Jordan Twist (53)
Samedi 23 avril, 21h15.
- Parfois j'ai envie de toi comme tu as envie de moi. Est-ce que tu y as repensé, depuis ?
Je pince les lèvres et me tais un moment le temps de réfléchir à mes mots.
- J'y ai repensé. C'est, je suis pas sûr d'être vraiment prêt... Je sais pas.
Narcis hoche la tête contre ma poitrine sur laquelle il est allongé.
- Ok...
Il a l'air de réfléchir.
- Ok.
- Je, je peux, mais on essaiera. Ouais, je hoche la tête plusieurs fois. On le fera.
- C'est comme tu veux.
- Ouais. Ouais on le fera. On aura qu'à essayer demain, ou après-demain.
- Je suis pas là de la semaine, tu le sais Dan…
- T'es encore là demain…
- Tu viens de me dire que t'étais pas prêt.
- J'ai quelques heures pour l'être. C'est le meilleur moment. Ça fait longtemps qu'on m'a pas touché, j'ai pas de blessure, ça va. La semaine prochaine je pourrai sûrement pas en dire autant.
Il secoue la tête.
- Je ferai pas ça demain.
- Pourquoi ? Demain c'est très bien. On le fait demain. Si ça va pas je te le dirai.
- Je veux pas le faire demain. Je demandais pas une date, je demandais si t'y avais pensé.
- J'y pense maintenant et je te dis que demain ça ira très bien. Si on avait eu le temps je t'aurais dit aujourd'hui mais c'est trop tard.
Il se redresse d'un coup.
- Tu viens de me dire que t'étais pas sûr d'être vraiment prêt ! Dan, ressaisis toi putain ! T'es pas prêt, t'es pas prêt, point. Aucun souci, mais me fais pas croire que tu l'es, et convaincs-t'en pas toi-même, tu as dit que tu l'étais pas !
- Mais je sais pas si je le serai un jour ! je m'assois aussi. Narcis, on vient me baiser de force toutes les semaines, même si j'étais miraculeusement prêt je serais pas sûr de l'être physiquement ! Je dois essayer ! Avant que ça recommence...
Il soupire et secoue la tête en descendant de mes cuisses.
- J'aurais pas dû te demander ça. Je m'en fous de te faire l'amour, j'aurais pas dû demander. C'était juste une question. J'ai pas envie maintenant, de toute façon.
Il grogne en se levant pour aller s'essuyer le ventre en direction du point d'eau.
- Pourquoi t'as pas envie ? Narcis ! je me lève aussi. Attends ! Je peux te donner envie !
Il m'envoie un regard d'une seconde avant de retourner la tête vers son ventre qu'il essuie en secouant la tête.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Je me forcerais pas, tu sais que j'en serais incapable à cause de tout ce qui m'arrive !
Il me fait un faible sourire cette fois.
- C'est gentil Dan, mais ça ira.
- Je fais pas ça pour être gentil, je soupire en attrapant un gant de toilette et retournant côté chambre.
J'entends qu'il me suit.
- Tu fais pas ça non plus parce que t'en as envie. Sinon tu me l'aurais proposé, il dit derrière moi.
- J'osais pas te le proposer parce que j'ai peur de te décevoir si d'un coup j'y arrive pas.
J'ai l'impression de sentir son hésitation, d'un coup.
- C'est vrai... ?
- Oui, c'est vrai, je soupire. Je voulais pas te donner de faux espoirs sans être sûr que j'irais jusqu'au bout. Mais c'est stupide parce que je serai jamais sûr tant que j'essaierai pas.
Ses pas reprennent et finalement il va s'asseoir en tailleurs sur mon lit. Il me regarde d'en bas.
- Alors tu veux essayer demain ?
- Ouais.
Je m'assois par terre en face de lui. Il me tend ses mains et entrelace nos doigts quand je fais de même.
- Alors t’as jamais rien essayé seul ? Ce serait peut-être mieux. Je sais pas. Je voulais te dire, je sais comment on fait, tu vois ? Mais pas comment on fait avec toi. Peut-être que je suis censé savoir, comme on est ensemble... Mais je sais pas. Alors, peut-être qu'on y arrivera pas tous les deux. C'est pour ça qu'il faut qu'on se parle, tu sais…
- On parle. C'est bien, je souris un peu. J'ose pas trop toucher là seul. C'est bien si tu le fais toi. Ce sera mieux.
- Tu crois ? On fera comme tu veux de toute façon. Tu peux me dire ce que tu veux.
Il serre mes doigts.
- Y aller lentement. Beaucoup de préparation.
- Ouais. Bien sûr. Je sais même pas si, si on ira jusque là, tu vois, il rosit légèrement.
