Fin de stage

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Galata mis plus d’une heure pour rejoindre le point de rendez-vous avec Jane, qui l’attendait déjà. Lorsque cette dernière l’aperçut, elle se précipita vers elle.

— Oh mon Dieu ! s’écria-t-elle. Mais que t’est-il arrivé ?

— Une bien longue histoire…

— Tu t’es battue ? Tu as des bleus sur les bras…

— J’ai été agressée par…

Elle s’interrompit un instant. Elle ne voulait pas dire que c’était Bergen. Elle n’avait pas envie de tout raconter à Jane, non pas qu’elle n’avait pas confiance en elle, mais elle n’en sentait pas la force.

— Par quelqu’un venu saboter l’exercice. Je n’en sais pas plus. Karine et Trekker sont intervenus, la situation est réglée…

— C’est de ma faute, je n’aurais pas dû te laisser y aller seule, à deux on aurait été beaucoup plus forte !

— Crois-moi, je ne sais même pas si on aurait pu lui faire quelque chose… enfin bref, il ne nous reste plus qu’à atteindre le centre de la zone et on a terminé.

—Oui, tu as raison, allons-y.

Les filles se mirent en route et atteignirent enfin le centre de la zone où un grand bâtiment entouré d’une haute clôture grillagée se dressait. Deux gardiens d’Alkor les attendaient à l’entrée. Ils leur firent signe d’approcher et les guidèrent à l’intérieur.

— Vous n’êtes pas encore les dernières, leur dit l’un d’eux. Selon la liste, il reste encore une personne…

— Vraiment ? s’étonna Jane. Tu vois Galy ? On n’est pas si mauvaise que ça !

Galata ria doucement, soulagée d’avoir enfin fini ce cauchemar. De tous les entrainements reçus avec maître Rayzen, aucun d’eux ne l’avait vraiment préparé à ça et elle ne manquerait pas de le lui faire remarquer.

Tous les autres scouts étaient réunis dans une grande salle, assis dans des fauteuils moelleux devant une table remplie de victuailles en tout genre. Galata et Jane eurent les yeux brillants en voyant ce festin s’offrir devant elles.

— Bienvenue les filles ! les salua Doug en accourant vers elles. Je suis content que vous soyez enfin là ! Je m’inquiétais un peu de ne pas vous voir ici… Tout le personnel semble nerveux, y comprit les Rangers. J’ai cru entendre que quelqu’un avait réussi à s’infiltrer dans la zone d’exercice…

— On sait, répondit Jane. Galata s’est même mesurée à ce type bizarre !

Tous les scouts entendirent cela et s’approchèrent subitement pour en savoir plus. Galata fut soudainement gênée, n’ayant aucune envie de parler de ça. Elle leur raconta brièvement le combat et l’intervention de Karine et de Trekker.

— Avec tous les Rangers et les gardiens d’Alkor dans la zone, comment ce type a pu s’infiltrer ? se demanda Doug. La sécurité est au maximum ! Et aussi, pourquoi venir troubler un exercice de scout ?

— Est-ce que vous pensez que c’est un sans-lumière de niveau supérieur ? demanda Jekk, un garçon au crâne rasé.

— Je ne pense pas que je serais encore en vie à l’heure qu’il est, déclara Galata.

En fait, elle n’en était pas sûre du tout, vu cette aura maléfique qui s’est dégagée de Bergen… s’il s’agissait bien de lui. La fatigue ne lui donnait pas les idées claires et elle avait besoin de manger. Elle se dirigea vers le buffet, prit une assiette et la remplie de tout ce qu’elle pouvait trouver. Jane fit de même.

— Servez-vous bien, leur dit Doug avec prévenance. Ça sera toujours meilleur que ce que je vous ai donné hier…

— Oui, mais ça nous a bien été utile, lui dit Jane. Merci beaucoup encore une fois. Sans toi, on aurait eu du mal à finir.

