c'est quand le bonheur?
Je me rappelle quand j’étais petit garçon j’avais tellement hâte d’avoir dix ans, comme ça je pourrai monter devant dans la voiture, comme les grands quoi. Qu’est-ce que j’étais fier quand j’ai enfin eu le droit de m’assoir à côté de papa. Fini le siège de bébé maintenant c’est sûr je ne suis plus un petit garçon
Et puis après j’étais impatient d’avoir quatorze ans pour conduire un scooter. Je l’ai eu mon scooter, à mon quatorzième anniversaire. Un magnifique scooter bleu autour duquel mes parents avaient mis un gros nœud rouge. J’étais pressé d’aller le montrer au copains et d’arriver au collège avec. Je me suis baladé partout avec, je l’adorais.
Au bout d’un moment je me suis dit que quand j’aurai dix-huit ans alors là la vie commencerait, le permis, l’indépendance. J’adorais mes parents mais enfin j’allais prendre mon envol, mener ma propre vie comme je l’entendais. En effet j’ai eu mon permis, ma première voiture, une Citroën Saxo noire. Je ressentais une sensation de liberté indescriptible. J’ai pris mon premier appartement, je pouvais recevoir les potes, trainer au lit jusqu’à pas d’heure, manger à l’heure que je veux, ce que je veux.
Je bossais dur pour avoir mon diplôme, je travaillais dans un fast-food pour gagner un peu d’argent. Je n’attendais qu’une chose, obtenir ce diplôme et entrer dans la vie active.
Je l’ai eu mon diplôme et j’ai trouvé un travail assez rapidement, il me convenait parfaitement et je travaillais avec des gens sympas dans l’ensemble, il y avait une bonne ambiance. C’est tout ce que j’avais toujours voulu avoir, j’avais tellement travaillé pour obtenir ça. Tellement d’années passées à étudier.
Malgré tout je me disais que je serai vraiment heureux le jour où j’aurai une femme et une famille. Et c’est exactement ce qui s’est passé, j’ai rencontré Marie. Elle était magnifique, douce, généreuse, attentionnée, un amour. On a passé plusieurs années à vivre très heureux tous les deux et un beau matin elle m’a annoncé que j’allais être papa. Alors là si ça ce n’est pas le bonheur je ne sais pas ce qu’est le bonheur. Notre fille Emilie est née un jour de juin, elle était si petite, si jolie et déjà si importante.
Les années sont passées tellement vite. Elle a grandi, grandi jusqu’au jour où elle a pris son envol à son tour. Ma femme et moi allions pouvoir profiter de belles années à deux. On avait consacré tellement de temps à Emilie, ces années étaient belles mais une nouvelle vie commençait pour chacun de nous.
Plus que quelques années et ma femme et moi serions à la retraite. Ça fait longtemps qu’on l’attend la retraite. A nous les voyages, les moments à deux, à s’occuper de nous, à profiter de la vie comme on ne l’avait jamais fait. C’est vrai avant on était pris par les études, puis le travail, Emilie…
Et voilà que le moment de la retraite a sonné. On a voyagé, beaucoup. On a profité, énormément. De belles années, de beaux instants. Puis ma femme est tombée malade. Un cancer de la gorge. Elle s’est battue mais malheureusement la maladie était plus forte qu’elle. Elle l’a épuisée et l’a vaincue.
J’ai repensé à tous ces beaux moments, ma vie, notre vie. Mais en fait cette quête perpétuelle du bonheur à venir nous voile les yeux. Le bonheur est là chaque jour, dans chaque petit instant. On croit toujours qu’on sera plus heureux quand on aura ci ou ça. Du coup on ne voit pas le bonheur présent, on se focalise sur celui à venir. Mais le bonheur il ne faut pas l’attendre, il faut le saisir, le voir, le vivre tout simplement. Le bonheur est comme le temps, il file et peut nous échapper. C’est à nous de savoir le reconnaitre et de l’accepter. Le bonheur est partout, dans le sourire d’un inconnu, dans la naissance d’un enfant, dans le regard de ceux qu’on aime, dans un éclat de rire, dans l’éclosion d’une rose, dans un rayon de soleil, dans un moment en famille, dans la réussite d’un projet, dans les bras d’un proche Le bonheur est dans l’instant présent.
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