Chapitre 1: La dernière leçon

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Chapitre I

La dernière leçon

~ huit ans plus tard ~

Comme tout les matins depuis quelques années maintenant, je me retrouve debout aux aurores, Idrak ne prend plus la peine de venir me lever, il m’attends de pied ferme chaque jour sur mon terrain d’entraînement qui est devenue comme ma seconde maison. La moindre pierre, la moindre parcelle de terre me paraît familière. J’étais avec le temps devenu un réel professionnel de la chasse et traque. Mon regard ne me trompait plus. Les cerfs et sangliers étaient devenus mes proies favorites au détriment des remarques d’Idrak, qui m’interdisait de les tuer.

-Te voila mon garçon! Fit Idrak avec la même grosse voix que part la passer.

-A l’heure comme d’habitude! Soulignais-je, en remarquant que les années ne l’avait pas épargné à en croire la couleur de sa barbe maintenant poivre et sel que mettait en avant les rayons du soleil.

-Lanovas… aujourd’hui… est ton dernier cours… tu es devenu fort et beau jeune homme, je n’ai plus rien à t’apprendre.

-Détrompe toi Idrak, ta sagesse est un exemple. Rétorquais-je le cœur noué.

-Demain… Tu partiras pour la Cire… Idrak baissa son regard, il ne se doutait pas… qu’il y a huit ans… j’ai vue de mes propres yeux, en quoi consistait cette cérémonie… il ne sait pas… que depuis ce jour… je me prépare… dans l’unique but de vivre…

-Que dois-je faire aujourd’hui? Demandais-je alors pour commencer l’entraînement.

-Je vais t’enseigner la dernière chose qu’il m’est possible de te transmettre.

-Une dernière chose? aujourd’hui?

-Au-delà de nos terres… le monde est vaste… et sauvage… tu dois apprendre à combattre de vrai adversaire c’est pourquoi aujourd’hui… nous partons en dehors des frontières. Tu devras venir à bout d’une créature, et je n’interviendrai pas. Se sera la vie… ou la mort.

-Je n’ai pas le choix j’imagine. Ricanais-je en emboîtant son pas.

-Tu as le choix.

-Vraiment?

-Entre voir le soleil demain matin ou pas. Lâchai Idrak sur un ton neutre.

-Quelle bête je vais devoir te ramener aujourd’hui? Après tout, j’ai déjà chassé, ours, furet, poisson, cerf, sanglier et j’en passe…

-Qui a parlé d’une bête commune? Reprit-il ensuite en sautant d’un muret.

-Tu vas pas me dire qu’il existe d’autre… Le son de ma voix s’atténua de lui même, je foulais le sol d’un lieu inconnu, depuis mon plus jeune âge j’étais donc enfermé dans ce cirque de pierre… le calme paisible de la nature et le bruit de la chute d’eau sur ma droite m’émerveillais.

-Bienvenue dans les terres sauvages Lan’, là ou la faune ainsi que la flore, sont tes pires ennemis.

-C’est… incroyable! Jamais je n’aurai…

Idrak me coupa en descendant le long des rochers.

-Descendons, les percuteurs sont en bas.

-Les quoi? Répétais-je en tentant de le suivre.

-C’est la tête de cette créature que je veux. Il y a un troupeau le long du bassin, je t’attendrais ici.

-Tu ne viens pas avec moi? Demandais-je un peu déboussolé.

-Je ne serai plus là après, il s’agit de ton combat Lanovas.

Le regard songeur un instant puis ferme j’acquiesçai de la tête puis reprit la descente le long des rochers humides et glissants. D’abord trouver ce troupeau de percuteur… Idrak aurait quand même pu me dire à quoi ils ressemblaient… je n’ai aucune information… il exagère! Et puis… tout ça pour faire quoi? Participer… à la cérémonie de la Cire… quand je pense… qu’ils sont sûrement tous… j’arrachai une touffe d’herbe haute au passage afin d’exprimer ma colère. Je ne devais pas me laisser submerger…

Je venais d’arriver au rive du bassin, en effet, un petit troupeau de créature inconnu broutait et se rassasiait. Une saccade oculaire me redirigea vers Idrak qui n’était plus à proximité depuis un moment. Les bêtes en face de moi ressemblait à s’y m’éprendre à un mélange entre un taureau et un bouc… un corps fort et rapide en plus de corne recourbé et imposante… une sorte de pelage très fin mais épais les recouvraient… mes flèches allaient avoir du mal à y trouver leur place.

-On risque de s’amuser… Soupirais-je alors en comprenant que ça n’allait pas être de tout repos.

La végétation assez haute me permettait de passer inaperçu le temps de prendre mes marques car une fois l’assaut lancé je ne pourrai plus me cacher. Je défais mon bandana de mon poignet et le plaça dans mes cheveux noirs et long afin de pouvoir me mouvoir sans problème de vue. Une fois la zone étudié, mon arc paré, je décocha ma première flèche dans la patte arrière de la bête avant de rouler dans les fougères. Du coin de l’œil je la voyais chercher d’où provenait l’attaque alors que le reste du troupeau s’enfuyait, elle délogea la pointe de métal sans mal et activa sa recherche. J’eu ensuite l’idée de prendre de la hauteur, ni une ni deux je monta à un des nombreux sapins m’entourant pendant qu’elle avait le dos tourné.

