Chapitre 1er

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 Actuellement, il y a deux coléoptères qui baisent sur le bord de ma fenêtre cassée. Et ça doit bien faire deux bonnes heures que je les observe. Leur vies sexuelles est plus palpitante et torride que la mienne. Putain d’insomnie… J’arrive pas à fermer l’œil alors que Chichi, lui, dort comme un bébé sur son coussin attitré. Son vrai prénom, c’est Chichioya, mais c’est plus mignon Chichi. Chichi, c’est un truc qui est apparu suite au décès de mon père, quand j’étais bébé. On dirait une grosse boule de chewing-gum noir et violet. Ça le rend chou. Je l’envie.

La nuit, je fais toujours des insomnies. En plus d’un mal au crâne et au dos atroces, abominables. Contrairement au jour,ou j’ai l’impression d’hiberner. C’est épuisant. A force, des cernes se sont dessiner sous mes yeux rouges rubis. Mais je m’y suis habituer. Je passe mon temps à regarder par cette vitre brisée ce monde nocturne… Mais il y a une personne qui me fait oublier ces douleurs insupportables : William. Je sais que quand mon réveil va sonner, je le verrai dans l’heure qui suit, dans l’enceinte de notre bahut. Et il sonne dans quelques minutes. Fais chier… J’ai pas dormi. J’observe encore les deux coléoptères avant de soupirer et les expulser d’une pichenette en grommelant. Ces bestioles me saoule. Je m’affale dans mon lit, fixant Chichi avant de lui caresser le haut de son crâne. Rien ne peut perturber le sommeil de cette boule d’amour…

L’aube arrive enfin ! Trente minutes putain ! Sur mon réveil, il est bientôt afficher sept heures. C’est l’heure à laquelle je suis censé me réveiller, comme une personne normale quoi. Mais ce n’est qu’à cet instant que Morphée décide de m’ouvrir ses bras. Quelle connasse ! Cette fois-ci, je ne me ferai pas avoir…

*

* *

J’ouvre doucement mes yeux. Les rayons du soleil caressent mon visage. J’entends mon réveil sonner en boucle. Chichi dort encore. Me suis-je endormie ? J’éteins mon réveil. Je suis en train d’émerger quand j’entends la voix rauque de ma mère depuis les escaliers :

« Laura chérie ! Tu es encore en retard ! Dépêche toi ! »

Quand j’ai entendu ces quelques mots, je me tourne vers mon réveil qui affiche treize heures. Je bondis de mon lit en criant « MERDE ! », réveillant en panique ma bestiole. Réveil de merde ! Foutues insomnies aussi… Ce réveil ne fonctionne jamais quand on a vraiment besoin de lui. Comme tout en faite.

Je prend tout ce qui passe sous ma main pour pouvoir mettre un truc sur mon cul. Il est déjà treize heures ! Putain, les gars, treize heures ! Je vais me faire tuer par tous mes profs… Bon, si c’est William qui me fait la morale, tant pis. Ou même tant mieux ! Comme ça, il me parlera de sa belle voix rauque et suave… C’est William quoi ! Ce mec est, certes, con comme ses pieds ! Mais il est tellement mignon… Je l’aime et sa connerie qui m’attire chez lui. Il est...différent. C’est pas le genre de gars qui pense avec sa bite si vous voyez ce que je veux dire. Avec ses yeux violets, tel une améthyste, est son look rock’n’roll et punk. Franchement ? Si c’était un morceau de bidoche, je le savourerai avec une bonne sauce au poivre à la bière. Je vous la conseille cette sauce, c’est tellement bon ! Surtout avec de la viande rouge…

Je me regarde vite fait dans mon miroir. Ma marque de naissance est toujours là. C’est une sorte de pentacle satanique avec un arbre de vie. C’est pas un tatouage, promis ! J’attache mes cheveux naturellement mauve et enfile l’uniforme de mon lycée. J’enfile avec tout ça un gilet orange assorti à l’uniforme avant de descendre. J’ai toujours l’impression que la jupe est un peu courte… m’en branle ! J’arrive pour boire mon café quand je vois ma mère cracher sa fumée de cigarette dans les orchidées fanée depuis trois semaines, et qui traîne sur la table depuis bien plus longtemps.

