Un brin de toilette.
" Marvin ?"
Il ouvrit les yeux sur une belle paire de fesses. Dans la salle de bain attenante à la chambre une fille nue se tenait de dos et se lavait devant le lavabo avec un gant de toilette. Marvin se redressa sur un coude et sourit. Son regard glissa des fesses à une robe à paillette qui traînait sur le sol de sa chambre puis revint sur la fille.
"Oui ?
- Dis moi chéri, tu aurais pas vu mon visage ?"
Il fronça les sourcils, et remarqua soudain avec effroi que le gant était taché de sang. De long filets rouge coulaient le long des jambes de la fille. Elle se retourna vers lui. Son visage était lisse, il n'y avait ni bouche, ni nez, ni yeux. Sur son ventre et ses poils pubiens, il y avait des bouts d'os et de cervelle ensanglantés qui se mélangeaient avec la mousse du savon.
Avec le gant elle essayait de les nettoyer tant bien que mal. Un fort bruit de vent soufflait en rafales, derrière elle la petite fenêtre de la salle de bain s'ouvrit subitement, laissant rentrer la pluie qui tombait presque horizontalement.
Il se réveilla en sursaut. La salle de bain était plongée dans la pénombre. Il grimaça. La douleur avait disparu mais pas la sensation d'avoir tout son organisme au bord de l'effondrement. Ça n'était pas vraiment une surprise pour Marvin. La plupart du temps quand les choses commencent à se gâter, il en a pour 48h. Il s'extirpa de son lit et alla nu refermer la fenêtre, il fut surpris par la force du vent. Une bourrasque l'arrosa, mouillant son visage et ses cheveux noirs mi-longs. Il frissonna. La journée commençait bien. Il prit une douche puis se sécha.
Contrairement à beaucoup de ses collègues, Marvin avait échappé à la bedaine de la quarantaine. Il n'avait aussi que quelques cheveux blancs discrets et on lui donnait en général dix ans de moins que ses quarante cinq ans. Son corps était à la fois maigre et très musclé comme celui de ces travailleurs de force qui ne mangent pas à leur faim dans les pays pauvres. Il faisait un mètre quatre-vingts et était couturé de cicatrices. Sur son bras gauche il y avait aussi les marques d'une ancienne brûlure. Il se regarda longuement dans le miroir. Ses yeux noirs était durs, son visage fermé.
- Bats toi connard.
Il s'habilla d'un jean et d'une chemise anthracite, puis se dirigea vers la cuisine.
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