La Toussaint
Version vidéo de ma chanson :
https://www.youtube.com/watch?v=ZiS7agacLD4
C’est la Toussaint, bien sûr il pleut
Par tous les saints, sauve qui peut
C’est le rendez-vous des parapluies
Et de tous les coins de Paris
On s’presse le chrysanthème à la main
Au cim’tière fleurir qui, un voisin
Qui un parent, qui un ami
Un chien, un chat, un canari.
Moi qui n’ai pas l’moindre défunt
À Pantin, à Thiais, ni au Kremlin-
Bicêtre, je ne suis pas de la fête
Quand chacun honore son squelette.
J’avoue qu’ça m’attriste un peu
Pire, j’en ai les larmes aux yeux
De me savoir vivant encore
Alors que tant de gens sont morts !
Que parmi eux, je n’ai personne
Ne nécessitant, ça vous étonne ?
Un déplacement impérieux
Vers les fins fonds de la banlieue.
Si quelque regret posthume
M’échappait, que quelqu’un, quelqu’une,
Se languissait de ma visite,
Que je m’attarde sur son site,
L’air affligé d’un gros chagrin
Parmi les parents et les cousins
Mon ami, je te fête ici
Bien plus souvent qu’il n’est permis
Ici, il n’est rien d’occulte
Car personne ne voue au culte
Des morts, ni Paul, ni Jacques, ni Pierre,
Aucune intention de prière.
Quand sonne l’heure de l’apéritif
Dans un larmoiement excessif
De pastis, chez les copains-copines
Il n’y a pas de triste mine !
À vrai dire j’en vois déjà,
Faute à l’anis ou au jaja,
Dont le regard monte aux cieux
Illuminé et radieux…
Mais pour tous ceux qui confondent
Les morts et les saints en c’bas-monde
Je fais quand même cette mise au point,
Que ce n’est pas à la Toussaint :
Que l’on fête nos chers disparus !
Les fébriles qui courent dans les rues
Un p’tit pot d’fleurs à la main
Feraient mieux d’attendre le lendemain !
De rester au chaud dans leur chambre
Car c’est au deuxièm'jour de novembre
Qu’on se rend dans les alignements
Fleurir son petit monument !
C’est le deux novembre, le jour de nos morts,
Où on nourrit les regrets et les remords !
Alors moi, les « Ah ! c’qu’on s’emmerde ici »
Alors moi, les « Ah ! c’qu’on s’emmerde ici »
Me rebutent, m’attristent et m’ennuient
Car moi, je fréquente plutôt la vie
Me rebutent, m’attristent, et m’ennuient
Car moi, je fréquente plutôt la vie !
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