Aux anges déchus
Il est
de ces gens
qui ont le coeur
si lourd
qu'ils creuseraient
la terre seulement
posé sur le sol
Ils s'enfonceraient
de ce poids
du chagrin
de la mort
des amours passés
des romances inachevées
de la solitude
d'un coeur
qui n'est pas aimé en retour
Là se différencie
leur propriétaire :
les âmes fortes
de leurs mains
de leurs doigts
affaiblis
glissent au fond
du trou
entoure ce coeur
et le montent
à la surface
et dans ces mains
le coeur apaisé
trouve son réconfort
au creux des paumes
il se réchauffe
le sang
de nouveau
circule
et avec
la foi
l'amour
la volupté
et il envoie
dans le regard
l'éclat soudain
d'un coeur guéri
et prêt
Les âmes faibles
ne sont que fortes :
les mains ne glissent pas
au fond du trou
chercher le coeur
ce dernier
devient une graine
qui pousse
de la terre
dans la terre
et créée
un arbre mort
dont les branches sont nues
dont le tronc oculte
toute forme de vie
c'est mourir
une fois de trop
c'est mourir
et faire voir
son malheur au monde
et cet arbre mort
pousse
pousse
pousse
et de ses branches
il oculte la vue
des autres
il fait subir
ses démons aux autres
sa pénombre
ne cesse
d'abriter la lumière
de ceux qui veulent bien
un jour
les apercevoir
Mais
pour ces âmes-là
il suffit
d'un jour
d'une fois
d'une parole
même moins
d'un instant
de ce moment
où une main
se pose sur la sienne
où un regard
se glisse dans le sien
où une âme
bonne
dont le coeur a été élevé
vienne prêter sa main
à celui
qui n'avait pas les doigts
pour aller chercher le sien
l'ange maudit
se réchauffe
ses branches tombent
son dos
se libère
ses mains reprennent forme
ses doigts s'enroulent
autour des siens
L'arbre est enterré
les graines sont engouffrées
les veines
sont nourries
l'ange maudit
ne l'est plus
ses mains
ont retrouvé
les couleurs
du printemps
et de l'été
ses yeux
se sont ouverts
enfin
sur tout
de beau
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