40 - Runes
4e jour de la saison du sapin 2450
L'horizon brillait d'un doré éblouissant et pourtant, aucun être ne bénéficiait de chaleur. L'hiver avait ravagé le territoire d'Atgoren, ne laissant qu'une couverture blanche de neige dans son sillage. Mais après la tempête vient le beau temps. Le ciel azure et dégagé couronnait le paysage plongé dans une sérénité qui parut, à ce moment, sempiternelle. L'air frais emplissait les poumons d'un duo d'adolescentes qui traversaient l'enceinte de l'académie d'Archlan. Quelques enfants en profitaient pour se faire la guerre, abusant de la quantité énorme de neige collante. Certains dragons, particulièrement ceux qui étaient jeunes et qui appréciaient le froid, se roulaient partout et creusaient, créant un labyrinthe de tunnels.
Tyrath s'arrêta et admira la scène, remuant son derrière comme un félidé à la chasse. Il se mit ensuite à sautiller et à pousser des feulements joueurs.
— Arrêtes, râla Karasha. Tu vas les attirés vers nous.
Le drake argenté l'ignora et continua ses tentatives pour attirer l'attention des autres jeunes dragons, ses actions devenant de plus en plus exagérés.
— Et il s'est mis à danser, soupira la dragonne brune, désespérée. Azé, occupes-toi de ton bébé.
Pas de réponse. Que des gloussements de filles.
Azéna et Naëshirie ne remarquèrent rien, trop préoccupées par l'autre pour même s'apercevoir que leurs dragons ne suivaient plus. Elles ne pouvaient pas démontrer de l'affection en public, mais elles s'accordaient tout-de-même des regards affectueux.
— Je ne voulais pas utiliser ce truc, mais bon... Les temps sont désespérés me semble-t-il, ronchonna Karasha. Hé ! Zézé ! tonna-t-elle en direction des dragonnières.
Sa voix caverneuse s'écrasa au travers de l'enceinte comme une rivière envahissante, attirant momentanément l'attention de plusieurs, incluant ceux désirés.
Azéna tourna la tête, ses traits légèrement déformés par l'irritation.
— Quoi ? questionna-t-elle en serrant les dents, tentant de son mieux de dissimuler son aversion pour ce surnom. Karashounette, ajouta-t-elle avec fierté.
Son interlocutrice renâcla, clairement offensée par la façon dont elle avait été adressée.
— Bon. Je l'ai cherché.
— Mhmmm, approuva l'archère en croisant ses bras et en affichant un sourire qui luisait dans sa victoire. Mais sérieusement, qu'est-ce qu'il y a ?
Karasha n'eut pas besoin de répondre. Un roucoulement tordu attira l'attention de tous. Ils se tournèrent vers Tyrath qui s'amusait à imiter très pauvrement le son que produisait les oiseaux. Plusieurs dragonneaux s'étaient rassemblés autour de lui et le fixaient avec intérêt.
— Il divertis avec les bébés, en conclut l'aéromancienne. Et alors ? Si ça l'amuse.
— Je crois qu'il joue avec les bébés, pas qu'il les divertit... Mais bon, je voulais juste t'aviser qu'il ne suit plus, expliqua Karasha.
Ses pupilles se rétrécirent soudainement et elle poussa un grognement, montrant les dents comme si un danger s'était présenté devant elle, ou plus précisément, derrière les dragonnières.
Celles-ci firent volteface et eurent le réflexe de se mettre en position de combat. Azéna empoigna son arc elfique et y encocha une flèche. Naëshirie rapprocha ses deux poings en un mouvement sec, soulevant une barrière protectrice de roc qui perça la couche épaisse de neige.
— L'équipe que vous faites ! s'exclama une voix familière qui portait d'ailleurs une tonalité colérique. Mais regardez-vous aller !
Une jeune adulte au regard perçant qui portait deux épées croisées sur son dos toisait les adolescentes. Elle ne semblait pas affectée du tout par leurs réactions offensives, gardant une posture rigide.
— Azéna Valkirel ! tonna Nixie-Elle en maintenant son expression sévère malgré un petit sourire en coin qui n'avait survécu qu'éphémèrement.
