CHAPITRE 13
« Et ces deux âmes sœurs tragiques, s’envolèrent ensemble, l’ombre de l’une mêlée
à la lumière de l’autre. » ( Quatrevingt-treize - Victor Hugo)
Après plusieurs heures aux urgences, où le pied du jeune garçon fut enfin plâtré, toute la petite famille prit le chemin de l’auberge qui avait accueilli les parents le temps de la battue. Ni Valérie, ni Simone n’avaient parlé de cette fameuse gifle. Les mots n’avaient aucune utilité lorsque les regards échangeaient tant d’amour et de gratitude. Chacune d’entre elles savait que rien ne serait plus pareil. Pendant ce long moment à l’hôpital, les adolescents revinrent sur leurs péripéties ; la rencontre avec le sale type, l’arrivée salvatrice de Jonas et leur aventure dans la montagne. Toine parlait vite, riait et s’amusait de ces anecdotes. Simone était plus silencieuse même si son sourire montrait qu’elle n’avait nullement été soumise à quelques violences que ce soient.
En attendant les clés des chambres, Valérie cherchait à cerner ce qu’il s’était réellement passé entre ce Jonas et sa fille.
- J’aurais aimé le rencontrer ce berger. J’aurais voulu le remercier.
- Oh maman, tu sais, il avait déjà pris beaucoup de risques à laisser son troupeau, seul dans la montagne aussi longtemps. Il avait déjà perdu une brebis en voulant nous aider. Pour lui, c’est sa vie, tu comprends.
Valérie perçut une pointe de tristesse dans sa voix. Elle comprit que ce garçon lui avait touché le cœur.
- Et comment était-il, ce jeune homme ?
Simone parut gênée par la question mais la complicité nouvelle avec sa mère l'incita à y répondre.
- Il est grand et assez.... Disons... élancé. Il a de très beaux cheveux bouclés châtain clair. En réalité, on dirait ceux d’une fille. Mais lorsque tu regardes son visage, tu remarques tout de suite ses yeux pétillants un peu vert, un peu marron. C’est quelqu’un de gentil et serviable. Il adore sa montagne et son troupeau. Mais pour le reste, je n’arrive pas vraiment à le cerner, finit-elle par avouer en baissant les yeux.
- Il est surtout ultra sympa et drôle maman, intervint Toine.
- Ah bon ? toi aussi il t’a conquis ? Je commence vraiment à regretter de l’avoir loupé ! dit-elle en souriant.
Elle observait Simone qui avait gardé la tête baissée, non pas par culpabilité quelconque mais très certainement par tristesse ou pudeur. L’amour vient de sonner à sa porte et malheureusement au mauvais endroit et au mauvais moment. Valérie la prit dans ses bras et la força à la regarder.
- Chérie, tu as toute la vie devant toi, et lui aussi. Aie confiance en l’avenir et sois heureuse d’être vivante. Je suis persuadée qu’en ce moment, il pense à vous deux. Crois-tu qu’il aurait pris tant de risques pour vous aider s’il ne tenait pas à vous ?
C’est à cet instant que Sébastien entra comme une furie dans l’auberge. Il courut vers ses enfants, les étreignit, les embrassa. Toine et Simone le laissèrent faire, hébétés par sa présence.
- Papa ? Mais que fais-tu ici ? s’exclama Simone.
- Comment ça ? Vous étiez perdus au milieu de nulle part ! Dès que j’ai su, je suis venu ! Maintenant que vous êtes là, il faut que vous alliez dormir car demain, une longue route nous attend.
- Mais, papa, on reste avec maman, c’est la période des vacances chez maman en ce moment ! rétorqua Toine, un peu en colère.
- Simone, toi tu peux comprendre ! Je ne peux pas vous laisser avec votre mère. Il faudra qu’elle s’explique sur ce qui vient de se passer. Perdre des enfants en pleine nature ! Je n’ai jamais vu ça !
- Arrête, papa ! coupa Simone avant de continuer : Maman n’a rien à se reprocher ! C’est nous qui nous sommes éloignés du car, pas elle ! C’est nous qui avons décidé de prendre le car suivant, pas elle !
- Elle n’aurait jamais dû vous laisser seuls !
