser sonore.
- Bien dormi ? T'es debout depuis longtemps ?
- Je sais plus... je murmure avant de passer aux baisers sur son épaule nue.
- Mh... J'aime vraiment quand t'es encore là quand je me réveille...
Ça me fait chaud au cœur d'entendre ça. Je veux dire, je le savais plus ou moins - plutôt plus que moins. Mais ça fait du bien de l'entendre.
- Moi aussi. J'adore te cajoler.
Je joins les gestes à la parole en descendant ma bouche sur le haut de son dos, puis vers le centre, main toujours à l'emplacement de son nombril.
- Tu me chatouilles...
Il sourit, alors je continue d'embrasser sa peau mais avec plus d'insistance et d'appui, accompagné de sonorités de baisers exagérés et de petits coups de langue fugaces.
- Tu me tortures !
Il rit plus franchement en se retournant pour me regarder. Arrivé au niveau de son ventre, je l'embrasse une fois avant de me tortiller comme une anguille pour revenir en face de son visage, tout souriant.
- Même quand tu viens de te réveiller t'es beau Narcis. Moi qui pensais que c'était grâce à des crèmes…
- Coquin. T'insultes ma beauté !
Je le rapproche d'un coup sec depuis ma main sur ses reins.
- Je suis beau même dans les pires situations, je me vante, avant de lui chuchoter à l'oreille. Juste pour être sûr de te plaire à n'importe quel moment, même quand je m'y attends pas.
Puis j'embrasse sa tempe.
- Mh... Tu me plais toujours, même dans mes pires moments je me dis ce qu'il est beau Narcis…
Il sourit. Je ris, juste à portée de son oreille, avant de frotter mon nez à son cou et d'embrasser le haut de son sternum. Il passe sa main dans mes cheveux et attrape des mèches avec ses doigts. Il aime bien faire ça. J'aime bien qu'il fasse ça. Je vais baiser sa joue avant de reposer ma tête sur mon bras, plié à l'envers sur l'oreiller, puis je le regarde en souriant.
- Dis Narcis, tu fais quoi quand t'es chez toi ?
- En ce moment ? Je dors, je rigole. Sinon je sors, parfois. Ca dépend.
- Tu sors où ? Me tromper ?
J'acquiesce avec un grand sourire provocateur.
- Si tu fais ça, je te tue.
Il sourit en coin.
- Tu me tues plus si c'est un mec ou une fille ?
Ma main navigue jusqu'à caresser sa fesse.
- Je te tue de la même façon dans les deux cas. Fallait pas sortir avec un assassin…
Il sourit encore. J'ouvre grand la bouche, je mime le choc.
- La même façon ?
- Ouais. Je te torture avant.
Je reprends un air coquin et ma main masse doucement ma prise.
- Sexuellement ? Tu sais bien faire.
- Je ferai encore mieux. Mais non, je te torturerai atrocement pour que tu souffres plus que jamais. Alors chéri, tu me trompes quand tu sors, tu disais... ?
- Je te trompais. Je le ferai plus maintenant que je sais, je dis le plus innocemment du monde.
- Salaud, il grogne. C'est rétroactif tu sais.
- Arrête ça, je murmure en souriant grand contre sa bouche avant d'y placer un baiser léger.
Il se recule, je sens que c'est instinctif, et je sens aussi qu'il se sent coupable de ce réflexe. Il me fait un pauvre sourire. Je commente pas, je fais comme si c'était normal, que j'avais pas vu. Je remets ma tête sur mon coude.
- Je sors avec des collègues depuis un petit moment. Sinon je regarde des séries, je zappe, je glande. Je suis très productif.
- Tu sors avec qui comme collègues ?
- Tu connais pas. Je veux dire, c'est des anciens collègues de la police.
- Ah. D'accord.
- Sinon c'est Julien. Quand on est de nuit, surtout. Je me verrais pas trop sortir avec Martin.
Je fais semblant de frissonner. Lui a pas besoin d'imiter une expression de dégoût ; c'est naturel. Je lui souris ensuite et retire ma main qui était encore sur son corps. Il me regarde faire et ses yeux perdent un peu d'éclat.
- Tu vas faire quoi aujourd'hui à part dormir par exemple ?
- Je sais pas encore. Rien de prévu. Je vais peut-être demander à Maxime de sortir boire un verre... J'ai pas trop envie de m'ennuyer chez moi. Maxime, c'est un ancien collègue.
