Je me souviens quand on était gosses, on parlait toujours pour un oui ou pour un non, on se prenait pour des philosphes. J'aimais bien t'avoir à mes côtés, t'avais du bagou, t'étais intelligent, poilant. Combien d'heures avons nous passé à parler de sujets inénarrables? Je pense pouvoir dire sans mentir qu'elles se comptent en centaines. On se voyait en journée au lycée, et le soir on s'appelait. On parlait tellement qu'on en oubliait de se coucher, et on arrivait dans le bus les yeux tirés par la fatigue et pourtant le lendemain, on recommençait. Je ne sais pas toi, mais je t'assure que moi, je me suis fait souvent engueuler pour avoir "oublié" de me coucher.

Le temps est passé depuis, nos envies d'écrire ensemble se sont peu à peu cassées, mais je les garde dans un coin de ma tête, pour le jour où tu souhaiteras les réparer. On a arrêté de jouer les philosophes, la vie l'a fait pour nous. On a pris des chemins différents, j'ai choisi la biologie, toi l'histoire. Remarque que tu es plus nul en biologie que je ne le suis en histoire. J'ai choisi l'enseignement toi la recherche. Tu as toujours aimé chercher les réponses à tes questions, moi je t'écoutais me donner les réponses à des questions que je ne me posais pas, mais tu fais ça si bien qu'on ne peut que t'écouter. Moi? Je continue à chercher, mais tu le sais, je préfère transmettre ce que je sais déjà.

Je pensais que la vie nous séparerait mais pour l'instant, force est de constater qu'elle a échoué. J'ai eu une fille, toi tu veux en avoir une. L'an prochain, tu te marieras, et moi aussi. Je sais déjà que tu seras mon témoin, et je sais que je serai le tien. Tu sais, depuis quelques jours on parle d'un second enfant dans l'appartement. Quand cet enfant viendra au monde, je serai fier de lui dire que tu es son parrain. J'écris sans prendre le temps de voir si les idées s'enchaînent avec fluidité, et je ne relierai pas ce texte car sinon je l'effacerai totalement. Et puis au fond, je peux y écrire ce que je veux, je sais que tu ne le liras jamais alors tu pourras garder ta critique littéraire pour toi mon cher ami. Pourtant, je serai curieux de voir ta réaction face à cette débauche de sentiments mal exprimés. Le lecteur excusera les phrases mal formulées, les virgules mal placées, mais je laisse aller mes mains sur le clavier sans chercher les bonnes sonorités, la bonne musicalité, je ne farderai pas la réalité. pas cette fois-ci.

Je me suis parfois demandé ce que tu pouvais faire d'un ami comme moi. Nous avons beaucoup de différences, nous n'avons même pas la même France. Tu es doux de caractère, tu aimes la plage et profiter de la vie. Tu es tout à fait mon contraire. Nous n'étions même pas de la même enfance. Alors pourquoi s'aime-t-on tant mon ami? Simplement parce que c'est toi et parce que c'est moi.

Je ne sais pas vraiment parler de toi, et c'est bien normal, il est toujours difficile de parler des monuments, de les peindre, les décrire. C'est mon ami et dès que je l'ai vu apparaître, j'ai tout de suite su que ce serait lui. Lui qui allait m'apprendre à être ce que je suis. Et je dois bien vous l'avouer, si je suis encore en vie aujourd'hui, je ne le dois pas à cette femme qui a illuminé ma vie, mais bien à mon ami.

Je ne suis généralement pas expressif, je cache souvent mes sentiments, mais puisque jamais tu ne liras cela, je peux bien me permettre de t'écrire ces quelques mots.