Crow ...

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Depuis la signature du contrat, Horia évoluait dans la maison avec plus d’aisance. J’avais remarqué qu’elle prenait plaisir à être dehors et en particulier pieds nus. Vêtue d’un legging noir et d’un débardeur jaune noué sur son ventre plat, elle semblait être en train de méditer où de faire une sorte de yoga. Debout dans le bureau, je la regardai faire et tournai la tête quand Solo raccrocha brutalement son téléphone.

— Qu'ont dit tes indics ? demandai-je

— Il a été vu à New York. Macnamara et lui se seraient entretenus. répondit calmement Solo.

— Combien ? je sais qu'il a mit une prime sur sa tête, je t'ai vu discuter avec Z.

— Dix millions sur sa tête et quinze si on y passe avec. répondit ce dernier.

— On devrait lui dire. dis-je en soupirant.

— Je compte le faire. révéla Solo.

— Et pour son mariage ? demandai-je.

— Mon avocat s’en occupe. Et toi tu as des nouvelles de ce dernier ?

— Non, il a disparu des radars. Mes hommes travaillent dessus. Il y a une chose que j’aimerai comprendre. dis-je en me tournant pour lui faire face.

— Quoi ? demanda ce dernier intéressé.

— Pourquoi elle compte ? Le dernière personne que j’ai entendu compter c’est …

— Je sais. Demande lui. Sache qu’ Horia est pleine de surprise. Cette fille n’est pas ce qu’elle laisse paraître. Elle était vierge, innocente mais pas ignorante. Elle savait pour son mari et la maîtresse de ce dernier.

— Je sais, je l’ai entendu dans la voiture quand elle a parlé de FCI. Tu penses à quoi ? demandai-je en essayant également de comprendre le mystère qu'elle était.

— Elle négocie comme personne, au club pour te débarrasser de Charmaine et pour la proposition. Elle a visé les cinq galets tout en sachant qu'on n'accepterait pas. Elle dit quatre et une autre clause, puis a accepté à trois avec la même clause. Elle ne l'avouera jamais mais bien qu'elle nous hait, elle éprouve un certain plaisir malsain en particulier quand elle est soumise. Elle se rebelle mais dans chacun de ses combats, elle garde le contrôle enfin presque tout le temps. Elle ronge son frein.

— Je sais… mais ce n’est pas étrange, elle a grandi avec Macnamara et son père avant de mourir était un putain de requin en affaires. Elle a ça dans le sang. dis-je en ne trouvant pas cela particulièrement bizarre.

— Quelque chose me dit que les clauses de son mariage, ce n’est pas son oncle qui les à négocier mais elle. dit Solo soudainement. Elle en sait plus que ce qu'elle veut bien laisser paraître.

— C’est intelligent, mais cela veut dire qu’elle avait prévu une porte de sortie le jour de ses vingt-et-un ans. dis-je avec constat.

— Oui. A savoir laquelle.

— Ca pourrait compromettre nos plans. dis-je en pensant à mon frère.

— Pas si elle connaît le nom du mec que son oncle a engagé pour tuer ton frère.

Je me tournai vers la fenêtre et soupirai, puis je quittai le bureau à la hâte et descendis les escaliers avant de me rendre dans le jardin. Horia sentit ma présence et tourna la tête.

— Bonjour. dit-elle.

— Bonjour. dis-je vivement.

Au son de ma voix, elle descendit du muret et s’approcha de moi.

— Mauvaise journée pour les affaires ? demanda-t-elle curieuse ou seulement pour tâter le terrain.

— Non, mais j’ai dans l’idée que tu es une menteuse. dis-je.

— Et j’ai menti sur quoi ? dit-elle en feignant l'ignorance.

— Ce n’est pas ton oncle qui a négocié ton contrat de mariage, mais toi. Macnamara n’en a rien à foutre de toi et de ta virginité. Pour cause aujourd’hui, il a mit ta tête à dix millions de dollars.

