Chapitre 01 : La nouvelle menace
Eléonore regarda par la fenêtre. C’était une magnifique jeune femme aux yeux bleus aussi clairs que du cristal. Aujourd’hui, le ciel était bleu. Pas un seul nuage à l’horizon. « Quelle magnifique journée pour un tel évènement ». Elle posa ensuite une main sur son ventre, quelque peu arrondit. La jeune femme eut un petit sourire et quitta la pièce, allant préparer les affaires. Pendant ce temps, Levi se préparait une tasse de thé. C’était un homme à l’air excentrique qui portait sur son visage d’importantes cicatrices et a qui il manquait deux doigts à la main droite.
-Levi ! Lança Eleonore. Dépêches-toi, on va y aller.
- Tu peux toujours courir.
Son épouse déboula dans la cuisine, l’air renfrogné.
-Je ne te demande pas ton avis. Aujourd’hui, cela fait cinq ans. Il faut fêter cela comme il se doit, compris ?
L’homme lâcha un juron et se leva. Il s’avança en boitant très légèrement. Eléonore le regarda. L’ancien Caporal-Chef avait perdu de sa superbe et de sa puissance, mais il n’en restait pas moins désagréable.
-Alors comme ça, c’était il y a cinq ans ?
- Oui. Armin et Mikasa seront là aussi.
- Vous alors…
Ils ne tardèrent pas à quitter la maison. Eleonore portait un magnifique chapeau orné d’un ruban et d’une fleur rouge. Elle portait une jupe rouge et un haut de corps beige qui lui allait très bien.
-Allez, grincheux, en route, dit-elle en le taquinant.
Mais au moment de partir, une bourrasque de vent fit voler la chevelure de la jeune femme qui maintenu son chapeau et tourna la tête. « Qu’est-ce que… » Elle regarda le ciel.
-Bon, tu viens ou tu comptes rester prendre racine ? l’interpella Levi.
Eleonore se ressaisie et s’élança à la suite de son mari. Tous deux parcoururent les rues calmes de Shiganshina. Ils arrivèrent jusqu’aux limites de la ville, encore délimitées par les restes de l’immense mur qui les avait protégé autrefois. Il n’en restait guère plus que la grande porte couverte de lierre et de mousses ainsi que quelques pants par-ci par-là. Ils passèrent sous l’arche et se dirigèrent vers une petite colline sur laquelle trônait un arbre.
-Regarde, ils sont déjà là. Oh !
Eléonore n’en crut pas ses yeux. Tous ses plus grands amis de brigade étaient là. Armin, Mikasa, Connie et Jean.
-Falco et Pieck ne sont pas là.
Mais cela, elle aurait dû s’en douter. Tous deux n’avaient pas connus Eren aussi longtemps qu’elle. Ils n’avaient donc pas de raison d’être là. Eleonore accourut pour serrer ses amis.
-Ce que je suis contente de vous voir !
-Eh bien, Elé ? On se laisse pousser le ventre ? Demanda Jean.
- Abruti ! Tu vois bien qu’elle est enceinte, rétorqua Connie.
- C’est merveilleux !
Armin la félicita grandement, néanmoins quelque peu surpris de savoir que son ancien supérieur serait bientôt le père.
-Et si nous commencions ? Demanda Mikasa.
- Oui, tu as raison.
Devant eux se dressait un grand cerisier en fleur. A ses pieds, deux stèles, dont se voyait décoré d’une clé. Eren et Sieg, les frères d’Eléonore. Celle-ci déposa un bouquet de fleur.
-Ça fait cinq ans, dit-elle à voix basse. Le temps passe si vite…
Elle se redressa et recula. Le groupe regarda les stèles dans un moment de silence. Alors, un petit oiseau vint se poser sur la tombe d’Eren, chantonnant gaiment. Armin le regarda, étonné. L’oiseau semblait intrigué par la clé qui reposait là. Il tourna autour et regarda le groupe. Mikasa eut un petit sourire. Elle portait toujours sa belle écharpe rouge.
