11 - Olivier
Un vide que nous croyions nécessaire de remplir.
La peur.
Un peu plus de vingt années bien remplies et voilà que, les enfants partis pour leurs études, nous nous sentions orphelins.
Durant toutes ces années, Claire a été fidèle.
Oh les tentations n'ont pas manqué.
Des hommes ont tenté leur chance, avec plus ou moins de tact. Collègues de travail, collaborateurs, amis et même des inconnus. Certains auraient sans doute mérité un détour mais Claire n'avait plus l'envie de pimenter sa vie avec une relation adultère, d'autant plus que Pierre s'avérait un compagon irréprochable.
Je préfère compagon à époux ou mari. Tu es mari, amant, père, confident, protecteur, ami.
Elle même, par jeu, par réassurance aussi, à l'occasion, a cherché à séduire pour tester son pouvoir de plaire. sans jamais franchir le pas. Elle était encore une belle femme et elle a pu juger que sa capacité à charmer restait intacte. Aujourd'hui encore elle conserve une belle prestance.
Certains l'ont jugée cruelle.
Alors pourquoi Olivier ?
Au bon moment au bon endroit, disons-nous généralement.
Claire l'a rencontré pour la première fois lors de la cérémonie organisée à l’occasion du départ à la retraite de Monsieur Dufour, le directeur commercial de l’entreprise dans laquelle travaillait Pierre.
Les collaborateurs et l’encadrement étaient invités avec leur conjoint.
Olivier était présent. seul.
Pierre qui prenait à cette occasion, la succession de M. Dufour, l’a présenté à Claire comme son futur adjoint.
Il était bel homme, grand, bien proportionné, le visage souriant, la trentaine rayonnante. J'ai tout de suite ressenti une attirance.
Réciproque. Il m'a détaillé de la tête au pied. Le diagnostic a semblé positif.
Comme beaucoup de manifestations de ce style, elle a été pour Claire ennuyeuse à souhait, avec des discours convenus et des cadeaux de circonstance.
Quelques jours plus tard, Pierre a invité à dîner Olivier et Julie, son épouse. Histoire de conforter leur future relation professionnelle. C’était un couple charmant, cultivé.
Bien sûr les hommes ont parlé un peu travail, mais pas seulement et les sujets abordés ont été très divers – Voyages, politique, cinéma...
Peinture aussi.
Olivier peint pendant ses temps libres. Surtout des huiles.
La peinture était un point commun. Elle a créé une complicité au cours de ce repas.
Olivier a souhaité voir mon travail. Je ne trouvais pas ce que je réalisais particulièrement réussi, alors je n’ai pas voulu malgré son insistance.
Réserve, manque de confiance… ? Allez savoir !
Ou déjà la peur de me retrouver seul avec lui.
Des fantômes recommençaient à me narguer.
Julie était une jolie femme, élancée, brune avec les yeux verts. Elle portait une tenue qui mettait en valeur une belle poitrine.
Pierre tu ne pouvais t’empêcher de jeter des regards intéressés et tu ne regardais pas toujours Julie dans les yeux !
Je te sentais même légèrement frétillant.
Ce n'était pas ton habitude. Etais-tu toi aussi gagné par le spleen provoqué par l'absence des enfants ?
Claire a trouvé son comportement un peu déplacé. Elle le lui a fait remarquer une fois les invités partis. Bien sûr il a nié, c’était elle qui fabulait !
Cela m’a mis en colère et m’a rendue perplexe. Que se passait-il ?
Deux semaines après Olivier et Julie leur ont retourné l’invitation.
Je me souviens encore de ma tenue. Souvenir vivace. Pour cause...
J’avais repensé au précédent repas, alors j’avais acheté pour l’occasion une robe noire à bretelles avec un grand décolleté en V devant et dos, taille haute resserrée par une bande smockée.
Je voulais provoquer Pierre, et, puisqu’il aime les poitrines je n’avais pas mis de soutien-gorge.
Est-ce seulement à Pierre qu'elle voulait plaire ?
Claire avait fière allure. Pierre l’a complimentée, serrée dans ses bras, embrassée.
Caressée.
Mais il fallait partir. Dommage, Claire aurait bien poursuivi cette intimité.
Pendant le trajet, Pierre lui a raconté une histoire arrivée dans la semaine à l'entreprise.
Le mardi précédent, en fin de journée, alors qu’il était resté travailler un peu tard, et cela lui arrivait de temps à autre, Pierre était entré dans le bureau d’un assistant commercial, sans frapper, croyant être seul.
Il avait découvert alors Olivier assis sur une chaise, uniquement en chemise, avec une jeune stagiaire entièrement nue, empalée sur son sexe
Elle faisait reluire son berlingot.
« Elle y mettait beaucoup d’application » rigolait Pierre !
La surprise avait été réciproque.
Pierre s’était retiré en bafouillant des excuses. Mais la curiosité l’avait poussé à rester derrière la porte.
D’avoir été surpris n’avait pas découragé les amants, et Pierre avait entendu distinctement les plaintes de la chaise et les gémissements du couple, ou l’inverse, jusqu'à l’explosion finale.
Puis il s’était éclipsé, se jurant bien de se replonger dans le programme des écoles de commerce pour une remise à niveau.
Cette histoire m’a émoustillée. Je dois bien l'avouer.