Elle baissa la tête et soupira comme si elle s'était attendue à cette éventualité.

— Crow a raison ? demanda Solo en s’approchant avant de le poser contre un arbre.

Horia voulut parler mais je la coupai dans son élan et la menaçai.

— Ne cherche pas à négocier, petite fée ! Je suis à deux doigts de te torturer pour obtenir la vérité. dit Crow. Rappelle-toi tu as signé un contrat, tu n’as pas le droit de nous mentir, si tu le fais cela entraînera une sanction et tu n’as pas les plumes, ni les galets nécessaires pour négocier. Pourquoi tu comptes ?! Cela a un lien n’est-ce pas ? demandai-je.

— J’avais neuf ans et j'ai compté un nombre incalculable de fois jusqu’à cent avant qu’un policier n’ouvre le coffre dans lequel j’étais cachée échappant à la mort cette nuit-là. J’ai vu de mes yeux mon père se faire torturer, j’ai vu ma mère se faire violer par les hommes de mon oncle avant que lui-même ne le fasse sous le regard horrifié de mon père. J’ai vu où l’ambition sans limite de mon oncle l’a amené et ce qu’elle la conduit à faire. J’ai vu mon père se faire décapiter parce que mon oncle n’avait pas les couilles de faire le sale boulot lui-même. Mon oncle prend son pied en terrorisant les gens. Mais ce soir-là il a fait une erreur, une grossière erreur.

— Quelle erreur ? demanda Solo.

— Celle de ne pas m’avoir tué. Face à l’horreur, la presse s’est emparée de l’affaire, la police et le FBI étaient présent, j'étais l'enfant malade qui avait miraculeusement survécu à l'horreur alors il a été obligé de jouer l’oncle triste et bienveillant. Il a prit soin de moi, m’a envoyé à l’école et procuré les meilleurs tuteurs dans le seul but de se protéger et éviter les soupçons. J'ai mis deux ans avant de reparler à la suite de ce traumatisme. Quand Stanley Winters a commencé à me tourner autour, mon oncle y a vu une occasion, celle de se débarasser de moi et moi celle de le fuir lui et de pouvoir trouver un moyen de fuir, mais il m'a vendu à Stanley comme une vulgaire pute. Je lui ai dis que je savais toute la vérité, il ne m’a pas cru et cela jusqu’à ce que lui montre la vidéo de lui et ses hommes sur les lieux du crime. J’ai négocié ma propre vente, Stanley ne pouvait pas me toucher et je gardai le silence et à mes vingt et un ans je lui donnais la main sur toutes les affaires de mon père, ses biens et son fric. Si il m'arrivait quoi que ce soit, je diffusai la vidéo de lui et des hommes sur les lieux d'un massacre à l'heure de la mort de mes parents et je le laissai se démerder avec la presse et la justice. Je n’étais plus sous son toît mais je n’étais pas libre, Stant ne pouvait pas me toucher et il le savait, mais cela ne l'a jamais empêcher de m'humilier, de me gifler et de s'en prendre psychologiquement à moi. De me raconter comment serait notre première fois, qu'il me partagerait à ses amis et qu'il pourrait peut-être faire de moi une pute pour arrondir ses fins de mois. Mais Stan a merdé, il a joué sur le mauvais cheval avec votre fric sans penser aux conséquence et il m’a vendu pour solder sa dette. Tu n’es pas le seul à haïr mon oncle. Il a tué ton frère. Il a violé et tué ma mère et son enculé fils en col blanc à la réputation immaculée dans le droit, lui a connu le bienfait d'un orgasme quand il a décapité mon père ! Ta vie a été dure Crow, tu n'as pas vécu la mienne ! dit-elle sans baisser les yeux et me laissant alors entrevoir la noirceur profonde de son âme. Celle qu'elle cachait derrière une innocence feinte et solaire.

— Son fils ? dit Solo étonné.

— Vous ne le saviez pas ! dit-elle en comprenant alors qu’on ignorait cette information.