-Eren…
Soudain, l’oiseau s’envola, comme affolé. Eléonore ne comprit pas. Mais elle se sentait soudainement bizarre. Une sensation qu’elle n’avait plus éprouvé depuis longtemps. Elle regarda ses amis, dont le visage trahissait cette soudaine anxiété.
-Euh… vous aussi, vous la sentait ?
- Cette impression d’être épiée ? Comme une proie ? Oh oui. Très bien, même.
Armin tourna la tête, avisant le bois, là-bas. Dans l’ombre des arbres, il cru voir deux yeux scintillant d’une vive lueur orangée. Les arbres ne mesuraient cependant pas plus d’une dizaine de mètres.
-Caporal-Chef Levi ? Lorsqu’Eren est mort, tous les Titans on disparus, n’est-ce pas ?
- En théorie, pourquoi ?
Alors, les arbres furent écartés par des griffes noires, laissant apparaitre une tête.
-Au nom du Major Erwin…
Une créature sorti du bois, se dressant du haut de ses vingt mètres. Elle arborait un sourire carnassier aux dents formées par des excroissances pointues sur ses gencives. Son corps se couvrait d’une peau de roche noire, comme du magma séché. Le titan avait une chevelure brune et était asexué. De petites excroissances saillaient ça et là sur son épiderme.
-C’est quoi cette saloperie ?
Le monstre s’avança vers yeux. Contrairement aux Titans, sa démarche était ordonnée et ses mouvement coordonnés. Cependant, il avait le dos courbé et ses gestes étaient lents avec des bras ballotant. Ses attentions étaient claires : dévorer ces humains.
-Euh Caporal ? On fait quoi ? Demanda Connie.
La créature vint les surplomber. Après cinq ans, tous retrouvaient la sensation qu’ils éprouvaient autrefois. Celle de n’être que du bétail. Alors, la créature leva le bras.
-Eh ! Hurla quelqu’un. Tu arrêtes ça !
Le titan stoppa son geste et tourna la tête. Deux hommes approchaient, dont l’un en fauteuil roulant. Eléonore les regarda. Celui assis avait une longue chevelure grisâtre et de grands yeux bleus foncés avec des sourcils froncés, lui donnant un air peu sympathique. Il portait une magnifique tenue de cuir noir et son ceinturon s’ornait d’une boucle gravée. Mais elle était trop loin pour voir les détails. Il semblait jeune, tout juste dix-huit ans. Sous son manteau ouvert saillait une tunique blanche ainsi qu’un collier. Son compagnon avait la chevelure noire et des yeux noisette. Il portait la même tenue que l’autre, mais en cuir blanc et sans collier ni médaillon à la ceinture. La créature cligna des yeux et se reporta sur le groupe. Le titan s’apprêta à attraper Eléonore entre ses griffes.
-Eh ! Tu es sourd ! Il vient de te donner un ordre !
La bête gronda, visiblement agacée. Finalement, elle se reporta sur les deux hommes et s’avança, venant les surplomber. Celui qui était debout recula légèrement.
-Dis-moi, l’affreux. Tu reconnais ton Roi, n’est-ce pas ?
Le monstre gronda à nouveau. Son interlocuteur ferma les yeux.
-Dans ce cas… prosternes-toi !
Ses yeux scintillèrent vivement et une onde jaillit de son corps, produisant une bourrasque. Le titan recula soudainement, apeuré.
-Je ne le répéterai pas… reconnais-tu ton Roi ?
La bête fit un pas en arrière. Elle la sentait, maintenant. Cette énergie distinctive que dégageait son seigneur. La créature eut un gémissement.
-Quels sont les ordres ? Alex.
L’homme semblait réfléchir. Il avisa le groupe.
-Bah. Laisses-le partir. S’il est tout seul…
- Comme tu veux. Toi.
Il leva un bras sur la créature qui recula, comme soudainement pétrifiée par la peur. Il le pointa du doigt.
