32 - Le crabe
Claire a pris un rythme de croisière. si nous pouvons interpréter ainsi ses aventures sexuelles. Gérard, Olivier, les deux, Nicolas et des occasions de passage. Sans ordre ni fréquence fixés à l'avance.
Donc elle s'envoyait en l'air avec une visibilité à court terme. Non pas qu'elle était dans le brouillard mais, fidèle à son habitude, elle n'avait pas de plan de vol.
Pierre, t'es-tu aperçu de mes infidélités ? j'ai pris toutes les précautions pour t'épargner. Ton amour pour moi t'a perdu. Ai-je commis une erreur ?
Ce matin ou elle s'est rendue à l'entreprise dans laquelle travaillait Pierre et Olivier par exemple. Claire venait lui porter son mobile que dans son étourderie il avait laissé sur la table du salon.
Quand elle est arrivée, Pierre était en rendez-vous. Avec un client lui a dit la secrétaire. Elle n'a pas souhaité attendre, aussi elle a pensé qu'Olivier pourrait lui donner.
Il a été surpris de la voir.
Surpris et heureux.
Il s'est aussitôt levé de son fauteuil pour la serrer dans ses bras et l'embrasser.
Du bureau voisin me parvenait ta voix Pierre ainsi que celle d'un inconnu. Ton client.
L'index sur la bouche Olivier lui a fait signe d'être dicrète.
Elle n'a pas protesté quand il a passé sa main sous sa robe.
Elle n'a pas résisté quand il a baissé sa culotte.
Elle n'a pas hésité quand il l'a plaquée, face contre la mince cloison.
Elle s'est cambrée quand il l'a pénétrée.
Il l'a baisée ainsi à quelques mètres de Pierre et la main d'Olivier sur sa bouche ont assourdi ses gémissements.
T'entendre parler de l'autre coté du mur m'a électrisée.
Olivier était lui aussi excité par la situation car il a été bestial, presque brutal, la queue raide à souhait.
Pierre, te tromper n'a jamais été mon moteur. Je n'avais rien à te faire payer. Mais nous étions devenu un couple avec ses routines. Certaines s'en accommodent.
Olivier a fait durer l'assaut pour son plus grand plaisir.
De son coté Pierre, malgré l'attention qu'il devait porter à son client, pouvait peut-être percevoir des bruissements étouffés venant du bureau voisin.
As-tu alors fait un rapprochement quand Olivier t'a donné ton télèphone en disant que j'étais passée ? Je n'ai pas mesuré mon imprudence sur le moment.
Pierre n'a fait aucun commentaire particulier quand il a retrouvé Claire en fin de journée au domicile. Il l'a juste remerciée de s'être déplacée pour lui amener son téléphone.
Mais de façon imperceptible son attitude a changé.
Pierre est devenu encore plus silencieux que d'habitude. Plus irritable aussi. Claire le questionnait sur son changement de comportement.
Et elle insistait pour lui faire sortir ce qu'il avait sur le coeur. Qu'il explose.
Une franche discussion, voire engueulade aurait été tellement plus saine pour nous deux. C'est ce que je pensais à l'époque Pierre.
Mais non, Pierre se murait et Claire ne voulait surtout pas se découvrir la première. L'ambiance dans le couple devenait parfois difficile.Etouffante.
Pierre était tracassé. Il entendait Claire sans l'écouter. Il semblait perdre tout intérêt non seulement à Claire mais aussi à son environnement.
J'ai craint une dépression, Pierre. Mais j'étais loin du compte.
Claire n'a pas désarmé.
Je connaissais les risques de l'aveu de mon infidélité. L'étendue de mes frasques allait provoquer des ravages.
Claire pensait que son couple n'y survivrait pas.
Cependant elle voulait d'abord connaître ce que Pierre pouvait bien savoir ou supposer.
Oui, j'étais bien loin de la vérité. Malheureusement.
Pierre pourquoi avoir tu ce qui te rongeait ? Ne dit-on pas qu'à deux nous sommes plus fort. Cela n'aurait peut-être rien changé.
Pierre a fini par confier ce qui le tracassait.
Depuis quelques temps il avait du sang dans les urines.
Quelques temps, Pierre, c'était en fait quelques semaines. Je t'en veux toujours de ce silence coupable. Mortifère.
Aux premiers signes, Pierre ne s'est pas trop inquiété car les saignements étaient intermittents et légers. Mais avec le temps, ils sont devenus plus fréquents, plus importants.
Et Pierre a commencé à se documenter. Bien sûr dans ce cas on se trouve toutes les maladies et nous retenons les pires. Pierre n'a pas échappé à la règle mais il n'a pas, pour autant, consulté un médecin.
Tu ne voulais pas m'inquiéter ! Ne pas t'absenter de ton boulot ! Tu trouvais des explications tellement absurdes Pierre.
Tu avais peur.
La peur n'a jamais évité le danger.
La pression de Claire l'a poussé à prendre un rendez-vous avec leur généraliste.
Est-ce que j'étais trop centrée sur moi et mon plaisir ? Je n'ai pas été capable d'interpréter ton mal être.
Les premiers résultats des analyses n'ont pas été bonnes et ont confirmé les inquiétudes de Pierre. Les examens se sont alors enchainés et il a bien fallu entendre le diagnostic. Cancer de la vessie.
Tu as trop attendu Pierre. Ton manque de confiance en moi m'a attristée. Nous avons partagé bien des joies et aussi quelques moments moins gais.Toujours à deux nous avons traversé les vicissitudes de la vie.
Claire a mis un terme à ses relations adultères. Elle ne voulait pas infliger une double peine à Pierre, si cela était encore possible. Elle voulait consacrer cent pour cent de son temps pour lui.
Mais aussi et surtout, elle l'Aime malgré tout ce que pourraient penser bien des personnes.
Olivier et Gérard ont parfaitement compris la situation et n'ont pas cherché à profiter des moments de désespoir de Claire, qui n'ont pas manqué. Au contraire, ils se sont montrés bienveillants, attentifs.
Ils rendaient visite à Pierre soit à l'hopital lors de ses hospitalisations, soit à son domicile. Ils avaient un réel attachement à Pierre. Le fait de baiser sa femme ne jouait en aucun façon sur leur estime pour lui.
Il est arrivé à Claire de tomber dans les bras de l'un ou de l'autre pour laisser libre cours à des larmes de détresse. Des mots réconfortants, des caresses amicales l'apaisaient.
Les enfants, bien sûr, essayaient d'être présents le plus possible mais leur éloignement, leur propre vie familiale ne les rendaient pas disponibles autant qu'ils l'auraient souhaité. Olivier et Gérard étaient donc les plus proches amis pour apaiser ses peurs.
Comme bien des personnes dans cette situation, Pierre s'interrogeait. Pourquoi lui ? Il avait une vie saine. Il ne fumait pas, il n'était pas alcoolique, il mangeait varié et équilibré...
Le traitement s'est mis en branle. Résection transurétrale, puis cystectomie partielle de la vessie et mise en place d'une chimiothérapie.
Les séjours à l'hopital se sont succédé avec des phases d'amélioration, puis de rechute, de stabilisation.
Mais globalement le diagnostic était plûtot pessimiste. Le médecin leur a laissé entendre une issue pas favorable...
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