Jean et Musine
Depuis la fin de l’hiver, personne n’était revenu au château perdu dans les bois et en ce matin d’automne, alors que les nuits se rallongeaient peu à peu, les ténèbres s’accrochaient encore aux branches des arbres, l’air devenait plus vif, et là-bas, au lointain, un soleil pâle peinait à se lever. Les torches jaunes des paysans cheminaient vers la haute bâtisse où quelques carrosses les attendaient. Une fois passées les grilles et parvenus au parvis, les nobles peu aimables et armés de rapières dont le métal luisait aux feux des flambeaux leur donnèrent des instructions quelque peu sèches et rapidement la petite foule pénétra silencieusement dans le bâtiment. Alors chaque pièce fut investie et commença, comme l’eussent fait de petites fourmis, leur déménagement. Il investit avec d’autres gaillards le grand salon où étaient donnés avant des banquets charmants. La pièce immense, bien que désormais abandonnée, conservait encore cette atmosphère des libations passées, les tentures aux motifs suggestifs et les tapis étouffaient les pas, et c’est non sans une certaine gêne qu’ils commencèrent à rassembler les meubles, empoignant bien malgré eux des phallus triomphants et des mamelons énormes sculptés dans des bois nobles et bruns. Il se souvenait que trop de ces festivités auxquelles il avait participé.
En effet, un beau matin de printemps, il y a de cela déjà quelques années, alors qu’il faisait ses ablutions dans le petit cours d’eau en bas de sa ferme, il fut surpris, nu, par les nobles du château qui revenaient d’une chasse. Il essaya comme il put de se couvrir d’une étoffe, mais les cavaliers lui demandèrent poliment de rester ainsi, bien visible par cette petite assemblée chamarrée. Des commentaires admiratifs et des petits gloussements de surprise se firent entendre et c’est avec étonnement qu’il fut convié à venir le soir venu. En se retirant les dames, mais aussi quelques messieurs, le regardaient avec insistance et gourmandise, il était évident qu’il leur avait donné dans l’œil. La dernière cavalière insista bien sur la nécessité de sa présence, qu’il vienne même un peu plus tôt afin de le préparer au dîner qui serait donné en son honneur. Troublé, il opina du chef, tentant de couvrir de sa main ses attributs qui, à son insu, s’échauffèrent, ce qui fit rire de manière charmante la demoiselle.
En fin d’après-midi, comme convenu, il sonna à la cloche de la grille, un valet vient l’accueillir et l’accompagna dans les dépendances où lui fut servi une collation. Une fois restauré, la servante qui avait insisté sur sa présence le matin même, le lava délicatement, lui rasa le nœud et le rectum, et l’oignit d’une huile légèrement parfumée, légèrement musquée. Il sentait monter en lui comme une force qui l’enivrait, et quand la bonne lui prit le membre à pleine main pour l’huiler délicatement ainsi que son entrée secrète, son érection fut impressionnante et il bredouilla, troublé, complètement allumé. Sa main douce s’attarda un instant, mais ne le branla point, les bonnes choses auront lieu ce soir mon cher ami, patience. Il la regarda l’œil troublé, elle lui répondit avec des yeux rieurs, mais néanmoins énigmatiques. Alors, pour lui permettre de dissiper un instant sa gêne, elle lui remit des vêtements neufs et délicatement ourlés, qu’il revêtit sans parvenir le moins du monde à dissimuler ses pensées ô combien visibles sous la riche étoffe. Une fois fait, il suivit la chambrière dans les couloirs du manoir, non sans entendre murmurer derrière lui des appréciations flatteuses à son endroit.
Ils arrivèrent à un boudoir où il lui fut demandé d’attendre un petit instant. Il s’assit confortablement dans une méridienne, à côté d'une table. Délicatement ouvragée de satyres lutinant, il y trônait une coupe de fruits en argent aux gravures libidineuses, contenant du raisin, des figues et des poires, des roses dans un vase plus loin. Il contempla les tableaux érotiques aux murs et les sculptures sans équivoques des boiseries. Il considérait sa situation, et ma foi, il n’y comprenait pas grand-chose. Aussi, il avisa un des fruits laissé là à son intention et mordit dedans. Le fruit, une figue, juteuse et bien sucrée, lui offrit une parenthèse dans ses pensées échauffées par cette toilette, la douceur des mains de la lisette et le parfum qui l’enivrait. Depuis ce matin, c’était à n’y rien comprendre. Fourbu, alangui, il s’assoupit. Ses pensées devinrent rêves où il pouvait enfin trousser cette petite suivante, qui admettons-le, lui faisait beaucoup d’effet. Lorsque tinta le carillon, il se réveilla au garde-à-vous, l’étoffe souple ne contraignant absolument en rien sa virilité. Les portes s’ouvrirent sur un salon majestueux. Des bougies installées un peu partout éclairaient l’assemblée visiblement heureuse de le découvrir. Les hôtes le saluèrent et le remercièrent de sa venue, et il fut installé à côté d’eux, au centre de la pièce et de toutes les attentions.