- T'as déjà... couché avec certains de tes collègues ?
Ma tête bouge de haut en bas, mes yeux fixés dans les siens. Il pince les lèvres.
- Et tu les vois encore ?
- Non. C'est arrivé qu'une fois, avec un de mes partenaires remplaçant.
- D'accord. Ok. Ça va alors.
- Enfin, pas une fois, mais une personne.
- Ouais. Mais tu le vois plus…
- Nan. Plus. Il est parti ensuite. Je veux dire, pas parce qu'on a couché ensemble ! je me marre.
Manquerait plus que ça.
- Ça l'aurait sûrement plutôt incité à rester…
Il laisse jouer des doigts sur mon torse.
- Tu m'étonnes.
Je souris encore de toutes mes dents.
- Tu vois plus personne alors, je veux dire, avec qui t'as fait des trucs…
- Tu dis tout le temps ça. Des trucs.
Je caresse son bras de haut en bas avec le bout de mes doigts.
- J'aime pas trop... définir…
- Pour moi ? Ou en général ?
- Non juste, je veux pas imaginer ce que tu fais avec les autres. Ce que t'as fait.
- Ce que je fais encore, je rigole en faisant une vague des sourcils. Non, je vois plus personne avec qui j'ai fait des trucs. Pas intentionnellement, en tout cas.
- D'accord. C'est con mais ça me rassure.
Je lui souris. J'aurais bien aimé l'embrasser.
- Bien sûr. C'est normal.
Il se rapproche de moi, son corps contre le mien.
- Personne vient me voir moi. Et je suis plutôt axé femmes. À part toi. Alors... Je risque pas d'être tenté ailleurs, il sourit aussi.
- Il y a bien cette nouvelle... Amélia.
Ma main retourne sur sa taille et je vais jouer avec sur ses reins.
- Une femme ? Je l'ai pas vue.
- Je crois qu'elle travaille le week-end. Je sais plus. Je l'ai croisée, l'autre jour. T'es axé femme comment ?
- Au point où j'en suis, femmes tout court, il rit.
- T'aurais aussi pu dire qu'au point où t'en étais, juste aucune femme.
Je grogne en montrant les dents, puis j'appuie à cet endroit sur ses reins pour le punir. Il gigote contre moi et éclate de rire.
- Ouais bien sûr. Aucune femme c'est clair, il hoche la tête.
- Saleté.
- Elle est sexy ? Je dis ça pour ma culture personnelle… il précise.
- Elle est blonde.
- Ça répond pas à ma question. Mais j'aime bien les blondes.
- Elle est grande. Elle a des gros seins.
- Mais elle est belle ou pas ?
- Pas mon genre. Mais ouais, ils doivent la trouver belle. Sexy sûrement.
- Pourquoi pas ton genre ?
- Elle m'a pas marqué.
- Mh. Je dirais tant mieux…
- Tu la verras peut-être au réfectoire ou quelque part comme ça. Tu me diras ton avis.
- Ouais. Ça t'inquiète pas ?
- De quoi ?
Ma main descend à sa cuisse.
- Qu'elle me plaise, que je la séduise...
Mon sourcil se lève dans la semi obscurité.
- Tu vas la séduire ?
Il hausse les épaules.
- Ça fait longtemps que j'ai pas séduit une femme... Je sais même pas si j'en serais capable.
- Tu veux essayer ?
- Je crois pas. J'y gagnerais rien. C'est juste... C'est difficile de pas voir une seule femme.
Mes sourcils se froncent. Comment ça c'est difficile de pas voir une seule femme ? Ca lui servirait à quoi, une femme ?
- Fais pas cette tête ! il rit. Tu comprendrais si t'étais à ma place. Les présences féminines ça apporte un autre truc.
Je hoche la tête. Mais je comprends pas vraiment. Il avait pas l'air de sauter sur l'occasion quand je lui ai parlé de Lucie.
- Narcis, je parle pas de sexe, il souffle.
- Je sais.
- Ouais. C'est juste, y a trop de testostérone ici.
Je hoche la tête. Ok. Il m'en a jamais parlé avant. C'est bizarre.
- Laisse tomber, il soupire. Je vois bien que tu comprends pas.
- Non pas vraiment, non. Tant pis.
Je hausse les épaules et papillonne des yeux.
- Tu veux qu'Amélia ou j'amène quelqu'un, jeudi ? je finis par dire ensuite.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Jeudi prochain, je serai là. Pendant mon congé.
