Chroniques d’un Marcheur d’Ombre #2
Elle est morte.
Oh ! vous inquiétez pas, je connais le coupable.
Mais vous vous demandez certainement ce que fait une ombre décharnée tel que moi ici.
Je redescends.
D’un trip, oui. Une bonne dose.
Rien de tel qu’une bouteille et de quelques chips bon marché, vautré au comptoir d’un bar à strip-tease douteux et certainement illégal, pour reconsidérer ses choix de vie.
Ouais, z’êtes peut-être pas d’accord.
Je l’ai rencontré juste là.
C’est ça, là où y’a ce mec qui reluque le cul de la dame qui danse. Je faisais pareil. Et il était plutôt pas mal, croyez-moi. Jolies formes, tout ça. Seulement mon regard a quand même été attiré ailleurs.
Alors je sais pas ce que c’était.
Sa démarche.
Les traits fins de son visage.
Son parfum.
Et voilà que je me léchais les dents sans même y penser.
Je suis donc sorti, histoire de prendre l’air et d’arrêter de me comporter comme le dernier des ombrumes. Ç’a pas suffit. Non seulement ça, et en plus, je sentais encore son odeur.
Forcément, elle était juste à côté. On s’est mutuellement scanné des pieds à la tête.
Elle fumait, je crois. J’ai pas vraiment regardé ses mains. Quoique j’ai beaucoup regardé ses lèvres. Oui, si, elle fumait.
Elle a dû aimer ce qu’elle avait en face d’elle parce que trente minutes plus tard, on était dans son appart à essayer de s’arracher les vêtements sans même allumer la lumière.
Économie d’énergie, parait que c’est à la mode.
Le lendemain matin, elle avait troqué sa mini robe pour un jogging et un sweat en laine horriblement moins érotiques.
Mais terriblement plus sexy…
J’ai eu la politesse et le tact de lui demander ce qu’elle foutait dans un bar à strip-tease un samedi soir. Ce qui m’a valu un lancé surprenamment précis de talons hauts suivis d’un sourire et d’un “la même chose que toi, connard !”. À savoir, reluquer le cul de demoiselles payées pour le tremousser.
Je ne l’ai pas cru. Et ça n’avait pas d’importance.
Nous étions juste deux inconnus s’étant envoyé en l’air cette nuit. Et la nuit d’après. Et celle encore d’après.
Ç’a duré une petite semaine. Peut-être plus, peut-être moins. Jusqu’à la nuit dernière où je me suis endormi après lui avoir embrassé le cou.
Et maintenant, elle est morte.
Mais ça vous le savez, ils ont en parlé aux infos.
Hmm ? Pourquoi j’ai du sang sur le visage ?
Je vous ai dit que je connaissais le coupable.
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