- Papa ! On n’est plus des enfants ! insista Simone. Écoute, on se voit demain au petit déjeuner et puis, on continue nos vacances avec maman. Elle a prévu plein de trucs sympas pour nous, n’est-ce pas, maman ? dit-elle en regardant sa mère.
Valérie sourit et acquiesça de la tête. Sa fille venait définitivement d’enterrer la hache de guerre et Sébastien était bien trop intelligent pour oser l’en empêcher.
Quand le père fut parti, un peu maladroitement et en leur promettant d’être là dès neuf heures pour le petit déjeuner, Simone prit sa mère dans les bras et l’embrassa. Valérie laissa alors ses enfants. Ces quarante-huit heures sans fermer l'œil avaient eu raison d’elle et elle ressentait une envie incontrôlable de dormir. Elle leur fit promettre de ne pas trop tarder et monta avec Max dans la chambre.
Simone et Toine se dirigèrent vers le salon qui se trouvait à l’arrière de l’accueil. Le garçon se laissa tomber comme une grosse masse sur l’un des canapés. Un feu mourait dans la cheminée. Il avait eu le temps de réchauffer la pièce très cosy avec sa moquette vert bouteille d’un autre âge et son papier peint rose poudré.
- Tu penses qu’on le reverra un jour, osa Simone.
- Bien sûr ! On reviendra le voir ! On peut demander à maman de revenir pour les vacances de Toussaint. A ce moment-là, il sera descendu de sa montagne. Toine sourit, confiant en l’avenir, comme d’habitude.
- Vous ne verrez plus Jonas, du moins pas comme vous l’avez rencontré dans la montagne.
Une vieille femme courbée, vint s’asseoir face à Toine. Elle avait du mal à marcher malgré l’aide de sa canne. Puis elle continua :
- Il avait raison, Jo, vous êtes très belle !
- Comment pouvez-vous le savoir ? Vous le connaissez ? Vous lui avez parlé ? C’est impossible, il nous a laissé là-haut !
Simone réfléchissait à haute voix et reprit :
- En plus, vous n’avez pas l’air d’y voir grand-chose.
- Oh, ma chère enfant, il y a longtemps que j’ai appris à voir avec le cœur, répliqua-t- elle, en riant.
- Pourquoi nous ne pourrions pas revoir Jonas ? Je peux vous assurer que je reviendrai ici ! intervient Toine d’un air de défi.
- Oh j’en suis convaincue, mon garçon !
Elle ne cessait de regarder devant elle avec ses yeux clairs, presque blancs. On devinait que son sourire avait dû être beau dans sa jeunesse. Ses cheveux immaculés étaient ramassés en un chignon bas. Elle portait un châle d’un bleu criard qui tranchait avec sa robe noire. Simone se mit à l’imaginer à vingt ans. Elle avait dû être très belle.
- Ma chère, reprit l'ancêtre, voyez-vous la vitrine près de la cheminée ? - Oui, répondit Simone.
- Approchez-vous d’elle.
Toine, piqué par la curiosité, suivit sa sœur en boitillant vers la vitrine où tous deux s'arrêtèrent de stupeur ! Une vieille photo jaunie montrait un jeune homme au large chapeau qui posait fièrement devant la montagne. Un chien border collie était assis à ses pieds. Il s’appuyait sur sa houlette. Le jeune homme souriait. Derrière, on devinait son troupeau qui attendait le top départ pour monter vers l’estive. La photo était en sépia. On voyait qu’elle avait traversé les âges.
Sans bouger de son fauteuil, la vieille dame dit avec emphase :
- Je vous présente mon cousin, Jonas ! Cette photo a été prise juste avant le début de la transhumance de 1913. Ce fut son dernier été dans les montagnes.
- Mais c’est impossible ! s’écria Simone. Cà ne peut être lui, il devrait avoir cent vingt- cinq ans maintenant ! Impensable ! Il paraissait trop jeune ! Comme sur la photo !
- C’est peut-être son aïeul ! Le Jonas que nous connaissons, c’est son petit-fils, un truc de ce genre !