Je fronce les sourcils, encore une fois.
- Oui, je sais. Pourquoi tu parles d'amener quelqu'un ?
- Ben, avec moi. Pour la visite. Je t'avais déjà dit que je pouvais essayer d'amener Lucie.
- Je pensais pas que tu voulais le faire jeudi ! Ouais, ouais ça me dit !
Je hoche la tête une fois puis je referme les yeux.
- Tu veux te rendormir ?
- Non.
- Tu me trouves moche ?
- Non.
- Alors pourquoi tu fermes les yeux ?
Je rouvre mes paupières.
- Je sais pas. J'avais juste envie de fermer les yeux.
- Oh. Mais tu me vois plus si tu fermes les yeux.
Ma lèvre se retrousse.
- Bravo, Sherlock.
- Tu veux plus me voir, mh ?
Il me donne un petit coup à l'épaule.
- Exactement.
J'étire mon dos et mon bras en l'air, puis je le repose sur sa taille.
- Tu peux partir travailler si t'as pas envie de me voir…
Il sourit en coin. Je lâche un "ok" et fais mine de commencer à me lever avec fainéantise.
- Eh ! Non ! Reste !
Il tire mon bras et j'en profite pour m'affaler sur lui. Je l'enveloppe autant que je peux, ma jambe passée par dessus les siennes le retient prisonnier.
- J'aime quand tu m'entoures comme ça, j'me sens protégé… il ronronne.
- Cool…
Je me redresse légèrement pour atterrir totalement au dessus de lui, jambes de chaque côté de son corps et tête sur son torse que j'embrasse avant de m'y coucher.
- Moi aussi j'aime.
- J'ai... Tu sais j'ai hâte de refaire l'amour avec toi. D'en être de nouveau capable.
- Je sais. Moi j'ai hâte aussi. Avec toi. Juste, le faire avec toi. Le sexe en tant que tel me manque pas. Juste, avec toi... je finis dans un murmure en caressant son bras, les yeux en direction du mur de l'autre côté de la pièce.
- Moi aussi… il murmure.
- Mais ça prend du temps. T'en es pas capable, t'es pas prêt à faire... tous ces trucs.
- Ouais. J'y suis pas prêt. Je le serai plus tard.
Je soupire.
- Je suis désolé…
- C'pas toi. C'est les évènements, c'est, ça m'énerve. J'aimerais que tout aille plus vite. Qu'on soit capables de s'embrasser à nouveau, se taquiner ou parler et, ça commence à me manquer, les bisous et ton air adorable quand j'arrivais, que t'étais assis par terre ou que tu m'offrais un dessin…
Je soupire encore sans discontinuer de caresser son bras.
- Ça me manque. C'est vraiment une situation de merde.
- Je suis désolé… il répète encore en se mordant la lèvre. Je vais essayer de remédier à ça, je te promets...
Je tourne le visage vers lui et prends le sien entre mes paumes.
- Je sais que c'est pas de ta faute. Je suis en colère contre les faits, le passé, c'est tout. Toi je t'aime super fort, je lui souris.
- D'accord. Je le laisserai plus faire tu sais.
Ma main part caresser sa joue, mon menton est posé sur son torse pour le regarder en face.
- Je croyais que tu disais que ça allait être pire ?
- Je peux plus te trahir comme ça. Tant pis si c'est pire.
- Non, non pas tant pis si c'est pire. C'est déjà largement assez.
- Mais s'il refait ça je pourrai plus jamais être comme avant...
Ma main s'arrête.
- Mais s'il refait ça en pire...
Il se tait. Il a l'air de réfléchir, tiraillé. Il hoche ensuite la tête.
- J'essaierai de trouver des moyens d'être... moins impliqué alors. Pour que ça ait pas... d'incidence...
Je penche la tête.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- J'irai voir le psy. J'essaierai de trouver des façons d'être moins touché par ce qu'il me fait.
Ça me fait sourire. Le thème est pas vraiment joyeux, mais ce pas en avant me fait sourire.
- C'est vrai ? Je pense que c'est une bonne idée. Pas pour moi, je veux dire. Pour toi. Être moins touché. Je me doute que ça va être difficile, peut-être pas vraiment possible, mais ça te fera sûrement du bien. Non ? Je serai là pour l'empêcher, de toute façon. Peut-être pas la semaine prochaine ou celle-ci, mais celles d'après je serai là.