- Je sais pas non plus… je souffle en posant ma tête sur ses genoux. Mais on essaiera d'aller le plus loin possible.
- D'accord. Si tu veux. Tu vas pas trop y penser cette nuit ?
- Ça ira. J'aurai trop hâte de te voir de toute façon.
- Tu me dis si... Tu changes d'avis.
- Bien sûr. T'inquiète. C'est moi qui devrais te dire de pas trop y penser cette nuit, je souris en coin.
- C'est pas... Ouais. D'accord. J'aurai un cadeau pour toi demain.
- Un cadeau ? Ouais ?
Je souris en levant les yeux sur lui.
- Quel genre ?
- Du genre qui te fera beaucoup plaisir.
- Je veux savoir !
- Demain. Sois pas si impatient, il rigole.
- Maintenant je vais pas dormir...
Il rapproche son visage de moi avec un air coquin, puis sa bouche frôle mon oreille lorsqu'il parle.
- Du genre illégal, aussi, il murmure. Tu le veux quand ? Avant ou après ?
- Après. Je veux garder la surprise.
Je l'embrasse fort. Il sourit dans mon baiser, il a l'air content à nouveau. Je migre vers sa joue et y pose de petits baisers. Narcis est totalement plié pour que je puisse l'atteindre.
- Il va falloir que je te laisse maintenant, chéri. Maintenant que mon petit cul est rassasié, je dois y aller, il murmure contre mes lèvres en les embrassant une dernière fois, puis il redresse son dos.
- Je sens que ça va me suivre longtemps, je ricane en me relevant.
Il me fait un sourire immense et fier en se rhabillant. Je le regarde faire. Je le trouve toujours aussi beau.
- Oublie pas ta ceinture… je m'amuse en lui rendant ce que j'ai utilisé pour l'attacher.
- Mets-la moi, il répond en me tournant le dos alors qu'il glisse les pans de sa chemise dans son pantalon d'uniforme.
- Les prisonniers sont si maltraités… je soupire dramatiquement en attrapant ses hanches pour passer la ceinture dans le vêtement.
- Tu m'as serré fort ici, non ? il remarque. Ça me fait un truc quand t'appuies. Et si tu trouves que les prisonniers sont maltraités, t'auras peut-être pas ton cadeau demain, pour te montrer ce que c'est.
- Nan nan. Bien traités, t'as mal entendu, j'embrasse sa fesse. J'ai peut-être serré un peu. Tu pourrais avoir des marques.
- Brutasse.
- Je suis sûr que t'aimes bien.
- Où est mon téléphone ?
- Ah, oui, je fouille dans mon lit et le trouve. T'as reçu un message.
- Qu'est-ce que t'avais répondu, toi ?
- Je lui ai dit que t'étais désolé mais que t'étais actuellement très occupé. Que du coup tu serais pas là avant tard ce soir... Que si elle avait ailleurs où aller c'était ptet mieux pour elle. Et elle vient de te répondre...
Je regarde son SMS et lève les yeux au ciel.
- ... Qu'elle attendrait devant ta porte, je grogne.
Lui il se met à rire.
- Ok. Bien. Dis lui que je prends la voiture à vingt-deux heures quinze et qu'on sortira en arrivant.
Il repart dans la salle d'eau pour enlever une tâche à sa chemise.
- Vous sortirez ? Pourquoi ?
Quand je sens que mon ton est inapproprié je me rattrape un peu.
- Je veux dire, tu seras pas trop crevé demain..?
- On dormira avant quatre heures, t'inquiète ! il lance depuis l'autre petite pièce.
- Ouais… je soupire en me rasseyant.
- Je serai en pleine forme pour toi ! il rajoute.
- Oui. J'en doute pas.
Je m'allonge dans mon lit après m'être débarrassé de mon haut sale. Sa tête passe dans l'encadrement de l'ouverture.
- T'en doutes pas ?
- Je sais que tu seras en forme. Je suis rassuré, je souffle en remontant la couverture sur moi.
Il sourit, retourne là-bas puis approche à nouveau.
- Tu dors déjà ?
- Bientôt. J'ai pas grand chose d'autre à faire quand tu pars...
Il me fait un sourire compatissant puis embrasse mon front.
- Bonne nuit alors.
- Bonne nuit, je souffle.
Narcis me regarde un moment, puis il s'assoit sur mon lit avec moi, main sur ma hanche du côté du mur.
- Ça va pas ?
- C'est difficile.
- Mais je serai là demain. Pense à ton cadeau. Je suis sûr que tu vas aimer, il me sourit. Mais il faut que tu me promettes d'être discret. Tu, tu verras, je pense que tu respecteras les règles mais... tu sais. J'ai pas le droit normalement.
