Avec ma muse sur mon épaule

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Avec ma muse sur mon épaule, j'entre en conquérante dans le supermarché .
- " Prends un caddie, prends un caddie, ... "

Je n'écoute pas ma muse ; celle-ci est dépensière et comme c'est moi qui nourris la famille, je résiste ! Moi un petit panier me suffit !

- " Je fais mes valises dès qu'on rentre; je vais partir loin; loin et longtemps ça t'apprendra ! "

Elle est mesquine ma muse et rancunière, je le sais bien pourtant ! Qu'importe je lui résiste. Un petit panier, moi ça me suffit.

Ma muse vexée saute dans le premier caddie qui passe. Elle me nargue en s'éloignant dans le chariot d'un inconnu :

- « un grand caddie moi ça me suffit ... gnagnagna »

Mon petit panier va me coûter cher, je le sais.

Loin devant, des enfants chahutent un caddie et tendent leurs petits bras comme des morts de faim vers le rayon jouets ; mais ceux-là semblent bien nourris, m'est avis qu'ils ont faim d'avoir : âge tendre et coeur avide, je frémis de cette vision d'horreur !

Ma muse repasse devant moi dans le chariot d'un papy à casquette.

- " un petit papy à grand caddie moi ça me suffit ... gnagnagna "

Houla oui, très très cher le petit panier !
Je suis habituée à ses caprices, je ne dis rien, je résiste.

Un peu plus loin en bout de gondole je vois des livres en promo, je m'approche en sifflotant, ravie de l'aubaine :

Arthur Tartempion -30% ... donc ici on vend aux rabais des auteurs ! Mes poils se hérissent ! Oui, tous mes poils !

J'examine : 594 pages de sueur, de sang et de larmes à 7,94 euros.

Je me mets à bouillir : On maltraite les auteurs par ici, on les exploite.

Je me sens soudain en danger. Je dois fuir ce milieu hostile au plus vite. Sous le choc, je presse le pas de peur que l'on me rase gratis ou pire.

Je jette mon petit panier dans un grand caddie à casquette. Je chope ma muse dévoyée au lasso au rayon bling bling, je me la fourre sous le bras et je cours d'une foulée de fuite vers les barrières de la sortie sans achat.

Dans ma précipitation j'ai oublié d'attendre que la dame de l'accueil appuie sur son bouton pour autoriser mon passage. Les barrières liberticides ne bronchent pas tandis que je me les emplafonne. Sans l'avoir voulu, je fais un magnifique soleil par dessus ces cerbères de métal et m'étale lamentablement sur mes demi lunes … Pas grave je me relève, je résiste.

Je cours ventre à terre pendant que ma muse s'accroche comme elle peut à mes bretelles de soutien-gorge. Je sors du centre commercial avec quatre vigiles de l'antre consumériste aux fesses ... Ils veulent ma peau c'est sûr !

Je leur ai volé leur achat, c'est sûrement ça !

Cours poète ! Cours !

défi :
Poète au supermarché

10/2021

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