Lili et Titi
Ses petites ailes grisonnantes étaient trempées. Une pluie torrentielle était tombée alors que Lili et son coq de mari, Titi avaient quitté le poulailler clandestinement en début d’après-midi. Les deux amants avaient prévu de s’enfuir le plus loin possible, là où les humains qui leur tenaient lieu de propriétaire, ne pourraient jamais remettre la main sur eux.
Une fois qu’ils furent suffisamment loin de leur prison, Lili et Titi ralentirent la cadence. Ils aspiraient à la liberté depuis si longtemps et la vie dans la basse-cour n’était plus envisageable. Titi n’arrivait plus à chanter correctement à l’aube tellement l’angoisse de se faire couper le cou était palpable. Lili, quant à elle, rencontrait des difficultés pour pondre de nouveaux œufs. L’envie de partir se fit de plus en plus sentir même au péril de leurs vies. Tous les deux s’étaient aimés dès leur première rencontre et l’un ne ferait absolument rien sans l’autre. Leur amour était indestructible.
Lorsque la nuit tomba, les deux volatiles se trouvaient dans un petit sous-bois. L’air était frais mais la pluie avait cessé son déluge.
-Lili, écoute moi…on devrait peut-être se reposer pour la nuit. On se cachera dans des buissons si tu veux…regarde, il y en a plein !
-D’accord mon Titi. Espérons qu’aucun humain ne nous trouvera.
-A une heure pareille ? les hommes dorment tous. Il n’y a plus grand-chose à craindre.
-Bon…d’accord.
Sur ce, ils s’installèrent dans un petit buisson non loin d’un grand chêne et adossés l’un contre l’autre, Lili et Titi s’endormirent peu à peu. Le lendemain matin, le soleil fit son apparition pour toute la journée et le couple se remit tranquillement en route. Ils prirent bien soin d’emprunter des sentiers perdus en pleine nature et peu connus de la civilisation. Au bout d’un certain moment, ils débouchèrent sur une petite clairière. Lili commença à avoir faim ; ils n’avaient rien mangé de leur journée d’hier, trop pressés de s’enfuir. Titi se demandait d’ailleurs ce qu’ils allaient bien pouvoir se procurer en matière de nourriture. Ici, pas de céréales ni de grain. Que de l’herbe et des cailloux à perte de vue.
Soudain, des voix et des exclamations se firent entendre non loin d’eux. Des voix humaines. Titi ne les avait pourtant pas vu ni entendu en débouchant dans la clairière. Il chuchota à Lili :
- Ma belle, il va falloir ou qu’on se cache – les bois ne sont pas loin – ou que l’on courre…
Sa compagne n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu’une silhouette fine se dressa face à eux. Titi prit Lili tremblante dans ses bras et tous les deux baissèrent leurs têtes de volatiles.
Une femme d’environ quarante ans, blonde et svelte poussa une exclamation de surprise en les voyant :
-Oh mon dieu mais qu’est-ce que je vois là ?? Un joli couple !! Je craque complètement…Martine, viens voir !
- Caroline, ne me dis pas que tu as trouvé des poules !! Je sais que tu en fais un élevage mais quand même, stop la collection là !
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