La théorie Keating, ou la véritable éducation

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Depuis des siècles, depuis presque la nuit des temps si j'ose utiliser cette expression, les hommes ont toujours ressenti la nécessité de transmettre le savoir. Que ce soit du savoir pur, des connaissances, ou des compétences de la vie pratique, les humains ont toujours été guidés par l'éducation. Au fil du temps, l'éducation a été concentrée dans un seul et même lieu : l'école. Finalement, nos parents nous apprennent très peu de connaissances pures, si ce n'est par la transmission de culture. Mais l'école a pris de plus en plus de place dans la vie des enfants, la scolarité devenant de plus en plus longue, et le temps passé à l'école augmentant peu à peu. Les travaux pratiques, les ateliers de réflexion ont peu à peu été supprimé, transformant les élèves en mouton. Oui, l'école s'était transformée en bergerie, où l'on apprend aux enfants à se suivre les uns les autres, et à emprunter tous le même chemin. Les hommes ne savent plus penser. Ils peuvent énnoncer des poésies, réciter des textes, donner des dates, des évènements, calculer et rédiger, mais ils ne savent plus réfléchir. Tous les humains se sont partagés les savoirs, mais n'ont pas transmi la capacité d'imaginer, de penser, de choisir, de parler de ce qu'on aime, de ressentir. Personne n'a partagé la beauté de l'art, les douceurs de la nature, les plaisirs du sport. Au fond peut-on appeler ça de l'éducation ? Si tous les savoirs peuvent être lus comme dans un livre et appris comme dans un dictionnaire, alors un livre et un dictionnaire ne devraient-il pas être appelés éducation ? À quoi sert le professeur si ce qu'il nous apprend peut nous être appris par n'importe quel autre professeur, par n'importe quel autre support ? Keating l'avait fait comprendre aux poètes disparus. Et maintenant c'est à moi de le faire.

Tout d'abord le commencement : qu'est-ce que l'éducation ? Il s'agit tout simplement de la conduite de la formation de l'enfant ou de l'adulte.

La conduite nous révèle déjà une partie importante : l'éducateur est d'un guide. Il ne peut imposer l'apprentissage, ni son opinion, ni même ce qu'il tente de nous enseigner. Il doit être là pour partager, pour guider son élève sur le chemin de la connaissance et du savoir. Par conséquent, enfermer les élèves dans des salles toute la journée à écouter parler un professeur, devoir rendre des travaux et les noter pour être certain de la qualité du travail et imposer les exercices n'est certainement pas la bonne méthode. Apprendre librement est le plus beau des cadeaux. Il n'apparaît alors pas comme une contrainte, mais comme un plaisir, une joie de pouvoir partager à son tour une connaissance. Pensez à vos premiers mots. Personne ne vous a imposé lesquels choisir. Vous avez écouté, reproduit. Et regardez où vous êtes arrivés : vous savez parler. Sans que personne ne vous aie obligé à le faire, vous avez de votre propre chef pris la décision d'apprendre à vous exprimer. Et cela n'apparaît donc pas comme une contrainte. En revanche, je ne pense pas que vous appréciez réciter vos tables de multiplication. Vous vous souvenez sans doute les avoir révisé des heures durants, et elles vous apparaissent comme une perte de temps, quelque chose de déplaisant.

On remarque dans cette définition une deuxième partie de phrase : formation de l'enfant ou de l'adulte. Ici l'éducation en elle-même n'est pas une formation. C'est l'enfant ou l'adulte qui se forme, grâce au guide évoqué précédemment. Ainsi l'éducation est censé nous faire grandir, et forger la personne que nous sommes aujourd'hui. Or le savoir, les connaissances pures, ne sont pas ce qui nous fait grandir, ce qui nous forge. Ce qui l'est vraiment, c'est notre opinion. C'est la maturité que l'on prend, et notre manière de gérer les problèmes. Prenonspar exemple un nouveau né : lorsqu'il a un problème, il pleure. En revanche, un enfant va plutôt demander de l'aide à ses parents, avec la parole qu'il a acquis seul. Un adulte, lui, va puiser dans ses connaissances pour trouver une solution. Imaginons que vous êtes coinçés dans un puit. Vous pouvez monter contre le mur mais vous redescendez en partie, exactement comme le fameux problème de maths de l'escargot. Et bien vous allez réfléchir, et penser à utiliser la corde comme appui pour monter. Dans ce cas-là le problème de maths ne vous aura pas servi à grand chose, ormis comprendre que vous redescendrez. Votre esprit critique, en revanche, vous a amené à utiliser les objets qui vous entourent pour vous sortir de cette situation.

On remarque donc que les savoirs transmis à l'école ne sont pas complêtement inutiles, loin de là. Mais ce qui compte dans l'éducation, ce sont les expériences. La possibilité de rencontre des nouvelles personnes, d'apprendre par soi même, de tester, de découvrir, s'intéresser, c'est ça qui va nous apprendre comment s'en sortir. L'école vous fournira des bases théoriques. Mais elle ne vous apprendra pas à vivre. Or, l'école accapare les 3/4 du temps de vie d'un enfant, lui laissant bien trop peu de temps pour voyager, aller au théâtre, au cinéma, au musée, faire du sport, de la musique et discuter avec les amis de ses grands-parents qui ont vécu la guerre. Tout ce temps que l'on passe assis derrière un bureau, à écouter un livre nous expliquer le monde, c'est ce temps que l'on n'aura pas à essayer, à apprendre par ses propres moyens, à penser par soi-même.

Cette réflexion que je me fait, personne ne me l'a apprise. Ce n'est pas un discours. J'ai regardé de mon plein gré le film "le cercle des poètes disparus", et je crois que j'ai plus appris en deux heures dix de film qu'en dix heures de cours. Et j'ai compris, par dessus tout, que si l'école ne pouvait pas nous apprendre à penser, je le ferais. J'ai envie de partager mes réflexions, pour inciter le monde à s'interroger sur ce qui est bon pour eux, sur ce qu'ils ont envie, sur ce qu'ils ont besoin, et sur ce qu'ils sont.

On a tous besoin d'un professeur comme monsieur Keating. Mais en attendant que l'école change, c'est à nous de créer notre propre école : l'école de la vie, des expériences, et du partage.

L'éducation, c'est guider les hommes pour qu'ils grandissent, et qu'ils forgent leur pensée et leur caractère. C'est les amener à penser pour eux, au lieu de penser comme les autres.

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