— Oh ! Mais de rien, ça m’a fait plaisir… Ah ! Ah ! Ah !

Quelques heures après, le dernier scout entra enfin dans la salle. C’était Glen.

Galata fut surprise de le voir arriver en dernier, lui qui était tellement sûr de lui lorsqu’ils s’étaient croisés au tout début. Lorsque ce dernier s’aperçut que tous les autres étaient déjà là, il baissa la tête et s’assit sur un fauteuil.

Elle ne se senti pas vache et décida de lui faire une assiette qu’elle lui amena. Glen eut un air méfiant.

— Tiens, mange, lui dit-elle.

— Heu… merci…

— L’épreuve a été plus dure qu’on ne le pensait, hein ? Reprenons des forces, on l’a tous mérité, ajouta-t-elle avec un grand sourire.

Glen prit l’assiette et mangea, la tête baissée. La jeune fille vit cependant une larme au coin de ses yeux.

Deux Rangers vinrent les voir après un long moment. L’un d’eux prit la parole :

— Eh bien… vous avez tous fini l’exercice avant la fin du temps imparti. Il vous restait encore quelques heures mais vous avez plutôt bien assuré. Félicitations à toutes et à tous !

Ils applaudirent, suivit des scouts qui se félicitaient les uns les autres.

— Le Ranger Trekker ne sera malheureusement pas là pour la fin de l’exercice, un incident le contraignant à être ailleurs pour le moment. Un individu s’est glissé dans la zone de stage et s’est attaqué à l’une d’entre vous. Heureusement que personne n’a été blessé.

Je n’en dirais pas autant pour Karine mais bon…

— Ce stage avait pour but de vous apprendre où se trouvent vos limites. C’était une mise en situation à laquelle les Space Rangers sont souvent confrontés et parfois bien plus difficile que ce que vous avez enduré. À ce stade de votre apprentissage, il vous est encore temps de renoncer et de quitter le cursus…

Tous les jeunes se regardèrent. Alors, ils allaient vivre quelquefois des missions aussi difficiles ?

Certains réfléchissaient alors sur leur décision à prendre…

— Il est hors de question d’abandonner maintenant ! s’écria alors Galata.

Tout le monde tourna alors la tête vers elle.

— Nous avons fait beaucoup trop d’efforts et avons travaillé trop dur pour que l’on arrête à ce niveau ! Nous avons tous réussi ce stage, cela signifie que nous sommes tous capable d’aller plus loin ! Il ne faut pas sous-estimer nos forces ! Car qu’est-ce qui a fait que nous puissions réussir cette épreuve ? C’est notre union ! Jane et moi nous nous sommes soutenues autant que nous le pouvions. Grâce à Doug, plusieurs d’entre nous avons pu être rassasié alors que nous mourrions de faim ! C’est par ce genre de choses que nous réussissons là où d’autres auraient pu échouer !

Certains approuvèrent ce qu’elle venait de dire par un hochement de tête. De ce fait, personne ne se désigna pour arrêter.

Après avoir récupéré un plateau repas, Syreene retourna dans la chambre d’hôpital de Rayzen. Son visage était sombre et ses pensées se mélangeaient dans sa tête depuis la visite du médecin quelques minutes auparavant.

Malgré toute son énergie pour le maintenir en vie en lui transmettant de sa propre lumière, le commandeur était resté dans un état critique, le plongeant dans un coma profond. Il n’en était sorti que depuis une heure. Cette fois, les choses étaient graves. Encore une fois, il en avait trop fait et son corps ne le supportait plus.

Elle poussa la porte et posa le plateau sur la table à roulette, sans un regard. Elle se dirigea ensuite vers la fenêtre, le regard perdu au loin. Elle avait milles choses à lui dire et pourtant, aucune ne sortait de ses lèvres, la peur d’en parler les lui scellant l’une à l’autre.

— Tu es bien silencieuse, fit remarquer Rayzen d’une voix terriblement lasse.

Syreene soupira d’agacement.

