Soumets-toi

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- N’importe quel mec peut dominer une femme. C’est dans nos gênes, déclare-t-il posément.

Je dévisage Erwan en croisant les bras, les lèvres pincées. J’ai l’habitude des débats avec lui sur les conceptions individuelles du libertinage. Ce sont d’ailleurs nos conversations inépuisables qui ont forgé notre amitié avec le temps.

- Ça n’a rien à voir. Tu confonds machisme et domination sexuelle. Ce n’est pas quelque chose qu’on impose à son ou sa partenaire contre sa volonté. C’est un jeu de rôle complice. Ou chacun est consentant. N’est pas dominant qui veut, d’ailleurs. Ça s’apprend un minimum.

- N’empêche que c’est une évidence pour un homme. Moi je te domine quand je veux.

Je ricane en secouant la tête. Il commence à m’énerver.

- Ne me fais pas rire… toi je ne risque surtout pas de te laisser faire. Tu es trop jeune. Tu n’y comprends rien. Toi… toi depuis qu’on se parle, au contraire, tu me donnes sévèrement envie de prendre le contrôle.

- Vraiment ? fait-il, étonné. Mais toi tu es soumise de nature, pourtant.

- Absolument pas. J’accepte d’être soumise par besoin de lâcher prise et d’arrêter de tout contrôler en permanence. Mais je te garantis que prendre les rênes ne me fait pas peur.

- Alors montre-moi. Initie-moi.

Je le dévisage, moqueuse.

- Tu n’as pas compris. Il faut que tu acceptes de ton plein gré de te mettre dans un rôle. D’obéir. De te soumettre. Et non pas de me défier. Ça ne marchera pas.

- Laisse-moi une chance, insiste-t-il Je veux savoir. Je veux comprendre pourquoi tu kiffes autant qu’on ait de l’emprise sur toi.

J’avance de quelques pas vers lui, ma poitrine frôlant son torse.

- Tu te crois capable de te livrer à moi comme ça, murmuré-je. On n’a encore jamais couché ensemble… Tu penses que je vais te céder juste pour relever un défi ?

Ma bouche n’est qu’à quelques centimètres de la sienne. Alors qu’il se penche pour m’embrasser, j’attrape entre mes doigts le bas de son visage.

- Hors de question, soufflé-je, mes lèvres effleurant sa barbe. Je te veux torse nu et à genoux. Maintenant.

Il hausse un sourcil, surpris. Il hésite quelques secondes et je crains qu’il ne renonce. Puis avec lenteur, il attrape son t-shirt par le col et le fait passer par-dessus sa tête, dévoilant son torse sculpté, ses abdos dessinés et ses hanches saillantes. Je le fixe avec défiance. Soumets-toi… Il s’agenouille, les bras le long du corps, poings serrés.

Ses yeux sont rivés aux miens. Il est tellement bon de voir un homme lever les yeux vers moi de cette façon... Il est comme une proie à ma merci. Malgré moi, je sens un sourire carnassier se dessiner sur mes lèvres. Cela fait longtemps que j’envisage cette option avec lui. Et le voici qui m’attend. Qui m’espère. Me désire. Sa soumission est un cadeau dont je prendrai soin. Je caresse son front, rassurante. Je vais faire de lui le complice dont j’ai besoin.

- Baisse les yeux, dis-je d’une voix calme et ferme.

Un tic nerveux fait sauter sa joue. Il n’a pas du tout l’habitude que quelqu’un lui parle sur ce ton. Encore moins une femme. Mais il obéit. Je sens que je vais me régaler.

- Bien… Mets tes mains dans ton dos. Interdiction de me toucher.

Il s’exécute. La posture fait ressortir les muscles de ses épaules et de ses bras, croisés derrière lui. Je le contemple un instant avec envie. Un jour, s’il me fait suffisamment confiance, il faudra que je lui bande les yeux et que je l’attache ainsi. Je passe mes doigts dans ses cheveux, éraflant délicatement son cuir chevelu avec mes ongles jusque dans sa nuque. Animale, je hume son parfum sur sa gorge.

- Tu es à moi, chuchoté-je à son oreille.

Il frissonne. Retroussant ma jupe, je lève une jambe pour la poser sur son épaule.

- Regarde-moi, ordonné-je en écartant le tissu de mon shorty pour dévoiler la peau douce et lisse de mon sexe. Je veux que tu me lèches jusqu’à ce que je hurle. Ensuite, peut-être que je te permettrai de me baiser.

Quelque chose s’assombrit dans son regard. Il y brille une lueur farouche, celle de l’homme qui n’a jamais été soumis et envisage un bref instant de me défier. Mais j’y lis aussi son adoration et son excitation alors qu’il choisit de rester dans son rôle et de m’obéir. Oui… Tu as compris…

Ses lèvres veloutées effleurent ma peau dévoilée, la parcourent avec avidité. Sa langue agile, brûlante, se fraye un passage entre les replis frémissants de mon intimité. J’ai envie de défaillir à ce délicieux contact. Mais je dois garder le contrôle. Plaquant une main sur sa nuque, j’ondule sur lui, m’en servant pour mon propre plaisir. Son menton est déjà trempé de mon désir et je ne fais que commencer à m’échauffer.

- Oui… Comme ça… Baise-moi avec ta langue, soufflé-je.

Ses mains se posent brusquement sur mes fesses pour m’écraser contre sa bouche. Sa langue s’immisce encore plus profondément en moi, m’arrachant un cri de plaisir, et il me faut tout mon self-control pour le repousser.

- Ça suffit ! fais-je sèchement. Je t’avais dit de ne pas me toucher. Lève-toi !