- Je sais. Merci Narcis. Merci vraiment. De prendre soin de moi, je dis les yeux mi-clos.
Sa voix me berce. Je vois juste son sourire qui éclaire encore un peu plus la pièce, puis ses lèvres douces se posent sur les miennes et c'est la dernière chose dont je me souviens de la journée.
Quand je me réveille le lendemain, je sais que ça va être long aujourd'hui. Je veux qu'il soit quatorze heures. Je rechigne pas devant ma douche, ni le petit-dej, ni le travail. Je passe voir Dragibus et Betty et je m'occupe de Pink le porc. Wilson a l'air de bonne humeur, ça fait du bien. Il me surprend même ; en général il laisse peu paraître ses émotions. Pourtant là il sifflote en ramassant sa paille sale, comme si il était joyeux. Il a même l'air de se dandiner avec sa fourche.
- Tu vois la vie en rose ? je me marre.
- Tais-toi rabat joie, il me lance avant de partir pour l'autre côté de la grange, là où je peux plus le voir.
Il me fait marrer, il assume pas encore. Pourtant il change, notre tueur à gage.
Bientôt c'est l'heure d'aller manger ; je retrouve Casta qui sort enfin de sa tanière. J'ai envie de le prendre dans mes bras tellement je suis content mais j'évite ; pas devant les autres. Il va s'asseoir lentement jusqu'à la table où je suis assis avec Duncan, et il lui lance un petit regard doublé d'un léger sourire.
Quand je tourne la tête vers le concerné, je vois qu'il a la même expression en hochant la tête. Je vais harceler mon petit blond pour savoir ce qui se passe entre ces deux là…
Aujourd'hui, c'est polenta et colin. Je vois direct que le brun à ma gauche fait une grimace devant son assiette et le tas rectangulaire de pâte jaune.
- Tu veux mon poisson, je te prends le maïs ? je propose à voix basse.
- Moi j'en veux bien ! intervient Nicolas qui a suivi l'échange.
- Toi tu peux tout manger, je grogne pour Casta.
Le petit me fait une moue interrogative pendant que Duncan attrape la polenta du bout de la fourchette.
- Faut que tu grandisses, je lui murmure avec un sourire taquin.
À mes côtés ça fait marrer Duncan. Je vois Nicolas qui me fusille du regard et commence à bouder. Mais je sais qu'il fait semblant. La polenta fait un ploc quand elle atterrit dans mon assiette et alors le petit se renfrogne un peu plus en la fixant.
- Allez, mange. C'est bon pour ta santé, je commence en attrapant le truc gélatineux - j'avoue qu'il y a meilleur qu'en taule.
En attendant Duncan coupe mon poisson en deux et le mange distraitement.
- Allez, mange, il répète pour Nicolas quand il voit que le petit a pas bougé.
Celui-ci grogne et commence son plat avec une grimace. J'ai l'impression qu’il y a pas beaucoup de monde aujourd'hui à table ; et Duncan me le confirme quand il me dit que les mecs de l'atelier méca sont partis en sortie de la journée et qu'ils mangent un pic-nique là-bas. Après le repas on va les trois dans ma cellule. Je me couche sur mon lit et le petit se couche à côté de moi. Duncan lui reste debout à nous regarder, comme s'il savait pas quoi faire.
- Casta m'a dit que t'avais fait un dessin du dessin. Tu me montres ?
- Nico, corrige le petit pour me réprimander alors qu'il se blottit contre mon torse.
- Non. Fais-en un nouveau. J'en veux un aussi.
- Mais t'en as déjà un Wilson. Tu l'as même fait toi-même. Trop mignon, je ricane.
Lui il me fusille du regard et ses poings se serrent.
- Ok, ok. Tu veux un nouveau dessin. Je vais le faire maintenant.
Il hoche la tête. Je me relève et Nicolas ronchonne quand il est repoussé.
- Va sur le lit. Enlevez les tee-shirt.
- Je veux pas le même que le premier ! proteste Duncan en avançant vers le matelas.
- Ça sera pas le même, vous aurez une position plus sensuelle.
Je souris en coin. Le grand brun s'assoit en ouvrant de grands yeux.
- Quoi ? Tu veux un dessin, moi je veux m'éclater en dessinant. Nicolas, enlève le haut et reste couché sur le dos.
Duncan hausse les épaules et me regarde m'activer. J'attrape une feuille, un crayon, un sous-main et m'assois par terre en face du lit.
- Wilson tu t'allonges sur lui.
- Comment ?