Il se remémorait bien la suite des événements. Des candélabres éclairaient des danseurs et des danseuses habillés de leur seule nudité et égayaient cette joyeuse société bigarrée. Plus loin, les musiciens, tout à leur instrument, jouaient des airs guillerets et agréables. Il mangea avec délice la viande rôtie, quelques figues encore et plusieurs coupes d’un vin fort. La conversation était charmante et peut-être était-ce l’effet des mets délicats, du vin légèrement capiteux, aussi lorsqu’une main lui caressa l’épaule gentiment, lorsque cette phrase lui enjoignant de se laisser aller à goûter à l’esprit de liberté qui soufflait ici lui fut chuchotée à l’oreille et qu’il sentit la peau de son hôtesse, il se laissa gagner lui aussi par l’ambiance charnelle et sensuelle. Les hommes et les femmes commençaient, comme si tout ceci fut naturel, par se rapprocher et se caresser. Un genou, une main, une joue. Les rires étaient gais, joyeux, clairs. Là un baiser doux, là une embrassade à pleine bouche. Une main remontait le long de sa cuisse et commençait à palper son chibre à travers le velours. Des lèvres lui prirent la bouche et ses lèvres et sa langue répondit à ce patin, goulûment, comme s’il n’attendait que ça, depuis toujours. Une autre bouche l’embrassait au bas-ventre au travers du tissu, et bientôt sa pièce, devenue énorme fut libérée et exhibée. Un cri d’enthousiasme à la vue de son engin jailli des gorges autour de lui.
Une perle délicate sourdait de son méat, accrochant la lumière des bougies. Une bouche plus gourmande que les autres le goba tout à fait, jusqu’aux roustons, rendus glabres, et la chaleur de cette bouche goulue le renversa tout à fait sur les coussins. Il fut embrassé par moult bouches d’hommes et de femmes, on lui palpait les fesses et l’intérieur des cuisses pendant qu’on lui pompait le vit avec ardeur. Une autre bouche le prit, puis une autre encore, comme si tout le monde voulait goûter ce braquemart aux dimensions charmantes. On finit par le libérer, et une gentille vint se mettre à califourchon sur lui, l’empoigna par le manche mouillé des salives de toute cette humanité réunie pour lui, et manœuvra délicatement du cul pour chanter dans un filet de voix l’introït. Il la façonna vigoureusement, son fourreau ayant l’étroitesse convenable pour le retenir prisonnier, tout en lui pétrissant les pommes. Mais, dans cette volonté de reprendre la main, il la renversa dans un rire clair tout en continuant de l’embrocher pour la prendre en cygne, lui à genoux et ses jambes sur les épaules, sa croupe s’offrant alors d’elle-même à ses coups vigoureux.
À ses côtés, on ne mollissait pas, loin de là, les doigts gamahuchant une béquille ou un conin, et ardemment, on mouillait de la fesse dans une jolie fureur d’amour. Chacun faisait son devoir et connaissait ses postures qui, fonction des lubricités des uns et des autres, changeait le tableau et satisfaisait les goûts multiples en se foutant tant en con, qu’en cul, qu’en bouche ou en tétons. On s’enfilait joyeusement et gaillardement, buvait dans le même verre, aucun trou n’était oublié dans cette bataille. Les langues savaient satisfaire tout le monde, goûtant à tous les plaisirs sans se demander si cela était inconvenant ou pas, le seul empire étant celui du plus pur des libertinages, des plus amusant et des plus grisant. Certaines donzelles se trouvaient accommodées d’un gros godemiché entre les jambes, attaché avec de petits rubans de couleur vive autour du corps, qui semblait ainsi comme un membre naturel et dont elles se servaient en trou-madame ou en trou-monsieur, selon leur bon vouloir, comme l’aurait fait un homme tout aussi bien. Il y eut un fort joli tableau où, à quatre pattes des croupes de tous les genres se tendirent, attendant d’être possédées par des membres gorgés de sève, ou gainés de cuir. Et ceux-ci, telles des canonnières, pointaient leur azimut et ne demandaient qu’une chose, pointer leur cible et décharger leur foutre crémeux dans un même assaut.
