16 - L'anguille se dévoile
Olivier n'a pas attendu très longtemps pour contacter Claire.
Deux jours exactement avant qu'il ne passe un coup de fil à l'agence. Il a dit à Claire s'être morfondu, n'avoir pensé qu'à son corps, sa peau. Il ne pouvait plus attendre.
Claire a trouvé ces mots agréables à entendre même si c'était en grande partie du baratin. Il voulait baiser la femme de son chef. Point.
L’attente diffuse des douceurs qui font partie du jeu de l’amour. Le plaisir des corps n’en sera que plus fort. C’est ce qu'elle lui a répèté. Il a insisté. elle a résisté.
Claire n'avait pas l'envie de s’engager dans une relation style 5 à 7 tous les jeudis. Comme d’autres faisaient crêpes le vendredi soir devant Thalassa et poulet le dimanche midi chez papa - maman.
La routine.
Elle pensait mériter plus que ça.
Le lendemain de ce coup de fil, en fin d'après midi, alors que Claire, Jupe droite aux genoux, légèrement fendue sur les côtés, chemisier imprimé, veste jetée négligemment sur une épaule, regagnait le parking, elle a été interpellée.
« Tiens ! Quelle surprise ! »
Elle a reconnu la voix.
« Bonjour Olivier. Quel hasard »
Elle n'était pas dupe. Son visage, l’intonation de sa voix, indiquaient que le hasard n’était pour rien dans cette rencontre.
Un homme m’attendait, me guettait à la sortie de mon travail, me suivait même, peut-être ! C’était trop mignon.
Il y avait anguille sous roche ! Cette pensée l'a fait sourire.
Elle était l’anguille.
« Pourquoi ce sourire ? »
« Est-ce que vous braconnez ? »
Il a été surpris par la question. Pas étonnant.
« Je ne suis pas chasseur »
« Ni pêcheur ? »
« Ni pêcheur. Vous semblez le regrettez »
« Non. Simple curiosité. Vous avez déjà mangé des anguilles ? »
Il a paru désorienté.
« Oui. Grillées »
« Jamais farcies ? »
« Non, désolé »
Il apprendra vite a pensé Claire.
« Décidemment, vous êtes surprenante »
Il a ajouté « Vous êtes belle »
Il l'a touchée timidement, puis une bise sur la joue. Dans la rue, prudence.
« Je vous offre un verre, Claire ? » Vouvoiement ou tutoiement, le terrain était encore instable.
Elle a regardé sa montre, fait celle qui n’avait pas que ça à faire, celle qui accordait de son temps.
Elle lui a accordé ce privilège.
« Pourquoi pas. Je suis sortie un peu plus tôt »
Il l’a emmènée dans un bar quelques centaines de mètres plus loin. Sur le chemin, ils ont discuté comme de bons amis.
Il sortait de chez un client à proximité.
Bien sûr ! Claire a fait semblant d'y croire.
Un homme de 30 ans était encore capable de monter un scénario tout ce qu’il y a de plus éculé, sans imagination, pour me rencontrer ! Et il croyait sans doute que je marchais. C’était un coté adolescent qui m'a charmée. Je ne voulais pas le décevoir.
Et elle avait envie de marcher… voire plus.
« L’écurie », bar- hôtel-restaurant. Tout un programme !
Bar, oui.
Hôtel. les deux le souhaitaient.
Restaurant, Inutile.
Style pub, ambiance feutrée, le bar était agréable. Olivier a choisi une table à l’écart de l’entrée, dans une partie un peu à l’abri des regards. Il n’y avait d’ailleurs que peu de clients.
Claire s'est installée sur la banquette. Il s'est s’assis à ses côtés. Tout sourire.
Celui du vainqueur ?
Claire s'est sentie elle aussi adolescente en lui rendant son sourire.
Celui de la consentante ?
Les battements de son coeur s'accéléraient.
Le garçon a pris la commande. Perrier citron pour elle, pression pour lui.
Une bière ! Pas très excitant comme boisson. J'ai cru me méprendre sur le programme ?
Peut-être pas.
Une fois le garçon parti, il a saisi sa main droite pour la porter à ses lèvres et y déposer un baiser.
Attendrissant.
Puis il a caressé ses cheveux, ses joues.
Les visages se sont rapprochés, les lèvres frôlées. Sa bouche a cherché ses yeux, son front, son cou. Elle a fermé les yeux.
Des gestes partagés par bien des amants
C'était tendre et tellement doux.
Ils se sont embrassés.
Ils se sont étreints.
Soupirs.
Pas loin de mon travail et pourtant j'en oubliais toute prudence.
Il lui a glissé des paroles passionnées. Douceur des mots. Elle les a pris pour argent comptant.