- Face à face. Je vais dessiner vos visages, proches l'un de l'autre, comme juste avant une bonne baise, je ris. Tes mains à plat autour de son visage.
- Pourquoi faut être torse nu alors ? demande le plus vieux de nous trois en enlevant son tee-shirt.
- Laisse-moi faire mon job, je grogne. Fais ce que je te dis sinon je vous dessine pas.
Alors le brun jette un coup d'oeil au petit à sa gauche qui a pas bougé de tout notre échange. Il le regarde sans rien dire, il a l'air plutôt inexpressif à part ses yeux qui papillonnent parfois de Duncan à moi. On dirait vraiment une petite chose. Alors l'autre hésite.
- C'est ok ?
- On va pas baiser non plus… souffle Nico. C'est ok.
Quand il entend ça, Duncan se renfrogne à son tour. Son expression est plus tant joyeuse ou interrogative, juste neutre. Même sa mâchoire est serrée quand il grimpe par dessus notre petit blond.
- Je mets mes mains où moi ? demande Nicolas.
Je suis sur le point de répondre le long du corps mais je remarque la froideur qui s'est installée entre eux. Le toucher leur fera du bien et évitera d'augmenter encore cette impression que Casta en a rien à foutre. Faut vraiment que je lui donne un cours.
- Autour de son cou.
Duncan a l'air de le défier du regard avant de tourner le visage vers moi.
- Où, moi ? Sur le matelas ou sur ses joues ?
- Sur le matelas.
Il s'exécute. Je vois Casta qui a le même regard et j'aime bien cette expression sur eux. Il lève les mains et les enroule derrière sa nuque jusqu'à le rapprocher encore un peu. À partir de là, Duncan bouge plus que pour me demander si ça va comme ça. Casta a les yeux fixés dans les siens et je me demande comment le grand brun fait pour pas se rendre compte qu'il craque complètement sur lui.
- Bougez plus, je souffle en traçant mon esquisse.
- Ça va durer longtemps ? Parce que je suis pas tranquillement couché sur le lit moi, ricane mon modèle.
- Tu peux t'appuyer sur le petit au lieu de tout faire pour pas le toucher, je susurre. Y en a pour vingt bonnes minutes.
Lentement, le bassin de Duncan descend sur celui de Nicolas, les yeux dans les siens. Je suis moi-même électrisé par tout ce que je lis dans leurs regards. Bon sang. Je me dépêche de dessiner, d'essayer de reproduire ces étincelles Après quelques petites minutes, je vois un sourire s'afficher sur les lèvres du brun. Je savais bien que ça viendrait à force de les laisser dans cette position. Je suis satisfait. Je continue de dessiner, essayant de tout capter. Parfois j'efface quand ils ont une meilleure expression. Le sourire de Duncan est contagieux ; le blond rougit et sourit aussi.
Quand les bras de Duncan commencent à être à bout de force, il s'appuie sur une main et bouge l'autre, ou l'inverse. Je m'applique à dessiner le haut du dos nu du brun, à créer des ombres et des lumières. Puis tout à coup, il s'effondre sur Nicolas, tête cachée dans son cou du côté du mur.
- On fait une pause, j'en peux plus, il grogne depuis là-bas.
Je me marre. C'est exactement ce que je voulais. J'en profite pour tracer encore des traits grossiers qui vont me permettre de me retrouver quand j'irai dans le détail.
- Ris pas toi. C'est pas toi qui es dans ma position, râle encore le brun en s'y remettant pour me prouver qu'il peut tenir.
- Comme si t'avais envie que je sois dans ta position.
Je lève les yeux au ciel. Nicolas tourne des yeux interrogateurs vers moi, ses mains sont toujours autour de Wilson. Tout de suite, celui-ci grogne et replace le visage de Casta en face du sien de sa main sur sa joue. Le blond rougit encore plus - je saisis ça au vol avec mon crayon - et il humidifie ses lèvres, sûrement par réflexe.
- T'en es où ? me demande l'autre en gardant les yeux fixés dans ceux de Nicolas.
- J'ai bientôt fini, je réponds en passant sans cesse de l'un à l'autre à mon dessin.
- Cool.
- Oh, zut, j'ai fait une connerie. Bougez pas les gars, je reviens, je vais chercher un truc à la salle commune. Bougez pas hein ! C'est important ! je précise en quittant la pièce.
***
Désolée pour ce manque de nouvelles, plein de choses dans ma vie personnelle se passent en ce moment, je suis enceinte de 9 mois et sur le point d'exploser et j'ai un peu de mal à organiser ma vie :) je vais essayer de continuer à poster quand même, à nouveau régulièrement ! Des bisous et merci pour votre amour et votre fidélité !
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