VIII
L’air était sec et malodorant. Incapable d’ouvrir les yeux, Jack entendit d’abord les flammes d’un feu de camp. La chaleur lui parvenait, cela aurait été agréable si son corps n’était aussi endoloris et lourd. En essayant de bouger, il se rendit compte qu’il était comme attaché par de multiples fils collants. La toile d’araignée.
— Quel genre d’abrutis faut-il être, pour risquer de perdre une Mémoire-Seconde ?
Cela venait de sa droite.
— Le plus ironique, c’est peut-être que Megara ne cesse de te défendre.
La voix se rapprochait.
— Qui êtes-vous ? bredouilla Jack.
L’autre soupira.
— On m’appelle « l’Araignée », mais cela n’a pas d’importance. Je quitte la ville ce soir, avec la bague. Libre à toi de fuir les Crânes, ou bien de rester crever ici. Ils ont gagné, et tu n’y changera rien. Ils fêteront leur victoire ce soir, et je te déconseille de te montrer à ce moment là.
— Megara…
— Elle est enfin en sécurité, ne t’inquiète pas pour ça.
Une larme coula sur la joue de Jack. Il ne prenait conscience que maintenant de l’attachement qu’il portait à la Mémoire-Seconde. C’est elle qui lui avait raconté les histoires des grands héros dont il avait tiré ses hymnes et ses ballades. Elle avait toujours été là, quelque part dans son esprit. Désormais, il se sentait plus seul que jamais.
— La toile disparaît après quelques heures. Cela t’obligeras à rester tranquille, ce dont tu as bien besoin. Tes affaires sont prêt du feu, il y a aussi des vivres. Cet endroit est sûr, reste-y tant que tu le peux, puis quitte la ville. Ne fait pas de gestes brusques, laisse tes plaies cicatriser. Ou alors retourne mourir au combat.
L’Araignée s’éloigna.
— Attend !
— Quoi ?
— Megara…
— Elle te remercie. Je n’ai pas de temps à perdre, adieu.
— Je t’en prie ! Je voudrais… je voudrais qu’on se souvienne de moi.
— Elle ne t’oubliera pas. Elle n’oublie jamais.
— Je sais, mais j’aimerais qu’elle voit une dernière chose.
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