Dans la savane, tuer pour manger, c'est la loi !
Cela faisait à présent trois ou quatre heures
Que nous observions, juché sur une butte
Un guépard patient sous le soleil rieur.
Un troupeau de gazelles guettait la chute
inéluctable de l'un des leurs, les dents
du félin serrant la gorge, pas de lutte.
Une tornade, sables rouges sifflant
Photographes somnolent, sueurs ruissellent
Zoom sur la caisse, prêt à saisir l'instant.
Dans le ciel les vautours tirent leurs ailes
Sous les acacias ricanent les hyènes
Sur les petits lionceaux veillent les femelles.
Une famille phacochère passe, traine
Babouins collés s'épouillent dans les branches
Le guépard a compris, soudain se démène.
Les premiers pas hésitant, il se déhanche
Sa longue queue en panache équilibre
Le cou taché des girafes aussi penchent.
Tout-terrain, suivant le chita, roule libre
Les objectifs s'affolent, filment la course
Le félin lâche les freins, la terre vibre.
Intense, le temps fige, sème la frousse
La gorge d'un bébé au sol allongé
S'ouvre déjà et le sang coule, chaud, mousse.
Trop tard, rien à faire, dure vérité
ici c'est la loi de la faim qui domine
Hélas, le guépard n'a pas toujours gagné.
Parfois les singes volent les victimes
Dans les arbres, gardés haut pour se nourir
Sur la savane, le chaud soleil s'abîme.
Les bufles forcent en ligne à courir
Avec eux antilopes, gnous, zèbres fous
Toujours bouger, vivre pour ne pas mourir.
Mara sur toi, il veille, Massaï debout.
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