Amants maudits
Hier en Brocéliande, par mes pas menée. Sous la tempête. Que la fureur des éléments pour horizon et, pas un abri en vue ! Moi ! Petite chose perdue face aux fureurs de la nature ? Mais non ! Juste mon destin, au bout du chemin !
Soudain une fée ! En larmes et dénudée, devant le Lac aux mille baisers. Plus loin, devant moi, un étrange miroir en lévitation avec les reflets de son image en lamentations. À cet instant, plus de tempête ! Juste la caresse d'un calme prélude de lever du jour ! Puis, d'un coup, plus de fée larmoyante dans le miroir flottant, mais un homme nu, grimaçant de douleur !
Bon sang de bonsoir de cent mille tonnerre de Brest ! L'effroi dans mes veines !
Que de questions dans ma tête ! Que de peur sous les premiers rayons du jour naissant !
Que faire ? Fuir ? Non ! Réfléchir !
Un homme, une fée, chacun de son côté du miroir et deux mondes opposés, impénétrables !
Pas de passerelle, pas de pont, pas de passage!
A l'aube d'un printemps promis pour bientôt. Quelle torture envers ces amants-là, pour l'heure, hélas , prisonniers, avec pour seules contraintes ô combien insurmontables, celles des fruits de la contingence de leurs existences : Chacun son monde !
Sous mes yeux, l'horreur de leurs destins cruels.
Tant de douleur, tant de supplice, quelle misère ! Des amants maudits ! Deux âmes damnées ! Mais qui ? Pourquoi ?
Ces amants maudits, quelle tragédie!
Ma destinée en marche ! Révélation !
Point de fée ici, mais, la Vertu ! La voilà la Vertu ! Mais, et lui alors ?
Mince, réfléchir encore !
Saperlipopette ! Cent mille tétines du sang pardon !
Point d'homme ici, mais le Vice ! Le voilà, le Vice !
Sur le cul la Bretonne !
Impossible amour que celui du Vice et de la Vertu !
La vertu déchirée de douleur. Un avenir sans lui. Mais comment ? Moins de visites au miroir ! Non ! Plus de visite du tout ! L'oubli pour pénitence. La folie au tournant, pour sûr ! Son avenir en jeu sans doute, sa vie même, sûrement ! Nul destin plus tragique en vue ! Nulle autre vérité en suspend !
Trop de tourments que cela. Avec l'aube à vue, pas de possible éternité sans douleur. Silence et mort comme compagnons de voyage ! la mort pour délivrance ?
Quid d'une autre fin que tragédie, hélas ? Mais que faire ?
Prendre sa main, pardi ! Maigre consolation sûrement. L'enlacer pour réconfort. Improviser, suivre son instinct.
Ses yeux dans les miens.
Vertige.
Plus aucune larme chez la Vertu.
Vertige, encore.
Se reprendre et improviser, encore.
Soudain, sur elle mon regard, autrement.
Sa peau d'une étrange et soudaine beauté à mes yeux. Son corps à mi ombre dévêtu. Me voilà tout à coup, avec l'appétit au ventre naissant, pour futur et horizon !
Sans un souffle, sans une goutte de peur. Mes lèvres sur les siennes. Un baiser d'éternité sous le soleil levant.
Plus de doute ! Enfin, la prophétie !
La voilà, la prophétie et l'élue, la voilà l'élue, moi !
Défi: liponymie verbale
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04/2022
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