Ma mère est une très belle femme. Yeux noir, cheveux châtain coupé au carrée, toujours vêtu de vêtements noirs. Le seule problème ? Ah ah ! C’est que j’en ras le cul de ramasser les canette de bière et les mégots de cigarettes !

« Tu en as mis du temps pour lever ton cul ma puce, tu as mal dormi ?

- Maman…. J’étais prête a y aller mais c’est pas ma faute ! C’est mon réveil ! Et tu sais très bien que tout le monde me déteste au bahut... »

J’ai beau lui expliqué, rien ne fonctionne avec ma mère.

« Tu sais très bien que ce monde me conviens pas non plus ! Je préfère les trolls, les gobelins , les elfes, Etc. La nuit quoi !

- Tu fais trop de jeu drôle Laura. Ces créatures n’existent pas, dit-elle en me fuyant du regard, tirant sur sa clope.

- Ça se dit jeu de rôle maman… Et je ne mens pas ! C’est vraiment ce qui se passe la nuit ! J’ai déjà vu des elfes torchés une fois, c’était plutôt marrant.

- Toutes tes idées, tes elfes et le reste. C’est ton imagination !

- Et Chichi ? C’est mon imagination peut être ? C’est pas un clébard ou je ne..

- Ne parle pas de Chichioya comme ça ! On va reprendre rendez vous chez le Dr Kuchel…

- Tu vois ? Tes propos sont contradictoires ! »

Ma mère frappe du poing sur la table, me faisant comprendre que je doit me taire, son regard noir en disant d’avantage. Elle est bizarre quand on parle de Chichi. On dirait presque un sujet tabou.

Comme je le dis précédemment, mon père est décédé. Et suite à ça, Chichi nous ai apparu. Ma mère ne croit pas au paranormal, à part en lui. Désolé, mais si Chichi n’est pas paranormal, c’est que je suis conne. Il faut dire que de nos jours, le paranormal fait plus rire qu’autre chose. Mais souvenez vous ! Jeff the killer, Bluddy Merry, la Dame blanche ou la fille au verre d’eau ! Même l’idée de croiser Kuchisake-Onna dans les rues sombres, le soir, nous terrifiait ! Balancer lui des bonbons dans la gueule et barrez vous après, elle comprend que dalle à chaque fois c’est trop marrant ! Mais cette mode est passée maintenant… maintenant c’est internet et leur Slenderman et leur jeux d’horreurs de pacotillle… Bah pas moi ! J’ai vu des sirènes, des orcs et des vampires ! Mais il y a aussi des sorcières. Putain, mais les sorcières… Les sorcières sont les humanoïdes les plus puissants et fascinants quand je les observe. Tout le monde les craint. Tu m’étonnes ! Elles lancent des sorts trop stylés ! Genre possession, poison et tout. Mais bon, les humains sont nés pour avoir des œillères. Ils préfèrent croire en ce qu’il voit. Certains peuvent voir ce que je peux voir la nuit tombée…. Mais préfèrent l’ignorer et rester dans le superflu. La banalité quoi. Le monde entre guillemets normal quoi.

« Je te rappelle que tu es en retard Laura.

- Oh merde ! C’est vrai ! »

Je gobe mon pain au lait et file mettre mes grosses godasses. Des grosses Dr Martens noir et usée. Chichi descend en virevoltant dans les airs et va se coller à ma mère, la faisant sourire. Elle lui propose un morceau de sucre, qu’il dévore goulûment. Je ne sais pas comment ni pourquoi mais même sans chicots, il mange le sucre. Bizarre…

« Oï, Chichi ! On est à la bourre ! »

La créature se met à paniqué et vient vers moi. J’ouvre ma sacoche et il se cache dedans. J’aime cette bestiole. Je me demande si c’est une espèce en particulier, parce que bestiole, quand même… Je me dirige vers mon lycée à vive allure, saluant ma mère et les voisins au passage. Puis je me suis souvenu que j’avais espagnol. C’est bon hein. ¡ Habló español ! Je ralentis le pas. Je profite du paysage ensoleillée, des papillons, des fleurs… Bon, je déteste l’espagnol mais je me pèle les couilles quand même. Alors je me remet à marcher rapidement. Fait chier quoi… Si il ne faisait pas si froid, je bougerai pas autant mon cul. Tant pis. Je sens Chichi s’agiter dans mon sac. Je ne sais pas pourquoi, mais en je me sentais suivi au même moment. Je me tourne, mais rien. Je veux rentrer chez moi… J’aime pas l’école, les cours, l’espagnol en particulier… Je les hais. Va te faire foutre maman !