- Ouais. La semaine d'après… il souffle.
Ça me fait me mordiller la lèvre. Je peux pas vraiment faire autrement.
- Tu voudrais que j'essaye de demander à travailler la semaine qui arrive ? Je peux essayer si tu veux. L'après-midi, ca doit être mieux.
- Non, non ça changera rien, y aura toujours un moment.. Où tu seras pas là…
- Mais tu préfèrerais que je sois là la semaine qui arrive ? Je peux essayer !
- Mais et Lucie ?
Mes sourcils se froncent.
- Tu préfères la voir cette semaine ?
- Je sais pas. Je préfère te voir toi...
Je l'observe un moment.
- Si, si t'arrives... Je suis pas prêt à me faire violer cette semaine… il souffle.
Je pince les lèvres et hoche la tête. Il se redresse et tend les lèvres. Du coup je me lève aussi pour être assis sur son bassin - je me sens tout rouge - et je pose les mains sur son torse, yeux fermés, bouche en avant. Il s'avance et je sens ses lèvres qui se posent sur les miennes doucement.
Je peux pas m'empêcher de sourire et ça rend le mouvement difficile. Il laisse sa tête retomber sur l'oreiller ensuite. Je fronce les sourcils, lèvres encore en avant, puis j'ouvre un oeil, puis deux. C'était quoi ça ? Un minuscule bisou. J'en veux un plus gros !
Il a toujours les yeux fermés. J'attends. Ses mains se lèvent et il attrape ma nuque. Mon sourire revient, aussi grand que possible. Il m'attire à lui jusqu'à ce qu'on s'embrasse encore et mes lèvres bougent aussitôt sur les siennes. Il lâche un soupir qui se transforme en gémissement alors que ses doigts continuent à caresser ma nuque. Les miens sont gentiment posés sur le matelas pour rien brusquer.
Sa main descend sur mon dos pour le caresser, ça faisait longtemps. Je le creuse par habitude, tout sourire alors que je maltraite sa lèvre des miennes. Je le sens sourire, je sais qu'il est à l'aise. Alors je soupire contre lui, de joie, de bonheur et d'amour. Ma main va se poser sur sa joue quand je tiraille sa lèvre avant d'y passer un coup de langue. Je sens un mouvement de surprise, et il se laisse de nouveau aller contre moi. Alors je recommence, et il gémit encore. Ses ongles se plantent dans ma nuque.
Je souris et m'éloigne de quelques millimètres, sans ouvrir les yeux.
- Ça va ? me demande Dan.
- Bien sûr que ça va. Ça va, toi ?
J'attrape encore sa lèvre rapidement pour la suçoter, puis je le relâche pour attendre sa réponse.
- Ou-oui, il souffle, les joues rouges.
Mes yeux se rouvrent pour se fixer dans les siens, je mordille ma lèvre en repensant au baiser, en voyant son air.
- C'est, très intense… il murmure.
- Ouais ?
Je me redresse en montrant toutes mes dents tant je souris.
- Ouais…
Il sourit timidement.
- J'ai l'impression que tout... Est comme une première fois…
- Vrai ? Tout ? Je dois faire attention alors. Je veux dire, encore plus que d'habitude. Je veux des belles premières fois pour toi.
Je gigote et vais embrasser sa joue avant de me redresser encore. Il rougit encore.
- Mais c'est bien. Ça rend tout plus précieux...
J'acquiesce avec enthousiasme. Il caresse ma joue.
- T'es tout doux, il rit.
- Je t'ai dit que je m'étais rasé ! En bas aussi, d'ailleurs. Si tu te demandais.
- Pour moi ?
- Non pour Maxime ce soir, je roule des yeux. Pour moi et pour toi.
- J'espère que Maxime est vieux et moche.
Je secoue la tête. C'est tout le contraire. Il est juste à peine plus vieux que moi, et il est sacrément beau. Il pince les lèvres.
- Je voudrais sortir aussi. Et lui montrer à qui tu appartiens.
- Ouais ? À qui, au fait ?
Il grogne et m'embrasse encore. Je m'en défais en riant, je pianote de mes doigts sur son torse.
- À qui j'appartiens, alors ? Tu m'as pas répondu…
- Tu devrais même pas poser la question, il siffle. À moi et personne d'autre.
Il me fait rire avec ce regard.
- J'ai l'impression d'être un petit chien.