D’autres gourmandes goûtèrent encore de son magnifique champignon sans que son vit mollit en rien. Son hôtesse lui présenta alors ses deux trous à prendre dans une charmante posture, comme l’aurait fait une jeune chienne découvrant pour la première fois la chose. Sa langue darda ses lèvres et son petit trou encore rempli des sèves d’autres avant, tandis que derrière lui on lui faisait patte d’araignée avec ses couillons encore bien remplis et une délicate feuille de rose avec la langue. Mais bientôt, n’y tenant plus, il l’entreprit et dans son soyeux et dans son étroitesse, afin de satisfaire à égalité de traitement ses deux passages du plaisir. Tandis qu’on le foutait en main, un doigt s’engagea dans son fessier, ce qui le fit râler de félicité. Son hôte, à ce soupir, l’introduit bientôt jusqu’à la garde sans plus de façon. Il se pâma aussitôt, et, dans le même esprit, il chaussa résolument le fignard de sa bergère à laquelle il était, le temps d’une foutrerie, marié. Celle-ci, sous l’effet de la ruade, tira la langue, les yeux révulsés de bonheur. Sur le champ, un berlingot força sa bouche et l’emplit jusqu’au fond de la gorge, lui baisant ainsi la bouche énergiquement. Et tandis qu’il malmenait de ses mains les seins de sa bougresse, son hôte s’échinait à lui donner du plaisir à grande cognée. Ce qui devait arriver arriva, la décharge fut envoyée au plus profond dans son cul, lui-même frémit avec violence entre les reins qu’il entreprenait avec force spasmes et semence. Dans la bouche de son hôtesse, le sperme chaud déborda tant la jouissance secoua le mâle à l’autre bout du manche.
Presqu’au même moment, les yeux blancs se firent dans l’assemblage et chacun, alangui de lubricité heureuse, chavira, bienheureux dans le sommeil. Bientôt, servantes et servants nettoyèrent d’une serviette douce trempée dans une vasque d’eau chaude chacun et chacune. La servante qui l’avait accueilli s’occupait à soulager avec son linge son membre encore gros et rouge. Elle essuya les gouttes de sperme et de sueur sur son torse avec une réelle tendresse. Lorsqu’il se réveilla, il était encore dans des brumes réjouissantes, il but un verre de ce bon vin, croqua une belle pomme juteuse, et reparti dans sa ferme, complètement heureux. D’autres soirées furent ainsi organisées, où l’on fêta comme il le fut lui-même, d’autres mignons et d’autre mignonnes. Il s’aguerrit complètement à l’art de la foutrerie, goûta avec curiosité d’autres plaisirs encore, mais bientôt les événements prirent une tout autre tournure. En effet, cette assemblée de libres-penseurs et de libres fouteurs n’était pas aux goûts de la bonne société, des arrestations eurent lieu, ainsi que des peines de bagne et des exécutions capitales en place publique furent prononcées. Un climat de plus en plus inquiet obscurcissait les esprits jusque-là insouciants et bientôt les soirées au manoir prirent fin. Jusqu’à ce que soit ordonné le démantèlement complet de ce château, auquel comble de l’ironie, on lui demandait de participer.
Aussi, avec d’autres, il vida les salles et les chambres de ce manoir qui avait su abriter les plaisirs les plus fins, les fornications les plus joyeuses. Les rires s’étaient tout simplement tus par l’effet d’esprits rétrogrades, étriqués et sans grandeur. Les nobles en noir, excédés par le volume incroyable de meubles, d’objets, de sculptures et de peinture, tous dédiés aux plus délicieuses luxures, décidèrent de brûler directement la bâtisse. Bientôt, un énorme brasier engloutit dans des flammes immenses ce qui restait de cette jolie parenthèse enchantée où des gentils hommes et des gentes dames n’avaient eu de cesse de célébrer la vie et la liberté. Libéré de ses obligations, il s’en alla, dépité vers la forêt, se retournant une dernière fois encore pour contempler la fin d’une époque où il fut heureux, délicieusement heureux. Les larmes aux yeux, il se décida enfin à partir définitivement et avisa une silhouette menue cachée derrière un gros chêne, et qu’elle ne fut pas sa surprise et sa joie de découvrir celle qui pendant tout ce temps, l’avait toujours délicatement préparé, rasé et oint. Il se reteint de lui faire la fête, de peur d’être vu par des regards suspicieux et mortifères, aussi s’éloignèrent-ils rapidement de ce lieu devenu cauchemar. Ils n’échangèrent pas beaucoup, il lui demanda son nom, Musine, lui, c’était Jean. « Restons ensemble et restons libres » furent ses dernières paroles en empruntant un petit chemin vers la vallée.
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