-Va-t’en. Tout de suite.
L’espace d’un instant, ses yeux scintillèrent d’une lueur plus pâle.
-Avant que l’on ne te tue.
Le monstre ne fut pas long à déguerpir de là où il était venu, campé cette fois sur quatre membres. Eléonore et ses amis restèrent sans voix. Le dénommé Alex se pencha.
-Eh bien, tu commence à bien savoir les contrôler.
- Je ne les contrôles pas.
Ils s’avancèrent ensuite. La femme blonde avisa plus attentivement le collier. Une tête. Celle-ci était surmontée d’imposantes cornes droites et angulaires, avec deux autres, plus fines entre elles. Elles descendaient jusqu’entre les yeux, donnant un air sévère peu sympathique. Un rictus en sourire lui déformait le visage et la tête s’ornait d’un petit menton pointu. Des plaques semblaient couvrir ses joues et sa tête semblait pointu à l’arrière. « Quel étrange motif. »
-Eh, les morveux, dit Levi en les regardant avec insolence. Vous êtes qui ?
- Oh, excusez-nous. Je m’appelle Alexander Rigushi, et voici mon mari, Kiunju Kasai.
- Vous êtes mariés ?! S’exclama Connie.
- C’est une blague ?! Ajouta Jean.
Armin aperçu la bague au doigt de chacun. Un magnifique anneau blanc serti de fins traits rouges. Pour Alex, l’anneau était noir.
-Des hommes… mariés, murmura-t-il.
Ses amis le regardèrent et il comprit qu’il avait dit ce qu’il pensait.
-Je… c’est quelque chose de rare. Mais je me réjouis pour vous.
Alex et Kiunju se regardèrent et s’embrassèrent avec légèreté.
-Quand vous aurez finis de vous bécoter, vous nous expliquerai peut-être ce que vous faites là, dit Levi.
Kiunju le regarda.
-Si ça te dérange, dis-le, répondit-il aussi froidement. Cela ne me dérange pas, alors parles.
Levi détourna le regard, lâchant un « tssst ! » Eléonore se hâta de faire les présentations pour détendre l’atmosphère.
-Et… qu’est-ce qui s’est passé, tout à l’heure ? Demanda Jean. Avec le Titan.
- Ce n’était pas un Titan, comme vous dites, mais un Magmarien, expliqua Alex. Heureusement, celui-là ne semblait pas aussi malin que les autres. Et disons que Kiunju… a quelques particularités.
Celui-ci hocha la tête. Il regarda autour de lui. « Ce sont donc les Terres du Sud ? » Il avisa l’arbre et les stèles.
-Vous dites aurevoir à vos morts ?
- Non, pas exactement. Pourquoi ? Vous ne le faites pas, vous ? Demanda Armin.
Kiunju détourna un instant le regard.
-On ne peut voir les morts que lorsqu’on est mort. Pour garder nos proches en vie, il faut donc faire de notre mieux.
-Eh bien…, murmura Jean. Pas top.
-Et sinon, vous venez d’où ? Demanda Mikasa. Vos vêtements ne sont pas d’ici.
- En effet. Nous venons de Royaume de Magma Rex, au nord.
- Le royaume de quoi ?!
Eléonore ne comprenait pas tout, mis à part le fait que durant toutes ces années, l’humanité avait survécu par-delà les murs, sur d’autres terres grouillantes de Titans plus terrifiants que ceux qu’ils avaient connus. Elle se surprit à admirer ces deux amants qui avaient sûrement vécu d’affreuses histoires et vu d’horribles choses. Elle avait de la peine pour Kiunju, à cause de son état d’hémiplégie. Pourtant, le jeune homme ne semblait pas s’en plaindre. Elle regarda Levi qui se contenta de détourner les yeux. Alors, Kiunju vit son ventre arrondi.
-Au fait, mes félicitations.
- Oh, euh… merci…
Alex regarda Kiunju.
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