- Mon petit chien.
Je me penche à nouveau sur lui, tout proche de ses lèvres.
- Ok. Si tu veux. Maître.
- Arrête, dis pas ça ! il rit, les yeux agrandis. Dans ta bouche ça sonne tellement cochon !
- Je suis cochon, je susurre contre lui en ondulant très légèrement, les yeux dans les siens. Maître.
- Quand on fera l'amour tu rediras ça, il répond avec un air coquin.
Je frappe doucement son buste en me relevant sur son bassin.
- T'as un complexe de supériorité au lit ? Je devrais crainte d'être attaché ou de porter un costume de soubrette bientôt ? je me moque.
- Ouais. Peut-être bien…
Il se redresse aussi, appuyé sur ses mains. Mon sourcil se hausse. Je me souviens de lui me parlant crument, une fois. Il était même question de mon petit cul demandeur.
- Quoi ?
Il me renvoie la même expression.
- Peut-être bien ? je répète. Ce serait possible ? T'aimerais ça ?
- Ça te choque que j'aime le contrôle ? J'ai jamais eu de contrôle sur ma vie... Je parie que ça s'expliquerait en psychanalyse.
Je balaye l'idée de ma main. J'ai pas envie de parler de Freud maintenant.
- T'aimes le contrôle ?
Il hausse les épaules.
- Parfois.
Ça me fait bizarre. Ma bouche s'ouvre et mes épaules s'affaissent.
- C'est quoi pour toi, le contrôle ?
- Je suis pas un de ces... Un type qui aime fouetter et faire mal, et tu vois. Je m'amuse pas à jouer aux dominants / dominés, enfin je l'ai déjà fait mais je fais pas partie de ces gens... qui ont besoin de ça pour s'épanouir sexuellement. Juste, j'aime bien, des fois, diriger les choses.
Mes sourcils se froncent un peu plus. Je le vois absolument pas faire ça à une femme.
- Tu diriges pas, là ? Ce serait quoi diriger, entre nous ?
- Je sais pas, je l'ai jamais fait avec un homme. Mais je vois bien que c'est pas du tout ton truc. Alors on va juste arrêter d'en parler. Je suis pas en manque quand je le fais pas.
- Non, non. Ça peut être drôle ! Enfin, excitant ! Enfin, bien. Mais ce serait quoi, si tu le faisais ? Et pourquoi ce serait pas mon truc ?
- Je sais pas, t'es déjà un type... viril. Qui aime faire ce qu'il veut. Enfin tu vois, t'es pas vraiment du genre à aimer te soumettre… il rit un peu.
- Ce serait quoi, si tu le faisais ? je dis encore en lui souriant cette fois.
L'idée fait son chemin dans ma tête.
- Je sais pas... J'anticipe pas. Ce serait juste... Te demander de me faire confiance. Me laisser faire ce que je veux. M'obéir…
- Je fais déjà tout ça.
- Ce serait différent.
- On peut essayer. Je suis ouvert aux nouveautés. Si ça te plaît de le faire.
- Ça me plairait seulement si ça te faisait de l'effet. Je voudrais pas que tu le fasses juste parce que tu sais que j'aime bien le faire.
- Peut-être que j'aimerai quand tu le feras. J'ai jamais fait ça à ce point, poussé comme ça. Que ce soit d'un côté, ou de l'autre, ou encore de l'autre. Ou de l'autre. Jamais, quoi.
- Ouais ? Ça m'étonne, je t'aurais bien vu prendre le contrôle, il rit. C'est pas poussé non plus.. Enfin je crois pas...
Je lui fais un immense sourire.
- Je saurai bientôt.
- Oui. Enfin quand, quand on aura repris...
Je hoche vivement la tête, main en salut militaire, regard lointain et dos droit.
- Bien, Maître. À vos ordres.
- Idiot !
Il rit encore en me poussant. J'éclate de rire aussi en m'écartant pour me recoucher plus loin.
- Je me sens un peu mieux tu sais, il dit d'un coup.
- C'est vrai ? C'est super ! Je t'appellerai Maître plus souvent. C'est noté.
Je souris en me recouchant au dessus de lui. J'ai l'impression de plus tenir en place. J'embrasse rapidement sa joue.
- Plus sérieusement, j'en suis vraiment heureux.
- C'est certain, c'est parce que tu m'appelles Maître, il ricane.