Il obéit, le regard brillant, bestial, féroce. Hum… de la résistance, encore ? Très bien. Plan B.

Je fais mine de vouloir l’embrasser, mais me dérobe à son approche. Il grogne, frustré. Je le pousse en direction de la chambre, il recule jusqu’au lit où il bascule sur le dos. Je descends le zip de ma jupe qui tombe à mes chevilles, rejointe dans la foulée par mon débardeur.

Je lui tourne le dos, feignant de ne prêter aucune attention à l’homme qui découvre mon corps pour la première fois. En réalité je sens son regard me transpercer. Je dégrafe avec habileté mon soutien-gorge que je laisse tomber théâtralement à terre. Je tire sur la dentelle de mon shorty, et me penchant en avant, j’accompagne de mes doigts sa descente le long de mes jambes jusqu’à mes chevilles, offrant ainsi à mon complice une vue parfaite sur mon cul.

Je me redresse. En appui sur ses coudes, il me détaille avec envie. Je m’avance vers lui, mon shorty pendant au bout de mes doigts, un sourire diabolique aux coins des lèvres. Mon cœur cogne sourdement dans ma poitrine. Je brûle d’excitation à l’idée de ce que je m’apprête à lui faire. Je rampe sur le lit, me plaçant à califourchon sur lui. Il porte toujours son jean, et je me place tout contre l’imposant renflement de son entrejambe.

- Donne-moi tes mains, soufflé-je.

Il n’hésite pas cette fois. Je suis nue. Sûre de moi. J’ai toute son attention. Je l’observe du coin de l’œil tandis que j’utilise ma lingerie pour lier étroitement ses poignets entre eux. Je me penche pour placer ses mains au-dessus de sa tête, ma poitrine frôlant son visage. J’attrape son menton fermement.

- Reste comme ça. Je t’avais dit de ne pas me toucher. Tu as les mains trop baladeuses. Je pense que m’asseoir sur ta bouche serait un bon début pour t’apprendre à te tenir tranquille.

Son regard brûle d’une impatience avide.

- Oh, c’est ce que tu veux, en réalité… Ça te ferait kiffer, n’est-ce pas… Alors non, décidé-je.

Il grogne. Je ne suis pas disposée à aller dans son sens. Apprentissage de la frustration… Passant mes mains entre mes jambes, je déboutonne son jean et j’extrais sa queue de son boxer. Elle est sublime, fièrement dressée, rien que pour moi. Je m’imagine tellement la glisser dans ma bouche et la sucer avec application… mais pas aujourd’hui.

Je la prends d’une main et la presse contre mon sexe. Je recouvre le gland de mon humidité et le frotte délicatement contre mon clitoris. Je frissonne au premier contact. Mon excitation est à son comble. D’un mouvement du bassin, je me caresse contre sa queue, de plus en plus vite à mesure que je mouille. Je ne retiens ni mes gémissements ni mes cris. Et je m’accorde le privilège de jouir sous ses yeux, tandis qu’il me contemple, immobilisé et impuissant.

Je suis trempée de mon orgasme et encore parcourue de spasmes lorsque je saisis sa queue et m’empale lentement dessus. Je le guide en moi, fermement sans lâcher des yeux son visage. Sa bouche forme un O muet alors que je l’ancre au plus profond de mon être, jusqu’à la garde. Lorsqu’il me remplit complètement, je prends le temps de savourer cette sensation d’être écartelée et comblée. Oui… comme ça…

- Maintenant c’est toi qui va découvrir ce que c’est que de se faire baiser, chuchoté-je en passant ma langue dans son cou et en lui attrapant les cheveux.

Je me soulève de quelques centimètres avant de me laisser retomber sur lui. Je réitère, me soulevant un peu plus cette fois. Plus encore. Et encore. Un gémissement m’échappe. J’ondule du bassin sur lui. Je trouve ma vitesse de croisière. Oh oui… Je m’empale avec force, chaque mouvement poussant sa queue toujours plus loin en moi. Je me sens petit à petit perdre le contrôle que je tente désespérément de conserver. La sueur perle à son front, son souffle est rauque. Il lutte visiblement.

- Je vais…, halète-t-il.

- Non ! coupé-je. Pas encore.

Je maintiens ses mains plaquées au-dessus de sa tête, le baisant à mon rythme, sans retenue. Je suis comme possédée, comme si son corps m’appartenait. J’en abuse avec fièvre et passion. Il est à moi.

- Je peux plus… s’il te plait…, hoquète-t-il.

Oui, voilà, demande-moi l’autorisation de jouir… je lui souris férocement à travers le voile de plénitude qui commence à obscurcir ma vision. Pour toute réponse, je lui offre la contraction violente de mon orgasme autour de sa queue. Et tandis que je jouis de nouveau, mes ongles enfoncés dans sa peau, ses gémissements rejoignent mes cris et je le sens se déverser en moi. Vibrant. Brûlant. Vivant.

Je détache ses mains, et m’abandonne, épuisée, contre son torse. Je tremble. Nous reprenons nos souffles, en silence. Il a été parfait. Il a joué le jeu et m’a laissée diriger les choses à ma manière. Il s’est livré. Il s’est abandonné. Il s’est soumis. Je me redresse pour caresser son visage avec douceur.

- Tu vois… C’est aussi simple et bon que ça.

Il hoche la tête avec gravité. Je lis dans son regard qu’il s’est laissé surprendre. Il me câline et me sourit.

- J’en veux encore…, dit-il, l’œil pétillant.

Je souris à mon tour et l’embrasse langoureusement avant de lui glisser à l’oreille :

- Pas question… C’est moi qui décide.

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