-Un percuteur c’est ça? Elle n’est pas particulièrement dangereuse pour l’instant! Fis-je en ricanant tout bas, Idrak me sous-estimait, il voyait encore en moi l’enfant d’il y a huit ans. Je décocha une nouvelle flèche dans l’arrière du crâne du percuteur, il se retourna après une intonation douloureuse et me repéra sur ma branche. Il gratta la terre tout en secouant la tête et finit par charger le tronc lui même. Surpris par tant de force que je due sauter sur une branche d’un autre sapin si je voulais ne pas plier sous le choc destructeur. Il se rua et à coup de sabot arrachant les arbres les plus fragiles et endommageant les troncs les plus anciens. Sans mentir je paniqua un peu en libérant une pauvre flèche qu’il détruit dans sa ruade incessante au point de me faire tomber sur la branche situés deux étages plus bas. Le rattrapage in-extremis me fit moins rire, je profita de la chute de l’arbre en face de moi pour me laisser glisser en saisissant ma sagaie pointer vers le flan de la bête, avec la vitesse de la descente j’empalai la bête de toute sa largeur. Sang coulant à flot, les mains souillés je retira la lance la lâcha sans réfléchir devant le corps du percuteur mort. Du bord de ma main j’essuyai une éclaboussure de sang de mon visage. Trop de sang avait couler, je décida de laver mon arme souillé dans le ruisseau d’eau provenant de la cascade ; l’eau vira au rouge.

-Lanovas! Remonte et vite! Criai Idrak soudainement alors que je mettais assuré de la présence d’aucun ennemi mais à peine j’eus le temps de me retourner qu’un troupeau tout entier de percuteur me chargeait. Mon cœur s’emballa, je pris mes jambes à mon cou en direction de la montagne mais la distance était trop grande, les percuteurs se rapprochait si je jugeais le bruit de leur galop, d’au en plus que la terre vierge et donc sauvage ne facilitait pas ma course. Je trouva refuge sur un haut rocher juste à tant, je pu commencer l’escalade plus sereinement, avant que les percuteurs ne décident de charger tête baissé le pied de la roche sur laquelle j’étais. Les secousses divisaient le mur d’escalade, tout s’effondrait. Je chuta plus bas face au troupeau de percuteur, la gorge serré je regardai la mort dans les yeux. Lâche je ferma les yeux pour ne pas l’affronter en face avant qu’une main ferme et forte ne me soulève et me permette de vivre quelques secondes de plus.

-Idrak! Lâchais-je le regard humide.

-Ceci ne fais pas partie de ton entraînement! Remonte vite! Fit-il de sa voix forte et rassurante. Il était descendu me secourir, un genou à terre sa main chaleureuse et protectrice sur mon épaule je respirai enfin alors que les percuteurs semblaient commencer à gravir les gravas créer par les secousses pour nous rejoindre.

-Dépêchons-nous! Ordonna Idrak en m’attrapant violemment et me forçant à suivre son allure, alors que la peur m’envahissait et me rendait plus lent un percuteur me rattrapa et me lança plus haut à l’aide de ses cornes disproportionnés mais blessé à la cuisse. Nous arrivions enfin en haut de cet côte qui avait été très rapide à descendre mais incroyablement longue à remonter. Idrak de toute son assurance avait prit le temps de décocher une flèche entre les deux yeux du percuteur trop proche à son goût puis reprit sa course en voyant les autres arriver. Blessé mais en sécurité je m’allongea et prépara ma main prêt à être tendu lorsqu’il serai à distance de bras.

-Allez, allez! Murmurais-je le voyant faiblir, les muscles d’un homme s’usait avec le temps, son âge ne lui rendait pas la tâche facile. Le sol s’affaissant toujours sous les coups des percuteurs enragés créa une petite fausse entre lui et moi.

-Lanovas recule! s’écria-t-il en approchant. Je m’exécutai en effectuant une roulade, ma cuisse gauche blessé je ne parvenais plus à me lever correctement. Nos regards se croisèrent, il sauta dans son élan, je n’avais pas besoin d’un dessin, il ne parviendrait pas à atteindre le rebord de la falaise. Je planta ma sagaie du mieux que je pouvais et attrapa sa main de l’autre qui me fis déborder dangereusement du vide. Contre la paroi, Idrak tenait ma main moite.

-Lanovas…

-Tient bon! Je… je vais te remonter! Criais-je alors que je sentais sa main glisser… et moi avec.

-Lan’… tu dois vivre…

-Ne dis pas n’importe quoi! Allez aide moi! Sert toi de tes pieds! Ma lance craquelait sous le poids de nos corps.

-Maintenant que tu es grand et fort… accompli ton devoir! La pression de la main de l’homme qui m’avais élevé avait disparu, je m’époumonai de toute mes forces alors que le temps semblait ralentir, l’instant sembla durer des heures entières alors que mon regard était plongé dans le siens. Il roula tout le long de la falaise sous mes yeux en larmes et attira l’attention des percuteurs… qui firent honneur à leur noms sous mes yeux d’enfant.

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