A l’aube Marvin se pointa cerné et défraîchi à la brigade criminelle.

Le trajet s’était fait tant bien que mal. Le climat avait continué à se dégrader sur la région. Par moments, la pluie avait été si forte qu’il y voyait a peine. Des branches et divers déchets encombraient les rue, ballottés par de violentes bourrasques. Une interdiction de sortir avait été annoncée la veille au soir, et il avait circulé seul dans la ville déserte à travers cette fin de nuit agitée.

Son esprit à l’inverse était clair et calme, déterminé. Il était usé et affamé, mais il se dépêchait d’aller avancer autant que faire se peut son travail. Il savait pertinemment qu’il se trouvait en sursis dans l’œil du cyclone et que son temps était compté avant l’implacable retour des céphalées.

Il regrettait maintenant de ne pas avoir mieux examiné la scène de la veille. La qualité de la robe le chiffonnait, il aurait dû vérifier la marque pour voir si elle venait d’un grand couturier. Il aurait aimé aussi avoir mieux inspecté les lieux, avant que la pluie ne rince tout les indices.

- C’est à cette heure là que tu rentre ?

Marvin sourit à la jeune fille derrière le comptoir d’accueil. Elle était brune, avec de longs cheveux tirés en queue de cheval, son uniforme était impeccable. Malgré sa nuit de garde elle avait l’air pleine d’énergie, un sourire goguenard au lèvres.

- On dirait bien…
- T’as une sale gueule, tu sors d’un bar ou quoi ? Retourne te coucher !

Il plongea son regard droit dans le sien.

- C’est toi qui doit aller au lit gamine, c’est l’heure.
- M’en parles pas, la relève est pas là, avec ce temps de merde elle doit être coincée je ne sait pas où. Sale nuit apparemment, il doit y avoir du lourd, le grand sachem est déjà là.
- Sérieux ? Bizarre.
- Il paraît que c’était moche hier à Lain Dogs ?
- C’est toujours moche à Lain Dogs…

Il tapota le comptoir et se détourna d’elle.

- Bon courage Lucy, fait gaffe en rentrant, c’est l’apocalypse dehors.

Le crocodile était planté devant le distributeur de snacks, scrutant attentivement son contenu.

- Elle te tends des perches, tu devrais la baiser.
- Fait pas chier, elle a même pas vingt cinq ans.
- Raison de plus ! Et prends un truc ici, t’as rien bouffé.
- Rester à jeun, c’est ça l’idée.

Il se dirigea vers son bureau.