Elle fit un pas lourd vers l'avant, se dirigeant vers sa protégée, sûrement en tentant de l'intimidée. La stratégie fonctionna jusqu'à ce qu'elle perdît une portion significative de sa hauteur. La moitié de sa jambe s'était enfoncée dans la neige fraichement tombée.
— Saleté d'merde de putain d'nature, je t'encule, vociféra-t-elle en pointant un index provocateur vers les cieux comme si elle s'adressait aux divinités elles-mêmes.
Azéna ne put s'empêcher de s'esclaffer. Elle se pencha, posant ses mains sur ses genoux dans une tentative de se supporter dans son rire explosif.
— Tu fais très mauvaise nounou Nix, commenta Karasha en se râclant la gorge.
Naëshirie baissa les bras et la muraille de roc se défit au rythme de son mouvement. Ses joues rosirent doucement et elle fit une brève révérence en tentant de se faire pardonner par la dragonnière accomplie.
Tyrath était porté disparu, envolé avec sa nuée de dragonneaux.
— Merci Karasha, grommela la garde du corps en se décoinçant la jambe. Et toi ! explosa-t-elle en pointant l'aéromancienne d'un doigt accusateur. Toi...
La dragonne prit son essor, abandonnant les coupables dans leur misère.
— Milles pardons Nixie-Elle, dit timidement Naëshirie. C'est ma faute... Je ne voulais pas t'en faire part car... V-vois-tu... ?
— Vous vouliez la paix, lâcha l'assassin. Bah ouais, j'connais ça moi, continua-t-elle en roulant les yeux comme si elle se blâmait pour ses actions du passé. Malheureusement, ça n'empêche pas qu'j'dois m'occuper de s'te chipie là, ajouta-t-elle en fusillant Azéna du regard. Alors, vot p'tite aventure en a valu mes crises de cœur au moins ?
Les yeux des apprenties se croisèrent ; ceux d'Azéna étaient remplies d'embarras tandis que ceux de Naëshirie brillaient de confiance. Cela suffit pour que Nixie-Elle comprenne.
— Bah au moins ça, dit cette dernière en posant les mains sur ses hanches de façon autoritaire.
Elle cala encore une fois dans la neige molle. Cette fois, c'était jusqu'au bassin.
— Comment ça vous vous enfouissez pas !? grogna-t-elle en balançant les bras dans touts les sens.
— Serait-ce parce que les elfes sont moins lourds ? devina Naëshirie de sa voix innocente.
La garde du corps s'immobilisa soudainement. Son énergie chuta et elle sembla presque déprimée.
— J'suis maudite, se lamenta-t-elle. Forcée à enduré de l'attirance et de la ridiculisation allouée par le peuple elfique, dramatisa-t-elle.
— Roh cesse de faire l'idiote, pesta Azéna. D'ailleurs, comment nous as-tu trouver aussi rapidement ?
Elle et Naëshirie aidèrent l'assassin à libérer de l'emprise de la monstrueuse marrée de neige.
— T'peux remercier ton amie l'dragonne brune pour avoir hurlé ton si joli surnom à tous les toits, expliqua Nixie-Elle. Maintenant, viens ave'moi. L'lézard t'attends. On passe à ta chambre avant. T'as besoin d'te changer, enlever l'senteur d'l'amour, rigola-t-elle.
Azéna sentit tout son sang lui monté au visage. Une chaleur vive lui enflamma le bout des oreilles et les joues. Elle se mit à balbutier quelques mots, mais elle s'arrêta quand elle réalisa qu'elle ne faisait aucun sens.
— M'ouais c'est ça. Allez, viens t'en donc, p'tite lapine, se moqua l'assassin.
Elle fit signe à la géomancienne qu'elle pouvait disposer. Cette dernière offrit un petit sourire à son amoureuse et obéit sans tarder. Elle paraissait aussi angoissée que sa partenaire ; peut-être même plus. Ses muscles étaient tendus et pourtant, elle était à l'aise avec sa sexualité. Quelque chose d'autre devait la tracasser.
Azéna talonna Nixie-Elle, la suivant de près. Par conséquent, ses yeux ne fixaient pas par en avant, mais en direction de l'elfe métisse qui s'éloignait. Elle fut rudement rappelée de sa situation lorsqu'elle sentit un bras se permettre de passé autour de ses épaules.
