Partie 1.
Il neige depuis une semaine. Près de la fenêtre je regarde la nuit et j'écoute le froid. Je suis enfermée ici, et j'ai peur.
On m'a dit que le train s'arrêtait ici, que c'était son terminus. J'ai demandé où l'on se trouvait mais seul le bruit du vent m'a répondu. Tout le monde était parti aussi vite qu'il était apparu. J'avais alors trouvé un endroit où me cacher : une petite pièce avec une fenêtre à l'étage de la gare. Personne ne vient jamais, pas un seul bruit, seulement celui, lointain, d'un orgue, toutes les nuits. Je reste ici, sans savoir pour quelles raisons. Je n'ai pas de souvenirs, c'est effrayant. Parfois, je me sens submergée et je crie, je pleure, je hurle et tremble, mais personne ne vient.
Cette nuit, je suis collée à la vitre glacée, et la neige m'apaise. Je la vois bien grâce aux lampadaires éclairant les différents quais.
Je suis reconnaissante, je peux survivre grâce aux largesses d'une gare fantôme. Je cherche, nuit et jour, qui je suis, j'en viens souvent à la même conclusion. Quelque chose de très grave s'est passé et j'ai perdu la mémoire. Une épidémie qui aurait contaminé toute la population ? Je crois que c'est peu probable..
Je soupire et remets mes lunettes sur mon nez avant de me lever, ramasser mon livre. Je l'ai trouvé sur les rails, et il me tient compagnie.
Soudain, j'entends des pas, lourds, dans le hall, puis des cris. Dans l'air, je peux respirer une odeur flottante de sang. Je me mets à courir, le plus loin possible, dans le fond de la gare. Je suis vite essoufflée, je n'ai pas l'habitude. Ma respiration se fait difficile et j'ai du mal à discerner les formes devant moi, je sens mes jambes fléchir et mon champ de vision s'obscurcir...
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