Chapitre 10 Le réveil
Pendant qu’elle prenait un somnifère pour tenter de se rendormir, Lola se souvint du bien que la scarification lui eût fait la première fois. Elle alla chercher sa lame et juste avant de se couper, en larmes, elle se dit : « Et si le seul moyen d’oublier toute cette merde était là, devant mes yeux ? »
Désespérée, épuisée d’avoir tout le temps peur, elle se trancha les veines et envoyait un dernier message :
- Je suis désolée, je n’y arriverais pas.
Elle ressentait le besoin de s’excuser mais n’avait pas la force de l’envoyer à ses parents, se disant que de toute façon Steph devait dormir à cette heure-ci et ne verrai le message que le lendemain. Elle lâcha prise et commença à s’endormir.
Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle vit ses parents à son chevet. Sa mère pleurant et son père faisant les cent pas dans la chambre d’hôpital, ne pouvant rester assis à ne rien faire. Christine l’embrassa et lui promit que tout allait bien se passer maintenant, qu’elle ne serait plus seule, qu’on allait prendre soin d’elle. Lola ne réagissait pas, ne parlait pas, elle pensait à comment elle a été sauvée, comment elle a pu vivre après ce qu’elle avait fait, c’était impossible.
Une infirmière entra dans la chambre pour changer son bandage et demanda aux parents de sortir :
- Comment vas-tu Lola ? As-tu mal au bras ? tu as eu de la chance que ton amie ait appelé les urgences, après tous les cachets que tu as avalé plus la blessure, sans son appel t’y serais resté.
- J’aurais dû mourir.
Claire ne sut quoi répondre. Même après autant d’année de travail aux urgences, elle ne s’habituait pas à ce genre de situation. Elle prévint la jeune fille qu’un psychiatre viendrait lui parler dans l’après-midi et sortit. Christine et Paul restèrent avec leur fille toute la matinée essayant d’entrer en contact avec elle, essayant de comprendre pourquoi elle avait fait ça.
Mais Lola ne dit plus rien, elle fixait le mur blanc se sentant vidé.
« J’aurais dû mourir » fut ses derniers mots.
Une seule envie lui traversait l’esprit : retirer la perfusion de sa main et s’enfuir. Impossible, les infirmières étaient partout et ne cessaient de lui demander comment elle allait, ce qui l’agaçait au plus haut point. Elle fixait le plafond jusqu’à en avoir mal aux yeux tellement elle s’ennuyait.
Après le repas, auquel elle ne toucha pas, elle vit entrer un homme petit avec des cheveux blancs qui lui retombaient sur les épaules. Le psychiatre, celui qui sera chargé de l’aider à aller mieux, elle réprima un rire, Lola ne croyait pas à toute cette mascarade comme elle appelait ça.
- Bonjour, Lola c’est ça ? Je me présente, je suis le docteur Mureau Alfred, psychiatre au Centre d’Accueil d’urgence Médico-psychologique.
- Quand est ce que je pourrais partir d’ici ?
- On va d’abord discuter un peu si tu veux bien. Ce n’est pas par hasard que tu es là aujourd’hui, est ce que tu veux en parler ?
- Écoutez, je me suis ouvert les veines, le message est clair non ? J’aurais dû mourir hier soir au lieu de terminer ici. Vous voulez savoir pourquoi j’ai fait ça, vous le savez maintenant, est ce que je vais recommencer en sortant d’ici, très probablement. Et cette fois-ci, je n’enverrais pas de message, c’est ça qui m’a baisé. Voilà vous savez tout.
- Pourquoi veux-tu mourir ? De quel message parles-tu ?
Il n’obtint aucune réponse, Lola s’était à nouveau réfugiée dans un silence de mort. Il lui déclara qu’elle ne pourrait pas rentrer chez elle et qu’elle serait prochainement transféré au CAUMP, que l’on ne pouvait pas la laisser sortir dans ses conditions.
Elle attendit qu’il quitte la chambre le regard tourné vers la fenêtre et laissa enfin couler cette larme sur sa joue.
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