Une seconde chance ?

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Les chevaliers retournèrent à l'intérieur non sans se forcer : peu voulait laisser le roi seul face à Morgan et son dragon. Aela tenta de rester mais Galaad la tira en arrière avec un regard de reproche.

- Si tu veux vraiment être chevalier, l'une des premières règles à respecter est celle de l'obéissance totale et aveugle au roi.

La jeune fille baissa la tête et le suivit après un dernier regard en arrière.

Arthur attendit d'être seul dans la cour avec Maïwen pour lui faire signer de le suivre. Elle obtempéra sans se poser de questions. Askhell les suivit : laisser sa maîtresse seule face à cette homme qui ne lui faisait pas confiance... Ce n'était pas vraiment dans ses plans.

Ils sortirent de la cour, passèrent sous un pont (le dragon dut passer par-dessus) et arrivèrent dans une sorte de jardin privatif. Le roi alla s'asseoir sur un banc et intima à Maïwen l'ordre de faire de même.

- C'est bien toi, le responsable de la blessure de Corentin?

Maïwen sursauta. Elle fit le choix de s'agenouiller pour mieux se repentir :

- Veuillez m'excusez, sire, il m'avait manqué de respect.

- En quoi, Morgan?

Maïwen rougit, sa défense était plus que bancale et elle le savait.

- Euh... Il a dit qu'il pourrait facilement me battre. Nous nous sommes affrontés. Il a perdu.

- Et c'est un manque de respect que celui de perdre?

- Non... Mais, même à terre, il a continué à dire qu'il était plus fort que moi.

- Alors tu t'es emporté.

Ce n'était pas vraiment un reproche, juste une constatation. La jeune femme se tortilla sur le sol, les genoux ancrés sur les pavés froids, mal à l'aise.

- D'après Monsieur de Jam, mon médecin, tu aurais touché sa... comment avait-il dit déjà? sa trachée? Enfin, ce qui amène l'air jusqu'au poumons...

- C'est bien la trachée, sire.

- Hum. Donc voilà. Corentin, de plus, est une personne très... fragile. Pas dans le sens auquel tu dois penser, se reprit rapidement Arthur, Corentin est jeune mais très fort au combat. Non, je voulais dire qu'il se remet difficilement après des blessures. Enfin, c'est ce que j'ai compris d'après le charabias de mon médecin.

- L'anatomie est pour les savants. Vous êtes un guerrier, sire, un grand guerrier, mais pas un savant.

- Oui, tu as bien raison, c'est pour cela que des savants m'entourent pour me conseiller dans ces sciences qu'ils affectionnent tout particulièrement.

Maïwen gardait la tête baissée, se demandant si elle pouvait la relever ou si ce serait vu comme de l'effronterie.

- Revenons à notre sujet principal, Morgan. (Maîwen frissonna, attendant la suite avec réticence) Les chevaliers de la Table Ronde constituent l'une des institutions les plus importante de ce royaume. Nous ne pouvons y faire entrer des jeunes hommes impulsifs et sans respect des autres. Le comprends-tu, Morgan?

- Oui, sire, répondit Maïwen d'une petite voix.

Elle remercia le roi de lui avoir fait baisser la tête : par ce fait, il ne pouvait pas voir les larmes qui manquaient de déborder de ses yeux. Ainsi elle ne serait jamais chevalier? Malgré toutes ces années de travail acharné? Tous ces efforts pour rien? Arthur reprit, la surprenant fortement par le contenu de ses propos :

- Mais je suis prêt à passer outre.

- Comment ?!

- Tu t'es emporté, certes, mais tu es jeune. Si tu arrives à dompter ton côté rebelle, je pourrais t'adouber.

- Oh! merci, sire!

- Mais, car il y a bien un mais, tu devras rester écuyer jusque là. Gauvain se chargera de ton éducation.

Maïwen ouvrit la bouche pour répliquer qu'elle avait été parfaitement éduquée mais elle se retint fort heureusement.

- Merci, sire. Vous ne regretterez pas votre choix.

Arthur sourit. Il avait bien vu le combat intérieur de la jeune femme et commençait à penser qu'on pourrait bien faire un fier destrier de ce poulain sauvage.

- Je l'espère, Morgan. Je serais le premier déçu si je dois le regretter.

Le roi, d'un signe de la main, lui intima de se relever.

- Va voir Gauvain, explique-lui que tu es maintenant à son service. Maintenant, va! Non! Attends...

Maïwen arrêta son mouvement.

- Oui, sire?

- Dis-lui que je veux qu'il évalue vos compétences, à Maël' et à toi. Qu'il le fasse le plus rapidement possible.

- Autre chose, sire?

- Oui. Ajoute que je veux son rapport sur Claudas et les siens dès que possible.

- Bien, sire.

- Tu peux y aller.

Maïwen s'inclina puis partit en courant, craignant qu'Arthur ne changeât d'avis si elle restait trop longtemps dans son champs de vision.

Le roi resta sur son banc, rêveur, la tête gonflée de pensées diverses. Il espérait ne pas regretter la seconde chance accordée à Morgan. Il espérait que les espions missionnés chez Claudas avaient trouvés des réponses à ses questions. Il espérait que Maël' serait aussi fort que son frère. Il espérait qu'Askhell, le dragon qui avait mit à terre tellement de chevaliers, serait réellement un avantage et qu'il ne se retournerait pas contre les chevaliers. Arthur espérait tout cela et bien d'autres choses qu'il serait trop long de retranscrire. 

Après un long moment de calme, il se releva et sortit du petit jardin dans le but de trouver la reine. Il se dirigea vers le terrain d'entrainement, sûr de la trouver là, surveillant les chevaliers, ceux de la reine comme ils étaient surnommés. Et Arthur gagna son pari car Guenièvre était bien sur les remparts surplombant la cour. En voyant arriver le roi, sa femme et ses deux suivantes s'inclinèrent. Guenièvre chassa les deux autres femmes d'un signe de la main.

- Tu voulais me voir?

- Oui.

Il s'accouda aux remparts.

- Que penses-tu des deux nouveaux, Morgan et Maël'?

- Je n'ai vu que de loin Morgan, et seul son combat avec Corentin m'indique son niveau d'arme. Maël'... J'aime bien son style de combat. Fin, rusé, il n'y va pas avec force mais avec une délicatesse que je n'avais pas vue depuis longtemps. Il me rappelle un peu Galaad quand il était plus jeune. Très prometteur. Regarde par toi même.

Guenièvre tendit la main et Arthur put voir Gauvain et Maël' qui échangeaient des coups. Ils se faisaient face au milieu du cercle qu'avait formé plusieurs autres chevaliers. Gauvain lançait des offensives en mettant beaucoup de force dans chacun de ses gestes tandis que Maël' préférait reculer en se protégeant par d'habiles combinaisons. Et puis, alors qu'Arthur remarquait que le bras de Gauvain commençait à faiblir, Maël' attaqua à son tour avec une rapidité que tous pouvaient envier. Multipliant les parades, il ne fonçait pas dans le tas, il calculait chaque coup avec une précision impressionnante. Et enfin, l'épée de Maël' frappa le pommeau de celle de Gauvain qui s'envola en arrière.

Les applaudissements grimpèrent haut après quelques minutes de stupéfaction.

Maël' recula, l'air troublé. Enfin, un léger sourire se dessina sur son visage.

- Oui, très prometteur, répéta Arthur, regardant le jeune homme tendre sa main à Gauvain pour l'aider à se relever.

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