Anastasis (conclusion)
Si j'ai bien appris une chose dans ma vie comme dans ma mort, c'est que le temps n'est pas immuable. Et l'on ne peut rien faire contre lui. On peut soit composer avec et essayer d'être heureux, soit refuser d'en être l'esclave et se laisser aller à la folie. Je m'étais perdu et je me sentais toujours un peu paumé à vrai dire.
Pendant longtemps, j'avais refusé de voir la vérité en face. Mais aujourd'hui, elle s'offrait à moi et elle était magnifique.
Face à nos 3 silhouettes, le soleil se levait à peine sur la petite ville d'Anastasis et commençait à éclairer les ruelles encore silencieuses. Les seuls qui étaient réveillés étaient les pêcheurs qui s'apprêtaient à prendre le large et parmi lesquels je reconnus mon père qui avait pris un sacré coup de vieux et mon frère qui était devenu un homme. À ses côtés, tenant la main de mon frère Jack, se trouvait Jess, accompagné d'un jeune garçon qui devait être leur enfant. Je comprenais mieux maintenant.
Et tout à coup j'aperçus la silhouette de la jeune femme que j'avais croisée au port et que j'avais pris pour Johanna. Mais elle était bien vivante et JO se tenait à mes côtés. Qui était-elle donc ?
- C'est ta fille, Mike.
Les mots résonnaient en moi mais je n'en comprenais pas le sens. Il me fallut plusieurs secondes avant de comprendre et de réagir.
- Ma... ma fille !? Mais... mais... C'est impossible !
- Tu vois, il recommence à balbutier, se moqua ma mère en s'adressant à Johanna. Pardon, tu as raison, ce n'est pas ta fille...
- Ah, tu vois !
- C'est votre fille. Et elle s'appelle Marion.
Je voulais répondre mais je n'avais plus les mots. C'était la plus belle chose qui pouvait m'arriver et j'en étais heureux. Marion ressemblait trait pour trait à sa mère, c'était saisissant. Je comprends mieux pourquoi je les avais confondues.
Pendant que le soleil se levait, je lisais les mots qui apparaissaient sur l'autel de l'hôtel de ville, en mémoire aux disparus de la terrible catastrophe du 30 juin 2137 :
"En ces lieux reposent celles et ceux qui ont autrefois habité dans ce village à qui nous rendons hommage après la tragédie inqualifiable que nous avons connue et subie le 30 juin 2137. Nous ne les oublions pas et nous ne les oublierons jamais car ils constituent la mémoire et la fierté de notre île que nous aimons tant. Et parce que la vie sur snotre île ne peut s'arrêter, nous honorons leur mémoire en baptisant cette nouvelle cité Anastasis, comme la résurection d'une cité que nous pensions disparue et enfouie à jamais. Une renaissance pleine d'espoir et de promesses pour un futur meilleur."
Le jour se leva sur la petite ville d'Anastasis, les vivants se levèrent pour embrasser cette nouvelle journée ensoleillée. J'observai ce petit monde qui commençait à peine à s'agiter et et qui continuait de tourner avec ou sans nous. Je ne pouvais ôter les yeux de Marion, ma fille. Dire que je n'avais pas vu le temps s'écouler et que je me rendais maintenant compte de tout ce qui s'était passé. Nous aurions pu être malheureux mais comment l'être au vu de ce merveilleux héritage que nous avions laissé ?
Marion resplendissait. Elle ressemblait vraiment à sa mère. Je me sentis fier et épanoui comme au premier jour où j'avais rencontré JO. Nous nous regardâmes une dernière fois tous les deux et nous disparûmes dans la lumière du jour, avec ma mère, les morts laissant leur place aux vivants. La vie reprenant son court.
FIN
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