Je ne voulais pas
— Je ne voulais pas.
Sa voix tremble un peu. Comme sa main, qui serre la peluche décapitée. Et toi son corps, en fait.
Il essuie une larme qui glisse furtivement sur sa joue. Il ne veut pas pleurer devant son fils. Pourquoi je pleure ? se demande-t-il. Ce n'est qu'un jouet...
Mathieu le fixe sans rien dire. Il a peur. Normal.
— Hé... Mathieu... Je suis désolé... Je... je me suis emporté. Je t'en rachèterai un pareil. Hein ? Mathy ?
Mathieu ne dit toujours rien. Il s'assied sur une chaise. Le dévisage toujours. Sans rien dire. Il fait peur, pense Arthur. Lentement, il s'approche. C'est lui qui fait peur. Mathieu se relève et s'éloigne. Il se colle au mur et se laisse glisser jusqu'à toucher le sol, avec un regard très clair : ne t'approche pas.
— Tu sais, Mathieu, dit Arthur en s'asseyant en tailleur sur le carrelage froid. Parfois les adultes aussi en ont marre. Alors ils font des caprices. Comme les enfants. Comme toi.
C'est faux. Mathieu, c'est un enfant invisible, presque transparent sur son mur. Il ne fait pas de caprices, c'est à peine s'il— Je ne voulais pas.
Sa voix tremble un peu. Comme sa main, qui serre la peluche décapitée. Et toi son corps, en fait.
Il essuie une larme qui glisse furtivement sur sa joue. Il ne veut pas pleurer devant son fils. Pourquoi je pleure ? se demande-t-il. Ce n'est qu'un jouet...
Mathieu le fixe sans rien dire. Il a peur. Normal.
— Hé... Mathieu... Je suis désolé... Je... je me suis emporté. Je t'en rachèterai un pareil. Hein ? Mathy ?
Mathieu ne dit toujours rien. Il s'assied sur une chaise. Le dévisage toujours. Sans rien dire. Il fait peur, pense Arthur. Lentement, il s'approche. C'est lui qui fait peur. Mathieu se relève et s'éloigne. Il se colle au mur et se laisse glisser jusqu'à toucher le sol, avec un regard très clair : ne t'approche pas.
— Tu sais, Mathieu, dit Arthur en s'asseyant en tailleur sur le carrelage froid. Parfois les adultes aussi en ont marre. Alors ils font des caprices. Comme les enfants. Comme toi.
C'est faux. Mathieu, c'est un enfant invisible, presque transparent sur son mur. Il ne fait pas de caprices, c'est à peine s'il fait. Il suit. Et il se tait.
— Je suis désolé, répète-t-il.
Encore.
Ce mot a un drôle de goût dans la bouche. Le goût amer de l'habitude qui n'a pas lieu d'être.
Mathieu ne dit toujours rien. Il l'énerve. Il lui mettrait bien une gifle, pour le réveiller. Il a envie de casser quelque chose.
Le plumage doux de la chouette entre ses doigts le rappelle à l'ordre. Il a déjà cassé des choses aujourd'hui. Ça suffit.
Tout doucement, comme pour ne pas réveiller un monstre, Mathieu se lève. Il va dans sa chambre.
Et Arthur reste là, tournant la chouette entre ses doigts. Jetée violemment par terre, sa tête lui fait les gros yeux.
Jouet brisé.
Enfance brisée.
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