Leiotogi 4

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Shimar et Arken courent à côté de moi. Nous traquons Mortej dont c’est le tour de se cacher. Je m’impatiente devant la lenteur de mes compagnons. Les jumeaux doivent se dégourdir, maintenant qu’ils sont sortis de l’enfance. Il se peut que le clan ait vite besoin de guerriers.

Le souffle de Shimar se fait un peu court. Il y a pourtant quelque chose de sa grand-mère dans son corps léger, une ombre de sa vigueur. Mais, si ce n’était qu’un souvenir dans les os d’Iyoubehn, c’est une rumeur dans ceux de Shimar, qui n’attend que de se répandre.

Arken est plus compact. Ses bras sont très puissants et il peut me suivre longtemps lorsque nous courons. De loin, certes, mais longtemps.

Je leur fais signe de s’arrêter, me concentre pour repérer Mortej au sein de la végétation. Si mes yeux sont faibles pour discerner les détails, rien de ce qui bouge ne leur échappe. Quand j’aurai le droit de chasser les grands animaux sacrés, ils seront très utiles au clan.

Pour le moment, c’est Mortej que je traque. Il ne s’est pas caché très loin, je le sens. Les jumeaux, armés de davantage de patience que moi, inspectent méthodiquement les fougères et la végétation, la frappant de leurs bâtons.

  • Fais le guet, Leiotogi, m’ordonne Shimar. Et s’il s’échappe, saute-lui dessus. On va l’avoir. Arken, tu prends sur la gauche, moi sur la droite.

Je me mets à scruter les herbes et les arbrisseaux, laissant la sueur dégouliner de mon front sur mes yeux. Immobile, je compte bien devenir invisible aux yeux de Mortej, où qu’il se trouve. Dès qu’il sera débusqué, je me jetterai sur lui et lui rosserai le crâne. Il se défendra, bien entendu. Et jusqu’au bout car il est brave et farouche. Mais je suis plus forte que lui.

Doucement, je me coule vers un arbre dont j’ai repéré une branche basse. Je doute que Mortej ait grimpé car cela lui couperait toute retraite. Je veux simplement escalader pour y voir un peu mieux d’en haut. De leurs côtés, les jumeaux multiplient les cris et les menaces mais ce n’est pas eux dont Mortej a peur, du fond de son trou, pas ces prédateurs minuscules et bruyants.

Les serpents ne craignent que les oiseaux de proie.

Tout à coup, je le vois. Il est un peu à l’écart des jumeaux, près d’une mare d’eau croupie qui finit de s’évaporer. Ils vont passer à côté de lui sans le remarquer. Il s’est recouvert de terre pour se fondre avec elle mais il a bougé, presque imperceptiblement, et cela l’a trahi.

J’hésite. Je pourrais crier et les jumeaux seraient sur lui en un rien de temps, assez rapidement en tout cas pour l’attraper avant qu’il ne s’enfuie. Cela serait la meilleure tactique. Mais les tactiques sont pour Shimar, pas pour moi.

Je descends lentement de l’arbre sans quitter des yeux ma proie. Je me coule au sol comme une panthère. S’il me voit et s’enfuit, c’est terminé. J’aurai échoué. Pour n’avoir pas respecté la tactique de Shimar, ce sera à mon tour d’être traquée. J’ai horreur qu’on me traque.

Je bondis quand je suis à portée, saisis sa chair boueuse entre mes doigts. Nous sommes bientôt rejoints par les jumeaux et Mortej regrette vite de n’avoir pas été plus vigilant.

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