Chapitre 8 Les cauchemars

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Quand elle commença son deuxième semestre, Lola se dit que maintenant qu’elle était « libre », elle pouvait se permettre ce qu’elle ne s’autorisait pas avant. Cette fille lui plaisait vraiment beaucoup, juste à la voir, elle ne pouvait s’empêcher de sourire. Elle mourait d’envie de lui parler, de l’appeler, de quoi elle ne savait pas, elle voulait juste être avec elle.

C’est ainsi qu’à la reprise des cours, elle s’installa à la terrasse de la cafétéria de bonne heure pour être sûre de ne pas rater Stéphanie qui viendrait lui dire bonjour comme à son habitude. Elle avait troqué son sweat à capuche ainsi que ses gros boots pour une nouvelle robe et des sandales. Elle voulait un nouveau départ, pourquoi pas commencer à accepter la seule qui s’était préoccupée d’elle jusque-là, dans sa vie.

Elle finissait son café lorsqu’elle aperçut Steph devant la porte d’entrée. Elle sortit son livre de son sac à vitesse grand V et fit semblant de s’y plonger jusqu’à ce que Steph soit à son niveau. Son cœur battait à cent à l’heure, elle luttait pour ne pas lever la tête. Elle ne voulait surtout pas donner l’impression qu’elle l’attendait, elle passerait pour une nulle. Cependant, au bout de cinq minutes, commençant à s’inquiéter car il n’y avait pas grand monde dans la cafétéria, elle leva les yeux pour voir où son amie en était. La joie de revoir Stéphanie avait quitté son visage laissant place à la déception, la tristesse. Steph debout dehors, buvant son café entouré d’amis n’était pas venu lui parler ce matin. Elle ne lui adressait même pas un regard.

Déstabilisée, elle se dirigea vers son amphithéâtre assister à ces cours du matin. Ne pouvant se concentrer, elle finit par quitter le cours avant de lancer un regard noir à celle qui venait aussi de la laisser tomber. Une fois chez elle, se rongeant les sangs, elle envoya un message à cette fille qui avait débarqué dans sa vie comme si de rien n’était :

- Tu n’es pas venue me voir ce matin !

- Non, effectivement, lui répondit son interlocutrice, ce qui lui donna à s’énerver encore plus.

- Ce n’est pas vraiment le moment de parler de tout ça là. A plus tard.

Agacée de ne pas avoir eu l’attention qu’elle attendît, elle alla se chercher son cutter et s’acharna sur son bras gauche. Elle avait vu une jeune fille de douze ans se couper dans un film pour se soulager, elle s’était dit qu’elle essaierait un jour lorsque ça n’irait vraiment pas. La voilà, assise sur le bord de son lit, cutter en main en dessus de son bras gauche qui déverse un peu de son sang. Elle a mal mais elle ne s’arrête pas car elle se sent libérée, alors elle continue jusqu’à ce qu’elle soit calmée. Un, deux, trois, quatre traits tracés, le début de sa descente aux enfers.

N'ayant pas prévue de quoi se soigner, elle prit un de ces tee-shirt et essaya ainsi de stopper le filet de sang qui s’écoulait de son bras avant de commencer à écrire. L’inspiration revenait, il était temps se disait-elle, elle qui adorait ça. Elle y passa toute l’après-midi concentrée à retranscrire ses émotions. Elle fut ramenée à la réalité par la sonnette de sa porte d’entrée. Lola se demanda, en regardant par le judas, si elle devait ouvrir ou non. Avait-elle envie de discuter avec son amie ?

- Je sais que tu es là, ouvre s’il te plaît je crois qu’il faut qu’on parle toutes les deux.

Installé dans le canapé, chocolat chaud en main, Lola prit la parole en premier :

- S’il te plaît, fait moi plaisir, oublie le message de ce matin d’accord, c’était stupide.

- Je t’arrête tout de suite, lui répondit-on. Pourquoi ce serait stupide, je venais te voir chaque jour et du jour au lendemain je ne le fais plus, je pense que tu as tout à fait le droit de te poser la question. Seulement, je crois que tu l’as la réponse à ta question n’est-ce pas ?

- Je ne t’ai rien demandé moi, ni de m’aider ni de venir me voir tous les jours, je ne t’ai absolument rien demandé.

- C’est vrai, si je l’ai fait c’est parce que je t’aime beaucoup et que j’ai envie de te connaître plus. Maintenant, tu m’as clairement fait comprendre que ces visites, que ma présence ne te plaisait pas, voilà la raison pour laquelle je ne suis pas venue ce matin. Il faut aussi que je me protège moi et je ne veux pas être là où je ne suis pas désirée, tu comprends ?

- Je ne sais pas ce qui m’arrive en ce moment, je suis un peu dans le flou. Tout ce que je sais, c’est que je me sens bien quand tu es là et ça, ça me fait peur.

- Je comprends, tu peux me parler si tu en ressens le besoin, je serais là. Par contre, je te demanderais d’être un peu plus agréable avec moi dorénavant.

Elles éclatèrent de rire puis il fut l’heure de partir pour Stéph qui lui donna un baiser sur la joue. Une fois seule, Lola caressa sa joue avec un petit sourire, ravie d’avoir pu discuter avec celle avec qui elle voulait plus qu’une amitié.

Cette nuit-là, Lola se réveilla vers deux heures du matin en sanglot, la respiration haletante après l’horrible cauchemar qu’elle venait de faire.

Allongée dans cette ruelle dans laquelle on l’avait retrouvé, elle ne pouvait se relever. Voyant un groupe de jeunes filles passer, elle cria de toutes ses forces pour qu’elles viennent l’aider. Mais au lieu de lui prêter main forte, ces filles se moquaient d’elles :

« Regardez les filles, on dirait qu’elle s’est faite violer. Elle l’a bien mérité cette sale gouine, quelqu’un a enfin su lui montrer ce qu’est le sexe, le vrai. Allez venez, on s’en va. »

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