Il sera toujours temps de faire le tri plus tard !
Pierre, c’était la douceur de la laine et j'y ai mordu à pleine dents. Comme dans la vie.
Et la vie circulait dans son corps.
Olivier a déboutonné les deux premiers boutons de son chemisier et caressé son cou et la naissance de ses seins. Elle voulait sentir ses mains sur son corps. Elle s'est écartée de lui et s'est levée.
« Attends-moi, j’en ai pour deux minutes »
Elle s'est dirigée vers les toilettes, et dans une cabine elle a retiré sa culotte et son soutien-gorge qu'elle a glissés dans son sac à main.
Les sacs des femmes renferment des trésors incroyables !
Elle a laissé déboutonner les deux boutons du haut de son chemisier. Olivier ne devait pas avoir de doute sur ce qu'elle attendait, mais elle voulait aussi lui laisser un peu d’initiative.
Oui Pierre, la caricature de l'homme décideur. J'en étais là.
Elle est retournée dans la salle.
En traversant l'espace jusqu'à la table elle a senti des regards qui s'attardaient sur sa poitrine ballotant au rythme de ses pas.
Elle rayonnait.
Pendant son absence, le garçon a servi les consommations et Olivier a commencé à boire.
Sans l’attendre ! Cela a maché Claire.
Sans pour autant lui en tenir rigueur.
A peine assise elle a léché la mousse sur les lèvres d'Olivier. Il l'a prise de nouveau dans ses bras. Immédiatement, sa main gauche s'est posée sur la poitrine de Claire, il a déboutonné deux nouveaux boutons et elle s’est introduite sous son chemisier.
Ce contact tant désiré lui a irradié le corps.
Les seins se redressaient. Il s’est attardé sur le globe droit.
Le gauche allait être jaloux, c’est sûr !
Pierre, je reconnais que tu n'étais plus dans mes pensées. Oubliées les années d'une fidélité acceptée et assumée.
La position et le lieu ne prêtaient pas à plus de démonstration. Pourtant elle voulait qu’il les lui sorte de leur protection en nylon et qu’il les lui dévore.
C’était fou cette envie qui me gagnait !
J’ai eu une jeunesse flamboyante, mais depuis mon mariage avec toi, Pierre, j’ai été tienne à 100%.
Sans regret.
Et voilà que je chancellais.
Et j’aimais ça !
Sa main a abandonné sa poitrine pour un genou. La table et les chaises protègaient des regards indiscrets.
Claire a écarté tout de suite les cuisses. Faire du chi chi aurait été déplacé !
Olivier a compris son attente et fait glisser rapidement la main vers son sexe, entraînant sa jupe.
La tête dans le cou d’Olivier, elle ronronnait de plaisir. Il lui a caressé le clitoris et Il n’avait aucune difficulté à introduire un doigt dans le vagin tant l'excitation avait fait son travail.
C’était un délice.
Elle n'y tenait plus.
Elle voulait garder la maîtrise de la situation, mais elle baissait pavillon.
Elle voulait sa bite.
Dans elle.
Maintenant.
Elle est arrivée à articuler : « Je te veux »
« Moi aussi »
Il s’est écarté, a passé une main sur son visage :
« Je pars devant et tu me rejoins dans quelques instants »
Il s'est dirigé vers les toilettes.
Les toilettes !
Nous étions au bar d’un hôtel et il voulait me prendre dans les WC !
Il voulait baiser la femme de son patron sur le bidet !
Elle n’attendait pas de son amant nécessairement d’avoir inventé la poudre, seule la mèche l’intéressait, à condition qu’elle fasse des étincelles.
En l’occurrence, Olivier, non seulement était intelligent, mais il semblait avoir de bonnes aptitudes d’artificier.
Mais ses parents aurait dû lui remettre un kit de savoir-vivre avant de le lâcher !
Pierre, tu m'as fait l'amour pour la première fois dans des W.C. Mais j'avais 20 ans. J’en avais vingt de plus. Et l’histoire n'allait pas bégayer.
Pierre, nous nous aimons, mais depuis tout ce temps nous nous connaissons par cœur.
Elle prenait Olivier pour un petit extra. Et elle n’avait pas envie de le retrouver dans les toilettes. Non.
Mais le feu qui couvait dans son corps devait être éteint. elle s'est dirigée vers le comptoir et s'est adressée au responsable :
« Il vous reste une chambre ? »
« Oui Madame, la n°12, au premier étage. C’est pour une nuit ? » Il n’était pas dupe de l’utilisation à venir de la chambre.
« Une nuit »
Il lui a donné la clé.
« Vous direz à la personne qui m’accompagne de m’y retrouver »
Elle a tourné les talons tout sourire.
Épanouie.
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