— Partage les détails, chuchota Nixie-Elle à son oreille.
— Tu le sais Nix...
— Vous y êtes aller jusqu'au bout ?
— O-oui, bégaya l'archère, à la merci de sa gêne.
— C'est bien ça. J'suis fière d'toi, termina-t-elle en lui donnant une bise au sommet de la tête avant de la relâcher.
Elles se dirigèrent en silence jusqu'aux dortoirs où Azéna chambrait. Elles traversèrent la chambre commune où quelques apprentis traînaient. L'une d'entre elles, Jessa Bane, une petite blonde, était installée sur le sofa en compagnie de Renora. Elles rigolaient et s'échangeaient des regards furtifs. Sans preuve concrète, Azéna sentit qu'il y avait un lien affectif qui se formait entre les demoiselles. Elle sentit un brin de rage lui monté à la gorge. Ses muscles se tendirent et elle s'efforça se détourner le regard. Renora s'amusait à trahir Naëshirie et puis, elle se lançait dans une nouvelle conquête, probablement pour briser un autre cœur. Elle n'avait peut-être pas raison, mais la possibilité l'irritait quand-même.
— T'en fais pas, mentionna Nixie-Elle en agrippant le bras de sa protégée pour la guidée directement à sa chambre.
La petite salle était vide. Fayne n'était pas là. Elle avait quitté, laissant sa brosse à cheveux sur son lit ce qui était étrange pour elle. Elle avait dû être en hâte. Elysia savait pourquoi.
L'image de l'herboriste qui se préparait pour faire face à la journée à l'éveil lui apporta un petit sourire. Elle n'avait pas été longtemps sans elle, mais elle était si confortable à sa présence qu'elle s'ennuyait déjà.
— Bon..., commença Nixie-Elle en fermant la porte derrière elles. Ton Maître désire te rencontrer.
L'adolescente ne se préoccupa pas de lui répondre dans l'immédiat. Elle s'arrêta devant la table de nuit à côté de son propre lit et tira le tiroir du haut. À l'intérieur, une chaînette à laquelle était attachée un médaillon triangulaire. Ce dernier figurait une tête de dragon qui ressemblait à Tyrath qui tenait dans sa gueule un symbole étrange, presque tribale. Il te protégera lorsque tu seras dans le besoin lui avait assuré son père lorsque celui-ci le lui avait offert le jour de son anniversaire de dix-sept ans. Elle n'avait jamais trop été certaine de ses sentiments face à ce présent. Toute cette histoire de famille était toujours surréaliste. Ainsi, elle avait décidé de ne pas le porter pour le moment.
Elle l'effleura doucement et à son touché, le symbole s'illumina faiblement pour s'éteindre lorsque son doigt quitta.
— Oh, hé ? Ton Maître t'attend, insista Nixie-Elle.
— C'est bon, lui répondit l'archère. On y va.
— Alors changes-toi et que s'saute ! J't'attends dehors.
La dragonnière accomplie sortie et Azéna devina qu'elle se mit à la garde derrière la porte. La Valkirel grimaça, encore gênée à la pensée de porter ce médaillon, mais quelque chose en elle lui recommanda de le faire. Elle détacha le médaillon de la chaînette et elle la glissa sur celle qu'elle portait. Nichée contre la gemme que lui avait offert Gendrel, elle se mit à luire subtilement comme si elle avait été activée.
✦×✦
À la lisière du territoire d'Atgoren, un arbre dénudé de ses feuilles reposait sur une colline ensevelie de neige. Il n'y avait que du blanc à vue d'œil, des kilomètres jonchés de cette couleur angélique. Au pied du végétal était assied un grand homme au regard songeur. Ses ailes étaient refermées sur son corps athlétique et sa longue tresse ébène se mouvait gracieusement dans les brises. Étendu derrière lui, une épaisse cape à capuchon semblait cacher objet élancé. Autour de lui, dans un périmètre assez large, le sol avait été déneigé et on y apercevait un peu d'herbe ici et là.
Il dégagea une mèche de sa chevelure plus courte qui gênait sa vue. Même à l'arrivée de ceux qu'il avait convoqué, il ne lâcha pas les soleils qui se couchaient lentement des yeux.