*

* *

Je me retrouve devant les portes bousillés de ce qui va être ma prison pour l’après midi. Je sens déjà les regards jugeurs tournés vers moi, alors que je n’ai pas encore pénétré l’enceinte des murs. Je sais, on dirait que je suis tatouée à cause de ma marque de naissance et mes cheveux violets. Mes yeux rouges n’aide en rien. Le plus naturelle, ce sont mes tâches de rousseurs et mes percings aux oreilles. Mais on est dans une école d’élite. Pour personne de bonne famille. J’ai eu de la chatte à être accepter ici. Mais j’ai dix-neufs ans. Et encore au lycée. J’ai redoublé en primaire parce que j’avais mordue ma prof à la nuque, comme les vampires, et j’ai été virée pendant trois semaines après ça ! J’en suis encore fier aujoud’hui, ça pissait le sang, ahah !

  T’as vu ? Encore en retard cette cruche.

Faut qu’elle change de look, c’est dégueulasse.

Ces phrases me ramène à la réalité. Franchement, c’est d’une maturité… J’en peux plus de leurs critiques. C’est redondant. Sérieux, à quoi servent ces critiques ? A se mettre en valeur ? Mon cul oui. Ça sert surtout à faire enfler les chevilles des pouffiasses. Et des guignoles, faut pas les oublier, les pauvres. Je me sens bien moi, dans mes pompes. Je me sens… moi. Pas superficielle. Je ne suis pas comme ces greluches à talons et rouge à lèvres de pute. Moi, j’ai un style, une identité, je suis moi. Rien à branler.

« Sympa ta veste aujourd’hui, Laura »

Je me fige. Ai-je bien entendu ? Est-ce bien lui ? Je me tourne vers cette magnifique voix. Je n’en crois ni mes yeux, ni mes oreilles. William. William est en face de moi ! Il est là ! Il m’a complimenté ! Il me regarde avec un sourire. Ses lèvres sont tellement tentantes… J’aimerai tellement les embrasser et fusionner avec elles pour ne faire plus qu’un avec lui. Mais étrangement, mon corps à peur de lui… Pourquoi ? C’est l’homme parfait ! Mais je me sens quand même angoissée…

« On se voit en cours ? » demande-t-il en me faisant quitter mes pensées.

J’acquiesce timidement. Il me salue d’un clin d’œil et se dirige vers notre classe. Trop bien ! Dans vos dents les pétasses !

« On voit que la chienne a une nouvelle proie ? »

Je m’arrête. Comment ? A-t-elle vraiment osé ? Je me tourne vers mon interlocutrice. Comme d’habitude, c’est Annie et sa clic. Elle me fait chier depuis la seconde. Tellement cliché… Elle devrait peut-être être plus originale. Je lui répond avec ma tendre délica-fesse :

« Je vois que comme d’habitude, tu traînes tes putes, Annie. »

Elle me regarde d’un air abasourdi, comme si je l’ai insulté ou un truc du genre. Et ouai poulette, j’ai tellement l’habitude de tes moqueries qu’à force, je m’en branle. En plus, William m’a parlé. Alors là, j’en ai tellement rien à foutre, c’est un niveau lunaire. Dommage joli cœur. Je pars vers les toilettes, fier de moi. Je sais qu’elle voulait une autre réaction de ma part, et ça me fait jubiler. Je ne suis plus la frêle fille d’il y a un an. Maintenant, faut avancer connasse.