— Est-ce que tu te rends compte de ton état ? lui demanda-t-elle sèchement.

— J’ai entendu le médecin oui. Et alors ?

— Et alors ? Mais bon sang, Rayzen ! Tu étais à deux doigts de la mort ! Tu sais très bien que tu ne dois plus utiliser ton potentiel luminique depuis des années car cela affecte ton corps depuis ton accident il y a seize ans ! Ancre bien dans ta fichue tête de bois ce que le médecin t’a dit : la prochaine fois pourrait bien être la dernière ! Tu sais ce que ça signifie, non ?

— Oui je le sais.

— Alors cesse de te montrer aussi suicidaire ! Pense à ta protégée, pense à Galata ! Pense à moi…

Les larmes lui montèrent d’un coup et coulèrent abondamment sur ses joues.

— Regarde-toi, continua-t-elle. On dirait que tu as pris encore dix ans de plus… Alors que…

Sans finir sa phrase, elle quitta la chambre en sanglot. Rayzen repoussa le plateau repas et enfonça sa tête dans son oreiller.

— Ce n’est pas comme si on m’avait laissé le choix, marmonna-t-il. Ma mission se finira au prix de ma vie…

Les scouts étaient tous dans le hangar à vaisseau, prêts au départ. Chacun avait reçu leur certificat permanent attestant leur adhésion au sein des Space Rangers. En tant que tel, ils seront appelés régulièrement pour des missions simples, parfois routinières, accompagné d’un Ranger qualifié, ainsi qu’aux entrainements le weekend.

Leur sac sur l’épaule, ils commencèrent à embarquer dans la navette de retour lorsqu’un cri retenti dans tout le hangar :

— Attendez ! Stop ! Un instant !

C’était Karine qui accourait à toute jambe. Un bandage entourait son bras là où l’agresseur de Galata l’avait blessé avec sa lame.

— Karine ? s’étonna la jeune fille. Mais… ? Qu’est-ce que tu viens faire là ?

— Je ne pouvais pas te laisser partir sans te dire au revoir, enfin !

— Oh ? C’est très gentil de ta part…

— Mais non, ce n’est rien ! Grâce à toi je me suis bien amusée, hé hé hé…

Elle trouve amusant de s’être fait envoyer deux fois à l’infirmerie ?

— Oh ! s’exclama Galata. Pendant que j’y suis… il y a quelque chose que je voudrais te demander…

— Oui ?

— Quelle était cette technique que tu as utilisé lors du combat dans la jungle ? Celle où tu étais… bizarre ?

— Oh, ça ? C’est une technique ancestrale que nous seuls, les gardiens d’Alkor, savons utiliser. C’est un état de transe appelé Berserk dans un vieux jargon, mais aujourd’hui, on appelle ça « L’appel de la Jungle ».

— C’est une technique vraiment incroyable ! Et surtout redoutable !

— Mais elle ne l’était pas assez contre ce terroriste je dois t’avouer… il m’a foutue K.O. une fois et si tu n’avais pas été là avec ton truc de lumière, il m’aurait encore rétamé !

— Oh, je vois… il y a tant de chose à voir dans l’univers que j’ignore…

— Tu vas avoir la chance de les découvrir avec le temps, lui dit Karine en posant sa main sur l’épaule. Les Rangers voyagent sans arrêt sur toutes les planètes.

— Oui, c’est vrai…

Karine la regarda droit dans les yeux et lui souffla :

— Ecoute-moi bien : je vais m’entrainer plus dur que jamais pour arriver à être au niveau d’un Ranger, quoiqu’il m’en coûte. Et ensuite, on s’affrontera toutes les deux, qu’est-ce que tu en dis ?

— J’en serai ravie, répondit Galata avec un grand sourire. Je suis désolée, mais je vais devoir monter dans la navette…

— Bien sûr. Je viendrais te voir à Energy City pendant mes prochains congés.

— Pas de problème !