— Maître Argoshin ! s'exclama Azéna en sautant vivement de la selle de Tyrath. Vous allez bien ?
Maladroite, elle atterrit sur une plaque de glace et perdit l'équilibre. Une poigne ferme l'empêcha de se blesser en lui retenant le bras.
— Abîmes-toi pas, grogna Nixie-Elle. Faut que j'te remmènes vivante à l'académie.
Lorsque l'archère se redressa, la chaînette délicate glissa hors de son collet et révéla le duo de médaillons : celui de Gendrel et celui d'Eldarytzan. Les rayons réfléchirent sur leur surface et produisirent un bref éclat. Ce dernier attira l'attention du demi-dragon qui fixa ses prunelles dorées sur les présents.
— Des cadeaux d'anniversaire ? demanda-t-il gentiment avec le plus sincère intérêt.
— L'un d'entre eux, confirma l'aéromancienne en s'approchant de lui pour le laisser les inspecter de plus près.
Il mit un moment à les passer entre ses doigts comme s'il vérifiait leur authenticité, le tout avec un sourire timide.
— Une rune de protection. Voilà un présent illustre et dispendieux. Tu dois être importante à celui qui te l'a offert.
Il laissa la chaînette glissa entre ses doigts griffus et se dirigea tranquillement vers l'arbre qu'il grimpa avec la gracieuseté d'un elfe.
L'adolescente se sentit soudainement gênée. Elle n'avait jamais songé à la valeur de la rune enchantée. Elle savait qu'ils étaient rares et recherchés, mais elle n'en connaissait pas grand-chose de plus. Elle se dirigea sous la branche où Argoshin s'était accroupie comme une gargouille vigilante.
— Où obtiens-on une rune Maître ?
— Seuls des individus spécialisés peuvent en produire. Il faut avoir une maîtrise élevée en artisanat ainsi qu'en transmutation, une branche de magie qui a principalement pour but d'enchantée ou de modifier un objet. Dans ton cas, le runiste doit être habile en ferronnerie et un mage. Peut-être un joaillier ou encore, un forgeron.
— Pfft personne dans les environs ne possèdent ces qualifications... pas vrai ?
— Il en existe un et elle est la seule à des ligues d'ici. D'ailleurs... c'est une simple coïncidence mais elle est aussi le talent caché derrière notre prochaine leçon.
La rebelle pencha la tête d'un côté, démontrant sa confusion. Tyrath s'installa sous la branche et se mit à tapocher la queue pendante d'Argoshin comme si c'était un jouet. Sierre leva la tête puis renifla, mécontente avec l'attitude enfantine du drake. Sa partenaire lui donna une tape amicale au flanc et rigola.
— Tu es de meilleure humeur, mentionna la dragonne grise.
— J'ai pardonné Azéna pour son infraction, dit Nixie-Elle en haussant les épaules. Pas l'choix. J'vais pas passé mon temps à bougonner. Après tout, elle avait une bonne raison derrière tou'ça, ein ? poursuivit-elle en accordant un clin d'œil à l'adolescente.
— Mais oublie ça, veux-tu ? siffla cette dernière en lui faisant signe de se taire. Et puis, qu'est-ce que vous voulez dire Maître ? dit-elle en détournant son attention vers l'hybride.
Elle espérait que ça allait suffire à ce que l'assassin se terre dans son coin et agisse en fantôme. Celle-ci en décida ainsi car elle se trouva une petite roche à s'installer dessus et se mit à aiguiser ses épées en silence.
— Je crois que tu les mérites, dit Argoshin en désignant la cape du doigt.
Azéna s'approcha, mais elle n'osa pas y toucher. Au lieu, elle leva les yeux et attendit qu'on lui donne la permission. Tyrath cessa ses bêtises et s'attarda à l'objet mystérieux. Il renifla avec précaution et passa sa langue sur son museau comme s'il goutait à la senteur.
— Vas-y, insista le demi-dragon en acquiesçant.
Se sentant comme une enfant devant une montagne de sucreries, l'archère s'élança et arracha la cape, dévoilant cinq flèches assassines. Leurs pointes étaient forgées d'un métal aux nuances bleutées, suggérant un matériel spécial. Les plumes qui y étaient attachés luisaient d'un argenté sublime. Enfin, leur tube de cèdre était enroulé d'engravures, soit des symboles étranges qui évoquaient celui du médaillon enchanté offert par Eldarytzan.
