Pas de problèmes. Que des solutions.

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Armé de ses belles résolutions, Raymond-Dieu-Prométhée se retrouva vite face à un terrible problème. Du genre difficile à contourner. Un de plus, dans la multitude de ceux qu'il avait déjà réglés. Celui-ci, pourtant, était vraiment de taille.
De la taille d'une bite, pour tout dire simplement. Alors, certaines personnes éternellement insatisfaites pourraient discuter de la réelle taille de la chose, la trouvant rarement de la bonne taille pour l'usage qu'on prétend en faire, mais il restait quand même un vrai problème à régler d'urgence.
Si Raymond, probablement issu d'une explosion magmatique sidérale disposait d'une infinie panoplie de qualités, de pouvoirs et autres privilèges supra-naturels, il n'avait, en revanche, rien entre les jambons...
Pas le moindre appendice, pas même un soupçon de relief.
Même pas un poil !

Lui qui se targuait d’un ventre plat comme une planche grâce à un régime alimentaire des plus frugal, réalisa ce jour qu’il lui manquait LA chose qui lui aurait épargné bien des millénaires de recherches complexes. En effet, se disait-il en lorgnant entre ses cuisses, cette lacune à sa perfection inversait les faits et le rendait semblable à sa création…
Dieu était à l’image de sa créature : sans burnes. Un comble !

La faute à Mister U, bien entendu. Ce vieux con n'avait pas jugé utile de se préoccuper de ce genre de choses. Ou peut-être n’avait-il pas encore inventé assez de molécules à ce moment-là ?
Question toujours sans réponse précise à ce jour, mais qui devrait mettre les limiers (hihihi...) de la chose divine sur la piste qui mène à l'explication de la rareté des dieux sur le marché !

Pestant comme un charretier qui aurait perdu son chargement à cause d’une mauvaise pierre cachée sous les roues de son tombereau, Raymond se lança à sans-burnes rabattues dans la découverte la plus importante de sa vie. En effet, il devait absolument se brûler les neurones pour espérer se faire la petite brune dans le Jardin, en bas de chez lui.

Pourtant, le vieux génie, après bien des recherches et une grande quantité d'expériences toutes plus merdiques les unes que les autres, finit un jour par abandonner son projet de se fourrer Eve. La Terre était vraiment dans la mouise.

Il devait trouver autre chose pour initier la longue chaîne humaine qui envahirait toute la planète. Constat terrible à admettre même si, après tout, il en avait vu d’autres. Dieu décida donc de passer le reste de son Éternité sans lance d’incendie, sans scoubidou à bec-verseur intégré, sans tuyau. Sans rien, quoi. Pour se venger de cette terrible frustration, d'ailleurs, il privera tous les anges du moindre attribut, estimant que ses esclaves ne pouvaient logiquement bénéficier d'avantages dont il n'aurait lui-même la jouissance (hihihi... rien que des burnes creuses, là-haut !)
Et puis, fatigué, il décréta prendre quelques semaines de repos. C'était entre les mois de juillet et août, les archives ont un peu perdu les dates exactes, cependant, tout le monde est d'accord pour dire que cette courte période porta le nom de Congés annuels.

"Le tout, dans la Vie, c'est encore de rester positif et d'y croire toujours !" s'exhortait-il de temps en temps. Plus tard, il fera de cette petite phrase un des piliers majeurs de sa doctrine, élevée au rang de religion. Il changera un peu les termes de son bel enthousiasme pour en faire un truc qui parlera d'espoir et de conneries de ce genre. Mais, pour l'heure, il s'accrochait à ce dogme en devenir pour garder à l'esprit un peu de fraîcheur et, surtout, l'envie de continuer son grand-œuvre.

C'était important de garder le sourire parce que, se disait-il, entre un Adam allégé de son argenterie et un Dieu privé de tout moyen de reproduction, Eve n'était pas près de se faire explorer la case trésor. Les choses devraient donc se faire selon une logique architecturale qui, pour le moment au moins, échappait un peu au vieux céleste.
La question était encore et toujours : y avait-il un autre champion pour sauter la bergère ? Raymond médita longtemps, entre deux roupillons à peine perturbés par les cris sporadiques d’Adam qui, régulièrement, se pétait les côtes, les tibias, les humérus, la rate, les dents. Et tout le reste, sauf…!
En attendant, et c'était le plus important à ses yeux, Dieu se reposait dans les vapeurs ouatées de ses nuages préférés. Après tout, il le valait bien.
Il profita de ces quelques jours passés dans son hamac céleste pour se refaire un mental d'acier.
Et c'est ainsi que, confortablement vautré sur les mailles de son pajot de vapeur, il se rappela qu'Adam restait disponible, malgré les cicatrices. Si Dieu ne pouvait pas se bricoler un mandrin assez efficace pour engrosser lui-même la petite Eve, parce que les expériences étaient parfois assez douloureuses, le petit Adam, lui, restait offert à ses lubies créatrices...

C'est ainsi que, sans prévenir, il choppa l'eunuque, le premier de l'histoire des hommes, et lui confectionna un appareil portatif de fortune. Certes, l'engin n'était pas bien gros, pas très gracieux mais, doté d'un système relativement primitif mais simple d'usage.

Dieu avait enfin contourné la difficulté. Adam se retrouva donc un jour avec une nouvelle paire de valseuses sommées d'un court pieu de chair extensible, pendant que Dieu se prit une cuite pas piquée des charançons.

Tout ce petit monde n'avait plus qu'à faire chauffer la colle...

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