- Ok, Maître. Tu as besoin de quelque chose de particulier, Maître ? Je suis à tes ordres, Maître.
- Ok, j'ai fait une overdose.
Mes lèvres reprennent leur sourire, puis sa bouche, passionnément et avec toute la bonne humeur que j'ai là, tout de suite. Il tressaille et répond pas d'abord, et il se laisse aller ensuite. Je pense qu'il fera ça encore un moment.
C'est pas grave. J'ai des ressources, du temps et de la persévérance. Et ma langue qui lèche sa bouche, là maintenant. Il l'entrouvre et je m'y glisse avec coquinerie.
Il a l'air d'hésiter, je trouve pas sa langue tout de suite, et puis elle se fait timide à caresser la mienne. J'y vais lentement. J'attends qu'il se décide. Et il le fait petit à petit, enroulant sa langue autour de la mienne comme à son habitude. Je sens aussitôt son corps qui se détend ; il profite vraiment.
Alors moi je me délecte de la caresse sensuelle, mon dos se courbe pour avoir le visage au dessus du sien et profiter de sa bouche. Il gémit encore, comme avant et plus encore, comme s'il en réclamait davantage.
Je suis un homme faible, alors je cède. Ma langue se fait plus aventureuse, mes mains aussi. Les siennes s'enroulent autour de moi comme pour être sûres que je me défile pas. Mais je le ferai pas. Ça j'en suis sûr. Ça me fait un peu sourire, son mouvement. J'ai pas envie d'arrêter les baisers moi. Mes doigts se faufilent dans ses cheveux et jouent avec pendant que je lui laisse le contrôle de ma bouche.
Alors il se fait plus exigeant, intensifiant nos baisers, s'engouffrant entre mes lèvres. Ses mains tirent un peu sur ma nuque comme pour la masser. Je crois que c'est pas la première fois qu'il fait ça.
En tout cas, tout lui est offert, ma nuque, mes lèvres, mon corps.
Il finit par me pousser de côté pour grimper sur moi. Il attrape mes mains et les entrelace aux siennes, prenant appui sur elles. Je le regarde faire en souriant, il a lâché mon visage dans l'opération.
Il me donne des myriades de baisers entre tendres et sauvages, et il finit par s'arrêter petit à petit sans plus bouger contre ma bouche. Mes yeux fermés se rouvrent pour savoir ce qu'il fait tandis que mes doigts pianotent par moment sur les siens.
Il a les yeux ouverts aussi. Il m'observe. Mon sourcil se hausse ; je peux faire que ça, il me maintient trop. Il éloigne son visage lentement. Il me regarde de haut en bas. Mon front plissé, mes sourcils haussés, mon nez droit, mes lèvres rouges. Il a l'air fasciné.
Ça me fait rougir, ma bouche pincée. Il me détaille sans gêne, j'ai l'impression que quelque chose d'important a changé ce matin. Il embrasse mes joues, il a d'abord une expression résignée puis plus douce. J'ai l'impression à la fois de lire tout ce qu'il ressent sur son visage et à la fois de pas pouvoir l'interpréter.
- Qu'est-ce que tu as ? je murmure, vraiment bas.
- Rien. Je comprends toujours pas pourquoi t'es avec moi mais j'en suis vraiment reconnaissant.
Je roule des yeux.
- Parce que je t'aime toi. Embrasse-moi encore.
- Oui Maître.
Il sourit en coin en reprenant mes lèvres, mais je lui fais signe de s'éloigner en mordant dans la sienne.
- Tu dois trouver un autre surnom. Celui-ci est déjà pris.
- Oh, pardon. Comment tu veux que je t'appelle ? Dieu ? il ricane.
- Dieu, Étalon, Maître tout puissant, Mon Roi, Ma majesté, t'as l'embarras du choix.
- Oh, pardon. À ce rythme, mon Roi semble effectivement convenant. Tu veux une courbette aussi ?
Mon regard devient plus lubrique, je le sens.
- Ouais. Et pas que ça.
- Quoi d'autre ?
- Je crois me rappeler...
Je dégage ma main de la sienne alors qu'il me lance un regard interrogateur. Mon index vient retracer sa mâchoire.
- Je crois me rappeler qu'un Roi a un harem, non ? Un harem, des favoris... Il doit en profiter. En plus de voir tous ses désirs satisfaits.
- Ah oui ? il fait mine de réfléchir. Non, non ça me dit rien. Désolé.
Ma main retombe là où il la tenait.