— M-Maître... ? balbutie Azéna, éblouie par les armes de jet. Est-ce que ce sont... ?
— Des flèches enchantées, confirma Argoshin. Bon anniversaire en retard, chère Azéna.
L'adolescente en prit une délicatement dans ses mains et l'admira de tout son long. Elle paraissait solide, bâtit pour l'endurance, mais aussi pour un maximum de dommage. La pointe était munie d'épines recourbées rendant la tâche difficile pour retirer l'arme de la plaie. Ces flèches étaient des chefs d'œuvre. Leur nouvelle propriétaire grimaça rien qu'à imaginer la terrible douleur qu'elle pourrait affligé sur quelqu'un.
— Vous devez me porter près de votre cœur aussi Maître, taquina-t-elle.
Les joues du demi-dragon rosirent subtilement bien qu'il garda son expression austère. Il secoua la tête et eut un sourire en coin, l'une de ses canines saillant de sa bouche.
— Tu es mon élève et je t'apprécie.
Nixie-Elle observait la scène minutieusement, les yeux levés, mais la tête abaissée vers son épée qu'elle aiguisait comme une obsédée. En plus d'être enveloppé dans son habit de combat, on dirait qu'elle se préparait à la guerre, mais ce n'était pas si étonnant que ça. Après tout, elle était dans le domaine de l'assassinat et il fallait s'avérer vif d'esprit et prudent si on désirait survivre.
— Maintenant trêve de bavardage. Je vais t'expliquer la fonction de ces runes et pour la leçon de ce soir, tu les utiliseras contre cet arbre, siffla Argoshin, ses prunelles animées d'une petite lueur de prédateur.
Cette déclaration en fut assez pour se mériter la dévotion de Nixie-Elle qui s'était immobilisé pour fixer l'enseignant intensément. Elle n'était pas la seule ; Azéna et Tyrath s'étaient installés en face de lui et l'écoutaient. L'archère avait déposé les flèches sur ses jambes croisées. La scène était assez marrante. Avec un peu d'imagination, on aurait dit une nuée d'enfants et leur gardien installé sur son trône sur une plateforme élevée.
— Ces flèches sont enchantées par des runes de fortification ainsi que des runes de liaison, informa Argoshin. En bref, elles protègent les flèches de se briser à l'impact. Ça serait malheureux de perdre de tels armes. De plus, cela garantis plus de dommage. Ensuite, nous avons les runes de liaison qui sont extrêmement difficiles à produire correctement. C'est là où se cache la véritable valeur de ces flèches.
— La chanceuse ! s'exclama Nixie-Elle. J'ai toujours rêvé d'une arme enchantée avec d'runes d'liaison. Et en plus, t'en as cinq ! Va falloir que t'choisisses bien quand les utilisés.
Azéna haussa un sourcil, surprise que sa garde du corps n'en avait pas déjà obtenus.
— Pourquoi t'en as pas Nix ?
— J'débordes pas d'monnaie ! lâcha l'assassin, frustrée. En plus, j'saurais pas trop où chercher pour un tel talent. T'réalises pas à quel point un transmutateur qui peux faire ces runes est doué.
Argoshin écoutait la conversation avec une canine coquine qui dépassait de sa bouche, suggérant que ça l'amusait.
— Un peu d'partages, l'lézard, ronchonna l'assassin en plissant les yeux.
— Tu es chanceuse que tu n'es pas sous mon aile. Avec cette langue infernale, tu ne te mériterais rien qu'un châtiment.
Il soupira et se caressa le menton partiellement écaillé, réfléchissant à ses prochaines paroles.
— Melanh'tash, révéla-t-il.
— Mel !? s'affola Azéna qui se leva d'un bond, ses flèches en mains. Sérieux ?
— J'l'a connais pas, mais elle est déjà canon cette femme ! déclara la garde du corps avec un sourire déterminé aux lèvres.
Argoshin hocha doucement de la tête et demeura silencieux pendant un long moment.
— Du calme maintenant, soupira-t-il, peu impressionné par le comportement de l'humaine. Nous continuons cette leçon. Nixie-Elle, sssilence !