— Le tueur à gage à qui il fait appel c’est son fils ? dis-je choqué.

— Rien de plus qu’un mec avec beau costume et un col blanc comme Nash Macnamara. Qui irait soupçonner un avocat avec sa réputation d’être un tueur à gage ? demanda-t-elle.

Je reculai, soufflé par sa révélation. Horia n’avait fait que survivre après avoir été confié à un monstre. Elle avait utilisé les armes qu’elle avait et accepté son sort. On lui avait raflé ses chances de liberté et pire on lui avait mis une cible dans le dos. Macnamara savait qu’elle était entre nos mains et qu’il nous faudrait peu de temps pour connaître l’identité du tueur de mon frère. Les dix millions sur sa tête était juste un moyen pour lui de la faire taire et son fils ne prendrait pas le risque de la laisser en vie et ce même si il ignorait ou pas qu’elle puisse connaître son secret. Je croisai le regard de Solo.

— Tu comptes quand tu as peur, ça te rassure et te permet de garder la tête froide. dis-je.

— Oui. dit-elle. Maintenant je peux me retirer où vous avez d’autres questions ?

— Repose toi. dit Solo. Avec la prime sur ta tête et la disparition de ton mari, on doit partir d’ici. annonça-t-il.

— Je n’ai pas vraiment le choix. dit-elle.

— Pour ta sécurité et la nôtre en effet. dit Solo.

Horia quitta le jardin pour rentrer dans la maison. Je soupirai en me passant une main sur le visage nerveusement. Solo s’approcha et soupira.

— Le tueur de mon frère se cache en pleine lumière. dis-je encore sous le choc.

— Il est surtout inatteignable. dit Solo. Il est en liste pour devenir un sénateur de New-York.

— Pour le moment. dis-je. Il va vouloir protéger sa carrière et sa couverture.

— Z dit qu’il est sur le coup. Je veux bien utiliser Horia comme appât mais maintenant …

— Mon frère est mort ! dis-je furieux.

— Je sais ! J’ai aussi perdu des gens dans cette guerre. répliqua Solo en faisant référence à la soumise qui partageait notre vie à cette époque là.

— Tu l’aimes ? demandai-je soudainement.

— Qui ça ? Horia ? demanda-t-il surprit pas ma question.

— Tu éprouves des sentiments pour elle ? demandai-je.

— Je ne la connais que depuis quelques jours, pourquoi cette question ? dit-il en essayant de noyer le poisson.

— Ne tergiverse pas et dis moi la vérité. exigeai-je.

— Elle est différente. Elle se bat, elle s’accroche et même dans sa situation des plus catastrophique, elle ne perd pas espoir et ne se laisse pas abattre. Dis moi que tu ne ressens rien pour elle.

Je croisai le regard de Solo et soupirai avant de secouer la tête.

— J’ai un nom maintenant, je n’ai plus besoin de jouer. Mets-là en sécurité si tu le désires mais moi j’ai une vengeance à mettre en place.

— Crow … Tu pourrais prendre le temps de réfléchir. Attaquer Macnamara comme cela c’est du suicide et tu le sais tout aussi bien que moi.

— Je vais gérer. assurai-je avant de décider de rentrer dans la maison.

— Crow … dit-il en essayant vainement de me convaincre.

— Merci Solo. Tu es comme mon frère, je reviendrai quand j’aurais accompli ma vengeance. Prend soin d’elle ou laisse là partir. dis-je avant de partir.

Dans la maison, je croisai Horia dans la cuisine. Elle était en train de couper des fruits. Je m’approchai d’elle et posai un baiser sur son front. Je n’avais aucun regret pour tout ce qu’il s’était passé, mais mon frère était plus important à mes yeux et maintenant que j’avais un nom, j’étais prêt à passer à l’action. Elle fronça les sourcils mais ne dit rien, puis je montai à l’étage pour faire mon sac et je quittai la maison sans un regard en arrière.

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