Michèle
— Salut Michèle, c'est Mélodie. Je suis venue ce matin au Café des Latins, je ne t'ai pas vu. J'ai fini ma cigarette, me suis brûlée légèrement les doigts sur le filtre déjà chaud, et je me suis avancée. J'ai marché jusqu'aux tables longeant la route, cherchant du regard ta courte chevelure rousse, mais tu n'étais pas là. J'étais en avance, c'est vrai. Il y avait ce monsieur avec son espresso, au téléphone, habillé probablement par une boutique de luxe, il avait l'air pressé mais lassé, des cernes sous les yeux. A sa droite, une jeune femme blonde, que j'aurais presque pu prendre pour toi ; mais elle n'égalait pas ta beauté. Ses longs doigts carressaient son chien à ses pieds, comme pour le rassurer comme elle aurait voulu qu'on la rassure. Les autres tables vides, j'ai tout de même jeté un oeil à l'intérieur depuis la grand vitre face au fleuve, mais tu n'étais pas dedans non plus. Ca ne m'étonnait pas, je sais que tu aimes fumer en buvant ton frappé. Et le temps était doux, ni pluie ni vent ne brusquait les passants. J'ai tiré la première chaise, tu sais, à ta table préférée, contre les fleurs violettes. Je sais que tu les aimes. J'ai commandé ton latte puis je t'ai attendu. Une heure, puis deux. Je regardais les voitures passer, se klaxonner, et s'engueuler. Tu avais peut-être oublié notre rendez-vous ? J'aurais voulu t'engueuler, moi aussi, mais tu sais que quand je suis face à toi et que nos regards s'entrelacent, je suis comme figée. Ton odeur me paralyse, je deviens ta servante, je pourrais ramper jusqu'à la lune pour te l'offrir. Alors j'ai attendu une troisième heure et puis je suis partie. Ne t'en fais pas, quand on t'attend, le temps ne compte plus vraiment. J'ai pensé à toi tout le long, au baiser échangé en fin de soirée, après la soirée chez Angie. D'ailleurs, je n'ai pas pensé à toi qu'assise sur cette chaise, mais tous les jours depuis cette nuit. Je sentais ton visage près du mien dans le métro, ton souffle sur mon sofa et j'entendais même ta voix au bureau. As-tu oublié ou as-tu eu peur de venir ? J'aimerais vraiment te revoir. J'aimerais tout savoir de toi. Tu as sûrement peur, je l'ai vu quand je t'ai embrassé. Tu regardais autour de toi terrorisée que l'on nous voie, mais tu seras toujours en sécurité avec moi. Je veux te protéger de tout et de tout le monde. Je ne te connais que peu mais je sais que tu mérites le meilleur que ce monde a à offrir. Tiens moi au courant s'il te plaît. Si tu préfères, on peut se retrouver ailleurs ? Un endroit plus discret ? Il y a cette brasserie près de la place Saint-Jean. J'attends ton appel. J'ai hâte de poser à nouveau mon regard sur tes cheveux si doux et d'embrasser tes mots. Raconte moi ta vie quand on se reverra. A bientôt j'espère. —
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