(Voilà voilà, mon interprétation du défi. Initialement, c'est un autre texte que je pensais poster, mais certains coquins ayant placé la barre très haut, j'ai opté pour celui-ci, qui ne fait pas dans la dentelle. Vous êtes prévenu(e)s, c'est assez ... chaud.
Ce texte se situe à la croisée de deux univers, le mien bien sûr, et celui d'un auteur tiers qui se reconnaîtra).
Bong … bong … bong … bong …
Le Taiko (1) rythmait la nuit, imposant aux rameuses une cadence lente et lancinante.
Enfermées dans leur cage, à fond de cales, les deux prisonnières accueillaient avec délectation la tièdeur vespérale après la chaleur étouffante de la journée. Dix pieds au-dessus d’elles, les deux cent cinquante-cinq galériennes souquaient en cadence, heureuses de voir enfin ralentir le rythme infernal qu’on leur avait imposé toute l’après-midi.
Bong … bong … bong … bong ...
Allongée tout contre Saavati, Yumi se laissait gagner par la mélodie morne et lancinante. La nuit était chaude et humide, la peau de son amie endormie luisait sous les rayons d'une lune pleine et rousse.
Bong … bong … bong … bong ...
Les coups sourds résonnaient, la vibration encore amplifiée par la coque du navire. Yumi la percevait jusqu’en son sein. Elle se surprit à onduler imperceptiblement. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait plus dansé.
Bong … bong … bong … bong …
N’y tenant plus, elle se leva, attrapa les barreaux supérieurs de la cage, un pied à peine au-dessus de sa tête. Ce n'était au début qu’une infime vibration, un frémissement, mais mainteant tout son corps tremblait au rythme du Taiko. C'était toute sa peau qui vibrait à l'unisson avec celle du tambour. Elle n’osait trop bouger, elle ne voulait pas réveiller sa compagne épuisée par leurs ébats. Mais elle en voulait encore.
Bong … bong … bong … bong ...
Ses hanches ondulaient maintenant au rythme de la mélopée. Dans la moiteur de la cale, son corps couvert de sueur lui échappait et entamait une danse aussi lente que lascive. Les bras en l’air, agrippée aux barreaux, elle remuait lentement son bassin, fermait les yeux, renversait la tête …
Bong … bong … bong … bong …
La vibration la traversait toute entière, elle la sentait dans son torse, dans son ventre. Dans son pubis.
— Qu’est-ce que tu fais ?
La voix ensommeillée, Saavati s’était redressée. Elle était maintenant assise à même le sol, face à la danseuse qui, toujours accrochée aux barres d'acier, continuait d’onduler en se rapprochant de la dormeuse encore mal réveillée. Elle s’approchait et s’approchait encore, jusqu’à effleurer de son sexe le visage de son amie. De son pubis, elle lui caressait le front, le nez, les joues.
Bong … bong … bong … bong …
Yumi reculait maintenant avec une lenteur calculée, sans interrompre sa danse indécente. Saavati, toujours accroupie, tendit d’abord le cou et se pencha pour mieux enfouir son visage entre les cuisses qui s'éloignaient en la narguant. Elle rampa ensuite, jusqu’à acculer Yumi contre la paroi de la cage. Coincée entre la bouche de la gourmande et la prison métallique, cette dernière posa un pied sur un des barreaux latéraux pour mieux s’offrir et, s’agrippant tant qu’elle le pouvait, continua à onduler.
N’y tenant plus, elle attrapa d’une main la tête de sa complice pour l’attirer plus fort encore et vint plaquer sa bouche contre son sexe. Quand la divine langue s’immisca dans ses chairs trempées, un frisson la parcourut.
Bong … Bong ... Bong-Bong … Bo-bong ...
Yumi perdit le rythme. Fi du tambour ! « mange-moi » chuchota-t-elle. Elle roulait maintenant des hanches au rythme de son envie, de sa soif de jouir. Dans sa tête, c’était la cadence de guerre … bong-bong-bong-bong-bong … elle attrapa à deux mains la tête de Saavati et s’empala sur sa langue dardée, sa vulve plaquée sur les lèvres douces. C’était bon … beaucoup trop bon …
— Fais moi jouir !
L’ordre avait jailli dans un souffle entre les lèvres de Yumi… pourtant Saavati ne contrôlait plus rien, c’était la danseuse qui menait. Elle serrait si fort sa tête qu’elle eut pu l’étouffer. Elle la secoua alors comme un ballon, frottant la bouche chérie sur sa chatte affamée.
BONG-BONG-BONG-BONG-BONG-BONG-BONG-BONG-BONG …
— Hhhhh
Yumi couinait comme un petit animal pris au piège. Adossée à la cage, elle agrippait maintenant à deux mains la tête de son amie, comme elle l'eut fait d'une bouée en pleine tempête. C'était maintenant tout son corps qui se tendait, bandé comme un arc, ses muscles qui se contractaient, et enfin les spasmes libérateurs, soulignés par un long cri plaintif. Elle jouissait dans la bouche grande ouverte de Saavati qui, d’abord surprise, essaya de se dégager. Mais la poigne de Yumi était bien trop ferme. Vaincue, la Nonce manqua de s’étouffer dans la liqueur d’amour qui l’inondait. Quand enfin la coquine relacha l'instrument de son plaisir, sa compagne reprit son soufle, s'écarta un peu. Le nectar qui coulait sur son menton et sourdait à la commissure de ses lèvres scintillait sous les rayons séléniens. Alors la levantine se laissa tomber à genoux et embrassa à pleine bouche sa compagne. Ivres toutes deux du miel divien, épuisées, les deux esclaves baignaient maintenant dans leur sueur et l’euphorie qu’elles avaient provoquée. Elles roulèreent sur le dos, les yeux fixés sur le plafond de l’entrepont. La pluie qui commençait à tomber les lava de ce que Saavati aurait jadis appelé un péché.
— J'ai cru me noyer, halèta la Nonce déchue.
Yumi éclate de rire …
— Oups ... j'en suis désolée. C'est ... ce tambour.
Ce fut Saavati qui alors, pouffa de rire.
— C'est malin. Je suis réveillée maintenant. Et la nuit est loin d'être finie.
— Oui, fit Yumi. Mais essaie quand même de te rendormir.
— ....
Bong … Bong … Bong … Bong …
(1) Taiko :à l'origine, ce mot désigne au Japon l'art de jouer du tambour. Par extension, il désigne toute forme de grand tambour.