Ce soir, c'était The grand soir !
Leadandevan l'avait tellement attendue cette lune des moissons de son cent vingt deuxième cycle astralélépitèque !

La grande druidesse Rafistolrafia, sa grande tante pour de faux, lancerait elle-même les festives idées.

Patriciaskaïa la chamane bègue aux mille poux voire puces, en personne était là pour son Périgée.
Cette femme redoutable était connue pour ne jamais sourire, elle arborait on ne sait pourquoi un hameçon à la narine. Lorsqu'elle battait campagne chevauchant son grizzly, elle semait la terreur dans toute la région.

Malgré son admiration séculaire pour ses aînées, les Sages, elle les avait toujours défiées, par bravade, par esprit de contre addiction ou juste pour le fun.

Cela lui avait valu bien des boires et des déboires.

Toutefois, en cet instant sacré, elle se devait d'être irréprochable, elle le savait. Toute la journée, avec une patience insoupçonnée, qui força même l'admiration, elle s'était pliée à tous les patas et les quès des traditions du fond des âges.

Elle avait même repassé son auguste kilt sur la billig en le retournant dix-sept fois très exactement.

Rafistolrafia lui fit signe d'approcher de la pierre des Sages et la prit par l'épaule pour lui glisser quelques mots :

• Je suis très fière de toi Leadan, après cette nuit tu seras notre égale.
• Je ne cache pas ma fierté de te voir nous rejoindre, enfin.

La jeune femme trouva sa grande tante bien " familière " , ce qui n'était pas dans ses habitudes, en public en tout cas. Après l'avoir étudiée plus attentivement, elle jugea que ce regard si pétillant était plus que suspect.

Elle n'eut pas le temps d'en penser plus car celle-ci poursuivit :

• tu sais ma Daninette, t'as de la chance qu'elle t'a à la bonne la Skaïa, elle t'a trouvée un endroit du tonnerre pour ton Périgée !

• Oui, oui, oui, c'est un che...che.. un chouin couette pour sûr, tu vas voir ça va te plaire ! dit Patriciaskaïa d'un air de satisfaction jouissif.

Leadan pris sur elle et pouffa discrètement.

Houla, oui, les vaches ! Elles ont déjà commencé la fête les bourriques ! Pensa-t-elle en balayant discrètement de la main, une odeur douce amer de fruits exotiques mêlée d'alcool qui s' échappait de la bouche de la chamane.

Cette dernière, montée subitement sur des chaussures à bascule qui la mettaient en mouvement, semblait embarquée dans un début de balancement perpétuel qui hésiterait encore entre le tangage et le roulis.

Sans qu'elle pu réagir, Rafistolrafia, grande druidesse et maîtresse de tous les secrets, pris sa filleule par le bras et lui murmura :

• Tu le sais mon enfant, avant toute chose, je dois te révéler le code secret ancestral, inchangé depuis les premiers peuples !
• Alors concentre- toi bien et écoute ! Le voici : " Réveille les merveilles et que roule la rouille ! "

• Et surtout surtout mon enfant rappelle toi toi toujours le code secret !
• oui oui, c'est bon, je l'ai : " réveille les merveilles et que roule la rouille "
• Voilà c'est ça ! La félicita Patriciaskaïa qui l'embarqua à son tour par le coude, pour lui murmurer en articulant exagérément :

• Ré...Ré-vei-lle-les-mé...mer-vei-lles-et-que-rou...rou-le-la-rou...roui-lle
• Le code secret il est vital, donc surtout, retiens le bien :

• Les mouilles, tu...tu ré...réveilles les mou...moules, non, c'est pas ça : tu...tu mou...mouilles les ré...révieilles ou...ouille allez roule houle !

Léadan dut se mordre les joues et s'enfoncer les ongles dans les paumes des mains jusqu'au sang pour ne pas s' étouffer de rire
Elle parvint miraculeusement à rester digne.

La cérémonie du Grand Tarriquet s'annonçait gigantesquiose !

Tous les peuples d'ici jusqu'au-delà du monde connu étaient présents et jouaient des couignious dans la Kouign Zone de l'entre-mondes.

Leadandevan était d'une époustoubourifflante beauté, à la hauteur de l'événement !

Sur un signe de la grande druidesse, elle s'avança et pénétra dans le cercle de runes face à ses aînées.

Les bras ouverts vers le ciel elle se tourna avec élégance vers la foule.

Comme un présage venu des étoiles, une onde passa sur la Terre. La foule vibra comme une seule femme, avec un unique frisson pour lien universel.

C'était le signal de l'univers ! Le géant des géants de pierre devait être dressé sur l'instant !

Chacun pris son bout de corde. Le menhir couché resta de marbre !

Tout le monde tira : tous les peuples unis en une seule volonté capable d'accomplir tous les possibles.

La levée du colosse mégalithe fit hurler le Grand Tarriquet qui se dressa enfin, majestueux, et s'acheva, par des cris de victoire et des embrassades d'allégresse mêlée de fierté.

La grande druidesse Rafistolrafia s'approcha de Leadandevan. Elle lui banda les yeux puis la pris par la main. Patriciaskaïa la chamane vint à leurs côtés. À grands renforts d'incantations,de charas et de rabias, elle appela des forces obscures. On senti le sol trembler sous l'effet de forces surnaturelles, soudain, la terre se déchira, un trou béant apparut, le sol trembla encore ; un escalier prit forme dans ce qui ressemblait à la bouche d'une grotte souterraine. Sur la voûte de pierre qui marquait l'entrée, on pouvait lire : " L' Antre de Bacchus " .

Les plus proches témoignèrent avoir entendu les Aînées répéter : " In vino veritas " en riant, à chaque marche descendue vers les entrailles de la terre.

Après un moment, le sol trembla de nouveau. Le trou se referma jusqu'à les engloutir, sans laisser de trace. Laissant ainsi, la fête du Grand Tarriquet se poursuivre sans elles.

Depuis ce jour, les peuples orphelins de sagesse ont laissé libre cours à leurs inspirations ; on doit bien avouer que depuis leur départ c'est plutôt le bordel !

Aucune n'étant jamais reparue , nous ne pouvons que supposer que la cérémonie se poursuit toujours à l'heure actuelle ! Hélas !

Note de l'auteure : aucun Grizzly et aucun menhir n'a été maltraité lors de l'écriture de ce chapitre.

Ps : aucun Tarriquet non plus ;-)

9/09/2022