- Ah ? Je me suis p't'être trompé. J'en parlerai à Maxime ce soir, histoire d'être sûr.
- Non ! Non, en fait tu vois, je suis sûr d'avoir entendu que les Rois doivent montrer l'exemple et être fidèles. Ouep. Aucun doute.
- Mais fidèles à qui ? Si j'ai pas de favoris ou quoi que ce soit... J'en chercherai peut-être un ce soir. Un mignon. Qui correspond bien avec mon statut. Un tout gentil, qui fait pas de vague. Sans contrôle. Docile. Il sera parfait. Non ? Tu crois que Max' est comme ça ? Peut-être…
- Arrête !
Il m'embrasse rapidement. Cette technique marchera toujours.
- C'est, je peux, s'il te plaît… il souffle en passant sur mon cou. J'aime pas quand tu dis ça parce que tu seras jamais vraiment à moi…
Il reste contre moi. J'attends un peu, je profite de son affection en espérant qu'il va continuer. Puis mes mains se posent sur sa taille pour essayer de le faire relever les yeux.
- Je suis totalement, inconditionnellement, vraiment à toi.
- Quand je sortirai je veux vivre avec toi tous les jours.
- Ok.
Je repose mes mains sur le matelas pour qu'il les reprenne.
- S'il me plaît et tu peux quoi, au fait ? je demande en reprenant mon air royal.
- S'il te plait, appartiens-moi complètement, il murmure. Sois à moi, sois tellement à moi que t'auras plus envie de voir ailleurs…
- Je le suis déjà. Pourquoi tu dis que je le suis pas ? T'as envie de voir ailleurs, toi ?
- Non mais je sais comment t'es. Je sais que tu es un dragueur, que tu aimes plaire...
Je penche la tête de côté.
- Vrai.
- C'est un peu angoissant pour moi. T'as du charme, tout le monde t'adore... Je rêverais... Pas de t'interdire de plaire mais... Je rêverais de tellement te satisfaire un jour que t'en ressentirais plus le besoin. Ouais.
- Je crois pas que les deux soient liés... tu me satisfais déjà tant, je vois pas ce que tu pourrais faire de plus.
- Ouais. D'accord.
Je sens ses cils dans mon cou.
- C'est pas facile. De pas être jaloux.
- Ça te fait du mal, d'être jaloux ?
- Ça m'énerve. Et ça me fait peur.
- Même si je drague, que je parle à des gens ce soir ou, ou quoi que ce soit comme ça... J'ai jamais trompé personne Daniel. Ca commencera pas par toi que j'aime tant.
- Je sais. Ma raison le sait. Pas le reste. Je me dis, je me dis juste, je suis le pire mec pour toi Narcis, tu prends n'importe qui dans la rue, il vaudra mille fois mieux que moi... Et j'ai peur du jour où tu t'en rendras compte, de la fois où ça crochera bien avec quelqu'un que tu dragueras…
- Je cherche pas à draguer pour rentrer avec. Ça va absolument pas jusque là. Mes sentiments, t'as déjà mon coeur. Tu comprends ? Je trouverai personne mieux que toi tant que je serai amoureux.
- Mais si tu tombes amoureux de quelqu'un d'autre...
Je secoue la tête.
- Comment tu peux savoir…
- Je le sais, c'est tout.
- Tu viens de dire tant que je serai amoureux.
- Et alors ? Pas de raison que je sois plus amoureux demain. Arrête de t'en faire, Danny. Je t'aime fort, ok ? Je te raconterai toute ma soirée si tu veux.
- D'accord. Oui. Je suis jaloux aussi que les autres puissent te voir quand ils veulent.
- Un Roi est quelqu'un de très occupé. J'accorde la majorité de mon temps à mon favori, il minaude en redescendant ma main sur ses fesses, d'abord une puis la deuxième.
- Et je suis ton favori... Je suis le seul d'ailleurs, mh.
- Ouais ? Je sais plus. Trou de mémoire.
Je comprime ma prise en posant un baiser sur son front comme je peux. Il donne un coup de fesses contre mes mains.
- Tu verras quand je te le rappellerai. Tu mériteras bien une ou deux fessées tout compte fait.
- J'aurai mal aux fesses ? Je sens que j'aurai mal.
Je me marre en rapprochant son bassin.
- Ouais, t'auras mal aux fesses, il sourit.
- Ok. Ça marche. Coquin Maître.
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