- Non, ma douce, Jonas est mort l’année suivante sur le champ de bataille de La Grande Guerre. Ce fut l’une des premières victimes de ce massacre. Avant de partir au front, il nous a raconté une étrange histoire à ma mère et moi. L’histoire de sa rencontre avec la femme de sa vie. Et crois- moi, qu’il n’a eu qu’un seul amour. Une jeune inconnue rencontrée dans les montagnes. Un amour furtif mais qui vous prend le cœur à jamais. A son retour, cet été-là, il n’a pas pu raconter son histoire. Tout le monde l’aurait pris pour un fou ! Tout le monde, sauf ma mère. Ma mère l’aimait comme un fils qu’elle n’avait pas eu. Un soir au coin du feu, il lui expliqua son aventure dans la montagne. Sa rencontre avec un jeune garçon et une jeune fille, habillés assez bizarrement et parlant d’une drôle de façon. Il lui a dit alors « ma vie est derrière moi si je ne peux un jour la retrouver ! »
La jeune fille avait les genoux qui s'entrechoquaient. Son petit monde, ses certitudes et même ses angoisses de ne pas retrouver Jonas venaient de voler en éclat. Elle dut s’asseoir sur l’accoudoir du chesterfield dans lequel s’était posé la vieille dame pour reprendre contenance.
- Enfin, donc c’était un fantôme, Jonas ? C’est ça que vous voulez nous faire gober ?
- Non, jeune homme ! Jonas était bien vivant dans ses montagnes quand vous l’avez rencontré. Elle marqua une pause. Connaissez-vous la distorsion du temps, jeunes gens ? Et sans attendre leur réponse : Il arrive à certains moments, très rares, je le conçois, que les âmes sœurs ne se rencontrent pas au bon moment, dans le bon espace temporel. Elles errent alors à travers leurs nombreuses vies sans jamais se trouver. Ce sont des âmes qui ne trouvent jamais la paix intérieure, recroquevillées sur elles-mêmes, ne sachant pourquoi elles sont sujettes à une forme de lassitude et de mélancolie. Vous connaissez bien ce sentiment, jeune fille, n’est-ce pas ? dit-elle en lui caressant la main. Ne vous sentez-vous pas comme.... Comment dirais- je...entière ces derniers jours ? Comme si une personne absente était revenue dans votre cœur ?
- Oui, répondit pensive Simone puis elle hésita...ma mère....
- Oh, non ! pas de ça ! ricana l’aïeule. Bien sûr, le fait que vous et votre mère vous vous soyez rapprochées n’est pas anodin mais je ne parle pas de relations humaines mais bien de relations mystiques ! Savez-vous que nous sommes prédisposés à rencontrer les mêmes âmes dans chacune de nos vies ? Même si, bien sûr, celles-ci ont des influences différentes, voire contraires, selon nos multiples existences. Les âmes chanceuses peuvent rencontrer celle qui s’alliera à elle pour l’éternité. Elles se rencontrent au cours d’une vie et reviennent ensuite dans l’autre. Lorsque deux âmes sœurs se retrouvent, rien ne peut les séparer, rien ne peut entacher le bonheur d’être ensemble pas même les maladies, l’insécurité, pas même la cruauté humaine.
- Donc si je comprends bien, Jonas et Simone sont des âmes sœurs. Sauf que c’est un peu pourri votre histoire car Jonas est mort il y a plus de 100 ans et ma soeur, elle n'a aucune chance de le revoir ! Moi non plus d’ailleurs ! Et vous, vous avez quel âge ? J’avoue que vous n’êtes pas de première jeunesse mais si vous avez connu Jo en 1913, vous devez être centenaire !
- Oh mais ne vous a-t-on pas appris qu’il était très impoli de demander l’âge d’une dame, mon garçon ! plaisanta-t-elle. Bien sûr que je suis centenaire. J’avais neuf ans en 1914. Je vais bientôt fêter mes cent-dix ans. Mais laissons cela, qui n’est pas vraiment important dans notre histoire, dit-elle en agitant sa vieille main devant elle comme pour balayer ses idées parasites.