Quand ils sont arrivés chez leurs hôtes, Claire a rappelé à Pierre que Julie est une jeune femme, celle de son collaborateur qui plus est.
Il ne fallait pas qu’il rêve de trop.
Vexé, il lui a retourné méchamment une grossièreté. « Oh ! T’es trop conne »
Autant dire que cela a jeté un froid entre eux.
En nous accueillant, le regard approbateur d'Olivier valait tous les compliments. Cela m’a mis un peu de baume au cœur.
Au moment de l’apéritif, Claire et Olivier ont reparlé peinture. Elle a souhaité voir ses compositions. Il a accepté bien volontiers.
Julie, qui connaît, n'a pas souhaité nous accompagner, et Pierre qui avait déjà vu quelques toiles qu’Olivier a accrochées dans son bureau, décline également.
Pour tenir compagnie à Julie as-tu dit ! J'ai eu quelques doutes.
Claire a donc suivi Olivier vers la pièce qu'il a transformée en atelier.
Avant d'y pénétrer, il s’est esquivé pour inviter Claire à passer la première en posant la main sur le haut de son dos.
La pression était plus appuyée que nécessaire.
Une fois le seuil franchi, il a laissé glisser négligemment sa main le long de son dos, jusqu’à la naissance de ses fesses.
Cette caresse inattendue a surpris Claire et elle a songé à l’histoire que Pierre lui avait racontée dans la voiture.
Les battements de mon cœur se sont accélérés.
Il m’a montré alors ses productions. Des natures mortes, des paysages, des portraits.
J’ai cru reconnaître un nu de Julie.
Il a parlé beauté des formes, chatoiement des couleurs. J’ai senti qu’il aimait beaucoup peindre et son enthousiasme m'a gagnée.
La chaleur aussi.
En retrait, Olivier la laissait regarder.
« Un jour, je pourrais faire votre portrait »
« Je serais un bien piètre modèle »
« Ne vous sous-estimez pas »
Des lèvres chaudes ont déposé un baiser dans mon cou. J’ai frémi.
« Vous êtes très belle » Le compliment ne pouvait que faire plaisir.
Claire a tourné la tête et souri.
« Vous dites cela à toutes les femmes ! »
Il l'a retournée face à lui.
« Uniquement à celles qui le méritent »
A nouveau il s’est penché et l'a embrassée dans le cou. Plus longuement cette fois.
Je me suis sentie vulnérable.
Il y avait de la tension dans l’air.
« Et beaucoup l’ont méritée ? »
« Quelques unes »
Claire a apprécié sa franchise.
Elle était séduite.
Il l’a prise par la taille.
« Et elles tombent toutes dans vos bras ? »
« Pas toutes, mais j’ai connu quelques bonnes fortunes »
Il m’a plu. Pas de chichi. Pas de violon.
Claire rendait les armes.
Elle a passé les mains derrière sa tête
Les lèvres se sont rapprochées, touchées, séparées, sont revenus au contact. Les langues se sont cherchées, trouvées, repoussées.
Danse des langues.
Ses mains ont parcouru mon dos. Elles se sont faites douces et le contact avec la peau m’a arraché un soupir qui est venu mourir sur ses lèvres.
Les mains ont abandonné son dos pour venir à la conquête de son ventre, sont remontées vers sa poitrine. Elles se sont introduites dans le décolleté, chacune à la recherche d’un sein, et elles les ont fait jaillir à l’extérieur.
Claire avait le bas du ventre, bouillonnant, qui se collait à lui. Sentir son sexe dur à travers son pantalon l’a parcourue d’une onde de plaisir.
Il a écarté les bretelles qui ont glissé le long de ses bras. Elle s'est retrouvée le buste nu.
Sans la ceinture, il ne me restait que le string.
Les mains d'Olivier ont soulevé ses seins, que deux grossesses ont malmenés.
Sa bouche a abandonné ses lèvres pour embrasser les mamelons qui durcissaient.
Il les a sucés, mordillés, léchés.
Elle a posé les mains sur sa nuque.
J’aurais voulu que le temps s’arrête. Tête en arrière, bouche ouverte, je n’arrêtais plus de soupirer de plaisir.
J'aurais voulu qu'il me baise Pierre, à quelques mètres de toi.
Puis un moment de lucidité.
« Julie et Pierre vont s’inquiéter »
Il a abandonné la poitrine à regret, remonté tendrement les bretelles en réinstallant avec douceur les seins dans leur abri. Ils pointaient à travers le tissu.
Nous avons ramené un tant soit peu de calme dans nos corps. Ils ont échangé peu de mots pour ne pas stimuler l’appétit.
Il n'y avait rien a rajouter.
Et ils ont regagné le salon. Pierre et Julie chacun dans un fauteuil parlaient progéniture.
La soirée s’est poursuivie agréablement, Julie avait préparé de bons plats et le vin était de qualité.
Pendant le repas, avec Olivier, nous sommes restés sages. A une exception. A un moment nous nous sommes trouvés seuls dans la cuisine. Nous avons échangé un tendre baiser.
Claire n'a même pas regardé si Pierre continuait son manège vers Julie. Elle avait la tête ailleurs.
Une belle soirée…
Sur le chemin du retour, Claire n’a pas parlé. Son corps revivait les caresses et baisers, en boucle. Ce n’est pas ce qu'elle avait prévu pour cette soirée, mais c’était encore mieux.
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