Oui, c’est ça, faut avancer… J’arrive aux toilettes. J’attends qu’une cabine se libère. Chichi est surexcité dans mon sac. Je vais le libérer dans les chiottes. Une cabine se libère. Enfin ! Je m’enferme dedans et libère ma bestiole. Je tremble… pourquoi ? Et quelque chose coule sur mes joues… Je pleure ? Non, impossible. Je ne suis plus la pleurnicharde. Chichi est paniqué et se colle à moi. Qu’est ce qui peut bien le faire paniquer comme ça ? J’essaye de le consoler, le rassurer, mais rien à faire. Il est tétanisé. Je renifle et le console, répétant cette phrase d’une voix tremblante : Tout va bien si on reste ensemble. Il me regarde et j’accepte la situation, je pleure. L’atmosphère des toilettes et mon entre jambes me rappelle de mauvais souvenir dans ce lieu souillé de pisse et bien d’autre chose…

*

* *

C’est une classe plutôt banale aujourd’hui. Des batailles de gommes, du bavardage et la prof d’espagnole qui nous répète qu’on est la pire classe. Franchement, j’ai raison non ? Une classe normal. Qui a déjà eu une classe calme ? Personne. Même pas Albert Einstein mon gars ! Imaginez, un calme plat, des élèves sérieux et rigoureux… Et bah arrêtez tout de suite ! Ça n’existe pas ! Pendant ce brouhaha, j’admire William, depuis le fond de la classe. Il est si beau quand il est concentrer… Son dos est si attirant, envoûtant. Avec son bonnet et ses cheveux noir corbeau...grr ! Il replace une de ses mèches de cheveux derrière sont oreille, dévoilant quelques uns de ses nombreuses boucles d’oreilles. Ça lui donne un côté enfantin, presque girly, j’aime bien. Ou ça rajoute un peu de niaiserie à ce bel étalon !

Chichi bouge de plus en plus dans mon sac. Qu’est-ce qu’il a putain ! J’essaie de me concentrer mais rien à faire, j’y arrive pas. Je me fige d’un coup. Je me sens observer… Je tente, discrètement, de savoir d’où proviens cette sensation. Dehors. Ça viens de dehors. Je me lève d’un coup et vais voir par la fenêtre. Rien. Mais maintenant, toute la classe me regarde. William aussi. Il a un regard insistant. Annie ricane :

« Tu deviens tarée ma pauvre Laura.

- Et alors ? J’ai pas le droit de regarder dehors ? »

Une dispute éclate, comme d’habitude, entre nous. Le ton monte, la prof s’interpose (enfin tente de s’interposer), les légendaires connasse, salope, pétasse sont utilisés. Et soudain…

« Si ton père te voyais, ma pauvre chérie. »

S’en ai trop. Je me jette sur elle et la gifle. On s’est toujours insulté, mais jamais frappé. Sa joue rougit sur le coup. Elle me dévisage et me met une patate de forain dans le nez. Quelle poigne ! Je sens mon sang, pour la première fois, s’écoule. Annie se décompose sur place, effrayée.

« Bah quoi ? » dis-je.

Toute la classe est terrifiée. J’ose pas regarder William. J’essuie le sang avec ma manche. Mon sang. Il est noir. Je recule ma main rapidement de mon visage, choquée. Je recule, affrontant les regards de mes camarades de classe. Chichi sort de mon sac et vient se coller à moi, tout tremblant. Des hurlements d’effroi résonnent dans la classe. Non… il est pas dangereux...Je le garde contre moi et sors, fuyant ma classe, pour aller sur le toit, en pleurant, mon nez en sang.

Je regarde ma bestiole virevolter dans les air. Je suis contre le cabanon sur le toit, me calmant. Je le regarde. Qu’est ce qu’on va faire maintenant… Je suis un monstre et on a découvert Chichi. Pourquoi je l’ai emmené aussi… Je me recroqueville sur moi-même, les mains tremblantes. Tout va bien si on reste ensemble. Je regarde mes pieds quand j’ai encore cette sensation d’être observer. Je me tourne directement vers ma droite. Vers l’aura qui me suit depuis tout à l’heure.

Cette chose à la peau toute fripée a la bouche aussi grande qu’un gouffre sombre et sans fond. Ses bras sont des pieux d’un mètre environ et ensanglantés. Des jambes minuscules mais de grands pieds pour s’en servir comme propulseur. Se propulsant vers moi, dévoilant ses dents jauni et crochu, bouche ouverte et langue sorti, prêt à me dévorer. OK, je suis morte.

A suivre...

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