Elle reprit :
- Jo vous a très certainement parlé de sa mère, Constance. Une femme merveilleuse mais si fragile ! C’était une vieille âme à bout de souffle. Elle erre encore dans les montagnes, et vous avez certainement dû la croiser sans le savoir. Il n’y a qu’une vieille âme qui a ce pouvoir de distorsion du temps ! Certainement, connaissait-elle le destin tragique de son fils et lorsqu’elle t’a reconnu comme étant son âme sœur, elle a fait en sorte que vous vous rencontriez.
- Me reconnaître ? Mais comment pourrait-elle me reconnaître sans jamais m’avoir rencontrée ?
- Encore une fois, vois réfléchissez dans un contexte de relation humaine, ma chère. Elle ne vous a pas reconnue en tant que Simone mais en tant qu’âme sœur de son fils. Son fils, voué à perdre son enveloppe humaine en 14. Une vieille âme ne s’arrête pas à ce simple détail qu’est l’espace temporel. Elle n'en a cure ! Pour elle, c’est un jeu d’enfant que de distordre le temps ! N’avez-vous pas, à un moment de votre séjour, ressenti un bien-être, même succinct, avant de rencontrer Jonas ?
Simone se mit à cogiter. Elle n’osait croire la vieille femme. Imaginer ne plus revoir Jonas lui était insupportable. Elle aurait dû dire à Jo ce qu’elle ressentait. Elle aurait dû lui parler. Oui, elle se souvenait d’un bref instant où elle s’est sentie bien. Lorsqu’elle se trouvait dans la tour du donjon à Lastours. Elle en fit part.
- Souvent les vieilles âmes, qui n’ont plus la force de se donner enveloppe humaine, passent et repassent dans les endroits où ils ont vécu. Ils ont une mission d’observation et d’assistance aux âmes nouvelles. Jonas et toi, vous êtes des âmes de peu de vies, qui se cherchaient encore. La mère de Jonas, comme beaucoup de vieilles âmes, est restée imprégnée de sa dernière existence. Elle même était une entité mouvementée, ce pourquoi elle n’eut pas la force de garder sa dernière enveloppe bien longtemps. L’amour pour Jonas est encore très présent. Elle ne veut pas que vos âmes se cherchent indéfiniment. Elle ne veut pas que vous soyez malheureux comme elle a pu l’être.
- Et moi ? Toine se prit au jeu, je suis une jeune ou une vieille âme ?
- Toi mon garçon, ton âme est sage et pure. Je suis persuadée que tu feras de grandes choses.
- Comment pouvez-vous savoir tout ça ? Comment pouvons-nous vous croire ?
Simone ne voulait pas perdre contenance. Sa méfiance naturelle et son côté cartésien l’empêchaient d’adhérer à cette pseudo théorie de la distorsion du temps.
- Vous avez besoin de preuve, jeune fille. Je peux comprendre. Voyez sur quoi est posé la photo.
Simone retourna près de la photographie. Celle-ci reposait sur une boîte en bois marquetée. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour la reconnaître. Elle regarda la vieille dame, incrédule.
- Prenez là et ouvrez là...
Simone ne se fit pas prier. Pourtant, c’était impossible que ce soit la même boîte qui trônait sur la cheminée de Jonas. La boîte de la cabane était toujours dans la cabane et, Jonas, ‘son Jonas’, à ce moment précis, remontait vers ses brebis. Elle la prit délicatement entre ses doigts fins et l’ouvrit. A l’intérieur, un bout de tissu vieilli avec des motifs fleuris, une vieille photo jaunie d’une jeune femme habillée à l’ancienne devant la même montagne et un sifflet où il était gravé J.O., celui de Jonas. Ce qui était le plus incroyable restait le petit bout de papier jauni par le temps où se trouvaient leurs numéros de portable.
- Ça ne veut rien dire souffla-t-elle, le regard embué.
- Ma chère, vous reconnaissez le bout de tissu. C’est un morceau de votre propre chemisier que vous avez déchiré pour soigner Jonas dans la montagne. Et ce bout de papier, n’est-ce pas Toine qui lui aurait donné cet après-midi même ?
Simone s’affaissa contre le mur, elle regardait son frère sans vraiment le voir. On pouvait deviner la détresse qui lui parcourait le corps. Un ange passa pendant quelques secondes, comme pour permettre à la jeune fille d’accuser le coup et d’accepter l’inacceptable. Toine prit le papier dans les mains, choqué par ce qu’il découvrait.