— Oui Maître, ronchonna l'adolescente, s'assoyant et nichant ses armes contre elle.
— Bon, bon ! râla l'assassin en même temps que sa protégée, retournant à ses épées chéris. L'est grognon l'lézard.
Tyrath et Sierre poussèrent un gloussement. Au moins, la dragonne tenta de masquer ses émotions en plaçant une patte devant son museau. Tyrath lui, s'en foutait royalement et cela lui attira le regard noir d'Argoshin. Ce dernier siffla, exactement comme un serpent mécontent. Le drake se redressa comme une statue et reprit son sérieux.
— Comme j'expliquais, une rune de liaison sert à lié deux essences. Dans ce cas-ci, nous nous sommes concentrés sur l'énergie élémental.
Il attendit pour une déduction de la part de son élève, mais seul un long silence s'en suivit.
— Et... ? encouragea Azéna, confuse.
— Et cela te servira à...
— Par Elysia et mes fesses Azéna ! explosa Nixie-Elle qui ne s'en pouvait plus de demeurer tranquille. Ça n'pourrait pas être plus simple ! Les runes forment un genre d'pont entre un objet et ton énergie élémental. Donc ! T'peux essentiellement créer des flèches intensifiées d'vent ce qui causera plus d'ravage et amplifiera la vitesse d'tir.
— Comme Mademoiselle l'a si poliment expliquer, dit Argoshin en désignant l'humaine d'un mouvement sec.
Azéna plissa les yeux, toujours incertaine du processus. C'était abstrait dans son esprit. Elle n'osait pas répliquer quoique ce soit de peur de passé pour une idiote.
— Allez, passes-moi s'en une, ordonna Nixie-Elle en s'approchant. S'une flèche, j'veux dire.... Et ton arc.
La rebelle fit ce qu'on lui demanda et observa avec intérêt.
Le tout se produit sous la vigilance des autres spectateurs, particulièrement Argoshin. La garde du corps se positionna en face de l'arbre. Elle ferma un œil, inspiration profondément tout en bandant l'arc. Elle s'immobilisa et un tourbillon d'air prit forme, se modelant d'après la forme de la flèche.
Azéna avait rarement vu Nixie-Elle faire usage de son pouvoir d'aéromancienne et elle oubliait souvent qu'elle en était une.
Nixie-Elle lâcha prise. Un sifflement mélangé à un craquement déchira le silence. La flèche se dirigea droit sur sa cible à une vitesse tellement absurde qu'on n'y aperçu qu'une traînée floue et difforme qui avait fendue l'air. À l'impact, l'arbre fut vrillé sur presque tout son long. On aurait dit qu'une minuscule tornade l'avait déchiqueté à l'horizontale.
— Et voilà ! tonna Nixie-Elle en faisant une révérence.
Elle rapporta l'arc à sa propriétaire qui ne put faire autrement que de cligner, abasourdie par le spectacle. Sur le moment, elle se sentit admirative de son aînée. Certes, elle avait une bonne maîtrise sur le vent, mais il n'égalait pas à celui de Nixie-Elle. Cette démonstration était la preuve de sa précision, de sa discipline, de sa concentration absolue.
Argoshin sauta en bas du végétal au moment ou ce dernier se brisa en deux.
— Impressionnant. Tu t'es adaptée à la rune en un seul essai. Mes félicitations, maîtresse du vent.
— Je suis entièrement en accord ! vomit Azéna en trépignant. Tu étais absolument magnifique.
Elle fit une pause, réalisant quelque chose qui la perturbait grandement.
— Dis Nix... Tu te souviens au début du cycle... Tu m'avais dit qu'on s'entraînerait ensemble, aéromancienne à aéromancienne.
— M'ouais... et... ? marmonna l'assassin avec calme.
— Est-ce que tu pourrais... me montrer ? souffla l'archère, un peu gênée.
— Certainement ! rétorqua l'humaine avec un sourire.
Ce sourire se transforma rapidement en expression sadique.
— T'vas y travailler jusqu'à c'que j'en suis satisfaite ! Allez ! Récupère-moi cet'flèche là et que ça saute !
Azéna se passa les mains au visage, tirant sur sa peau avec désespérance. Elle réalisa qu'elle avait peut-être fait une grosse erreur.
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