Elles se saluèrent en s’étreignant et Galata monta à bord. Après un dernier signe de la main à travers le hublot, la navette prit son élan et décolla, la planète Melchior illuminé par un coucher de soleil. Derrière eux, la jungle, sauvage et sinistre, gardait le souvenir de leur passage.

Plusieurs heures plus tard, Galata était de retour chez elle, épuisée physiquement et le mental embrouillé. Elle était partagée entre l’allégresse d’avoir terminé cette terrible épreuve et d’avoir validé son entrée chez les scouts et ce questionnement que lui imposait ce combat dans la jungle, à savoir s’il s’agissait de Bergen ou d’un sans-lumière… ou les deux.

Durant la bataille, elle avait ressenti cette énergie noire propre aux monstres que les Rangers doivent affronter, à un tel point que sa propre lumière fut absorbée en un coup, désactivant son armure. Elle en avait à peine fait mention lorsque, un peu avant le départ, Trekker et Mélissandra l’avaient interrogé sur ce qui s’était passé, mais la réaction du Ranger était assez troublante, comme s’il avait redouté de l’apprendre.

Elle avait osé demandé si l’identité de l’agresseur avait été apprise mais comme d’habitude, personne ne lui disait rien en retour, trop insignifiante pour être mise au courant.

Être de retour à Energy City lui fit un bien fou, revoir cette cité qu’elle connaissait si bien, son foyer, ses amis… elle soupira d’aise et se détendit.

Mama était sous le porche de la maison, dans son fauteuil à bascule en train de tricoter. Le jardin sentait bon la terre humide, signe qu’elle avait de nouveau arrosé ses plantes verdoyantes aux fleurs colorées. Qu’il était doux de retrouver son foyer.

— Coucou Mama ! s’écria Galata en secouant la main.

— Oh, Galata ! Enfin de retour ! Tu aurais pu m’appeler pour me dire quand tu rentrerais !

— Mais enfin ! Je t’ai dit que je revenais dans une semaine ! Et ça fait une semaine…

— Et à qu’elle heure ? Hein ? J’aurais pu venir te chercher si j’avais su l’heure !

— Je sais me débrouiller, ma petite Mama. Je suis une grande fille.

— Rien du tout !

— Moi aussi, je suis heureuse de te revoir ma Mama chérie.

Elle l’embrassa sur la joue, rentra dans la maison et monta dans sa chambre pour poser son sac. Trop épuisée pour redescendre, elle voulut s’étaler sur son lit mais un étrange étalage posé dessus l’en empêcha. Elle bloqua dessus un moment, tant sa tête avait du mal à trouver ses repères.

D’en bas, Mama entendit un cri affreux. Elle accourra en toute hâte, paniquée d’entendre sa protégée hurler de la sorte.

— Qu’est-ce qui se passe ? s’écria-t-elle. Qu’est-ce que c’est ?

— Mama ! C’est quoi ça sur mon lit ?

— Comment ? Mais enfin, ce sont tes affaires d’école, petite cruche !

— Comment ça, « mes affaires d’école » ?

— Eh bien quoi ? Oui, tes affaires pour la rentrée !

— Mais Mama ! C’est les vacances d’été !

La vieille nourrice soupira.

— Je savais que ces imbécilités chez les Rangers allaient te détruire la cervelle… La rentrée des classes c’est APRES-DEMAIN !

Galata eut l’impression de recevoir un violent coup sur la tête. Elle se rendit compte qu’effectivement, elle venait de passer les deux mois de vacances. Avec l’entrainement intensif et le stage, elle avait complètement perdu la notion du temps et se retrouvait désormais face à la réalité.

Les vacances touchaient à sa fin. Elle avait pu en profiter que l’espace d’un weekend avec ses amis, le reste du temps ayant été consacré avec les autres scouts au quartier général d’Energy City. Et maintenant, elle devait se préparer à entrer en première au lycée et devoir jongler entre les études et ses nouvelles responsabilités en tant que scout.

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