- Simone ! C’est bien mon papier, mon écriture ! Nos numéros ! Mais pourquoi n’a-t- il pas réagit ?
- Jo nous a expliqué qu’il avait été totalement déstabilisé. Il a vite compris que vous n’étiez pas du même monde. Il ne comprenait pas toujours ce dont vous parliez et lorsqu’il a vu vos portables, il s’est posé beaucoup de questions. Il a fini par se douter que vous étiez d’ailleurs. Mais comment vous en parler ? Pour vous, il était un inconnu, vous l’auriez pris pour un fou et vous auriez très certainement pris la fuite au risque de votre vie.
L’ancêtre sentit la détresse de Simone, elle l’interpella doucement :
- Ma chère, pensez-vous que cette vieille âme vous a réuni juste pour vous faire souffrir par la suite ? Il y a une autre croyance qui nous explique que lorsque deux âmes sœurs se rencontrent dans la vie humaine, l’une ne peut survivre au départ de l’autre à moins d’avoir atteint un état de sagesse extrême. Pensez-vous que la mère de Jonas voulait votre désespoir ?
- Je ne sais pas si ce que vous racontez est vrai mais si c’est le cas, ce n’est pas moi l’important mais Jonas. Elle voulait qu’il soit heureux avant de mourir.
- Ou alors, elle voulait qu’il puisse vous reconnaître dans sa prochaine vie, répondit l’ancêtre. Vous vous êtes raté tant de fois ! En vous faisant rencontrer dans cette montagne, elle vous a permis de vous lier.
La vieille dame marqua une pause et continua en tutoyant la jeune fille, émue par son désarroi.
- Peut-être ne rencontreras-tu pas Jonas dans cette vie-ci, mais sois certaine que dans l’immensité de l’existence de ta jeune âme, il te reviendra.
- Comment le reconnaîtrais-je ?
Le chignon blanchi par les années se mit à trembloter au rythme des petits rires de sa propriétaire.
- Oh, cette chère Constance était suffisamment intelligente pour te laisser quelques indices, va ! Mais surtout, aie confiance en ton cœur et en ton intuition, jeune fille.
Toine prit la parole :
- Humm, je ne veux pas casser l’ambiance mais si Simone ne rencontre pas Jonas dans cette vie, alors, elle va être malheureuse jusqu’à sa mort !
- Ou bien elle trouvera une autre façon d’exister, mon garçon. Nulle âme ne se trouve sur terre par hasard, même si celle-ci ne rencontre pas son âme sœur. Chacun a une mission à accomplir, chacun doit grandir dans toute vie.
- Et vous, quelle a été votre mission sur terre, Madame ?
- Voudrais-tu que je te raconte 109 ans de vie ? fit-elle en riant. Elles ont été multiples mais cela fait longtemps que j’attendais de pouvoir parler à ta sœur. Je savais qu’un jour, je rencontrerai une jeune fille qui descendrait de cette montagne et qui me parlerait de mon cher cousin.
Elle se tourna vers la jeune fille et lui fit mine d’approcher. Elle lui prit les mains. Simone sentit à quelle point sa peau, aussi vieille qu’elle soit, était d’une douceur et d’une finesse incroyable. Elle sentit le parfum de rose lorsque la vieille dame lui murmura à l’oreille.
- Sois confiante ! Vos chemins se croiseront à nouveau ! Allez, maintenant déguerpissez les jeunes, je suis fatiguée avec toute cette histoire !
Et sur ces mots la vieille dame se remit debout en prenant appui sur sa canne qui paraissait aussi vieille qu’elle. Elle clopina doucement pour quitter la pièce.
Toine remit la photo sur le petit coffret dans la vitrine non sans prendre la peine d’en faire une copie avec son portable. Il vint ensuite près de sa sœur pour lui tapoter l’épaule.
- Allez, sœurette, tout se tient. Et je suis persuadé maintenant que la lueur bleue qui nous a aidé et bien, c’était l’esprit de la mère de Jo !
- Oh non ! Toine, tu ne vas pas recommencer avec ça !
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