Chapitre 3 : Les Rochers d'Angennes par le GR1, entre Poigny-la-Forêt et Rambouillet
Écrire sur une ballade en forêt domaniale de Rambouillet constitue une dédicace à tous les randonneurs et en particulier, ceux qui fréquentent les chemins de Grande Randonnée. Pour les profanes, ces itinéraires existent depuis plusieurs décennies, entretenus par la Fédération française de randonnée pédestre et dispose d'une signalétique définie, en l'occurrence, deux traits superposés rouge et blanc.
Autour de Paris, on peut découvrir une grande ceinture de parcours fléchés avec le GR1 qui traverse l'ensemble des départements : Yvelines, Val d'Oise, Seine et Marne et Loiret.
Je vous propose de découvrir une portion géographique très belle entre Poigny-la-forêt et Rambouillet. Il reste possible de partir depuis Saint-Léger-en-Yvelines plus au nord et de profiter des berges de "l'Etang du Roi".
Comme souvent en forêt, les chemins et les routes ou sentes forestières portent des noms très poétiques.
La Route de la Mouche
Ce matin, le temps se montre agréable et la brume donne une ambiance de forêt de Brocéliande avec ses plans d'eaux cachés sous les ombrages. La Mouche me guide sur une piste de qualité assez douce aux pieds d'un marcheur avec des zones sableuses, parfois plus terreuses et très souvent tapissées de déchets végétaux qui recouvrent en toute saison la couche de surface.
Des senteurs matinales merveilleuses titillent les narines et plusieurs insectes bruyants m'accompagnent dont parfois des taons très voraces mais aussi des papillons et des libellules aux couleurs magnifiques. Je me préserve de toute attaque en couvrant mes jambes et mes bras avec des vêtements adaptés.
Le temps mitigé laisse une place à un soleil tardif. Parfois, des bruissements de feuilles mortes dans les buissons trahissent la présence de merles ou de grives, habitués des sous-bois. Il arrive souvent de croiser des pigeons ramiers qui se restaurent dans des clairières.
Mon sac ballotte dans mon dos en chantant un air de frottement de nylon. Une bouteille d'eau, des biscuits et des fruits secs, un coupe-vent, du papier pour satisfaire à une pause technique composent l'équipement. Je dispose d'une carte IGN au 1/25000 (série bleue) avec les marquages de GR et le découpage numéroté des parcelles domaniales.
Une boussole, un couteau de poche et une paire de jumelles complètent les accessoires indispensables aux marcheurs. Un smartphone complète ma panoplie avec la vocation de sécurité et celle aussi de capture d'instants privilégiés et éphémères qu'offre toujours une Nature très riche en faune et flore.
Après deux milles mètres à un rythme soutenu de 3 kilomètres à l'heure, je biffurque à droite pour arriver par l'ouest de Poigny la forêt. Je me dirige, toujours en sous-bois, vers la départementale 107. Le relief devient plus accidenté, découvrant ici et là, des lits de sable et de roches.
Je descends à présent dans le thalweg pour rejoidre la départementale qui longe un cours d'eau au jolie nom de La Guesle dont la terminologie se rattache à la gueule. De l'autre côté de la route, se cache un petit oratoire, baptisé Saint-Fort, tout en pierre et joint à la chaux, avec quelques fleurs de dévotion.
Les rochers et les étangs d'Angennes
Je traverse la D107 et j'arrive sur une sorte de parking. Je remonte alors en douceur dans le relief qui s'impose à moi. La pente importante fatigue et les senteurs résineuses délassent. Plusieurs marquages de couleurs signalent des itinéraires dédiés à des promenades locales.
Le GR1 oblique sur la droite à flanc de relief et débouche le long d'un paroi rocheuse. Par le passé, cet endroit permettait l'initiation à l'escalade comme en forêt de Fontainebleau. Compte tenu de la porosité de la roche, de l'instabilité et de chutes de pierre, toute la zone reste aujourd'hui ceinturée par une très grande palissade grillagée et clôturée laissant voir la falaise sans toutefois pouvoir l'approcher.
Le terrain s'aplanit avec une belle végétation basse de bruyères et de beaux troncs blancs de boulots dont les feuilles frémissent sous quelques effets thermiques. Dans le contrebas, j'entends l'écoulement de la rivière absorbé par les glissements des voitures sur la chaussée de la départementale. Quel dommage car cela maintient une présence urbaine !
Peu à peu, je finis par me détacher de ces nuisances et j'arrive à un emplacement d'observatoire, baptisée "Les Rochers d'Angennes" et qui dominent en contrebas des étangs éponymes. Je profite de cette occasion pour m'assoir sur la roche envahie par des lichens verts et jaunes. Je savoure à la fois quelques fruits secs et un paysage qui porte le regard vers l'horizon à une dizaine de kilomètres.
le lieu s'avère tout simplement merveilleux.
L'écoute et l'observation permettent une évasion méditative.
Je récupère et accumule pendant une demi-heure une dose agréable de détente. À regret, je reprends le GR1 en cheminant sur le mouvement de terrain et j'aborde une ligne droite de cinq cents mètres. Toujours un succession de zones sableuses qui donnent de loin l'impression de marcher dans de la neige. La luminosité laiteuse se réfléchit comme une empreinte blanche et infinie entre deux massifs denses et vert foncés.
Puis le terrain prend à nouveau une déclivité en cheminant sur la "Route des Rabières". Là encore, le terme de route s'entend au sens de sente ou piste forestière, praticable aux véhicules de l'ONF de type 4x4 et aux randonneurs ou vététistes.
La famille d'Angennes
Arrivé au carrefour avec la "Route de l'étang d'Angennes", je prends le temps de me raffraîchir. Des piverts ébranlent de leur martelage les houppiers des arbres. Parfois un bruit de crécelle signale la présence de faisans, très nombreux dans la région en raison des chasses présidentielles.
La piste s'oriente Sud-Est vers la direction de Gazeran, village situé à la sortie ouest de Rambouillet. Plus que jamais, les routes et les terres prennent ici le nom de la noblesse historique.
La famille d'Angennes apparaît dès le quatorzième siècle, par l'écuyer du roi qui acquiert un simple manoir et le transforme en véritable forteresse en raison d'une ordonnance de Charles V intimant l'ordre de fortifier les châteaux. Les descendants prennent au fil du temps les titres de marquis de Rambouillet et de Maintenon avec les domaines affairents.
Mais toute cette charge historique se dissipe devant la beauté des allées, des mares et des plans d'eaux où viennent se poser des hérons. Il arrive de croiser des cavaliers qui apprécient de pouvoir débourrer de splendides montures et s'évader dans une randonnée équestre incomparable.
Je reprends avec vigueur et enthousiasme ma randonnée et j'arrive par la "vallée de Drouin" sur Gazeran, très joli village, avec ses habitations de caractères, un large plan d'eau alimenté par "La Guéville" et une petite forteresse du XII ème.
Le territoire communal enserre le mur d'enceinte de l'immense Parc du château de Rambouillet dont une grande partie reste fermée au public, depuis la tempête de 1999.
J'entre par la Portail de la Route de Guéville et longe le Jardin Anglais, le centre équestre et la vénerie et passe à hauteur de la Chaumière aux Coquillages et de la Laiterie de la Reine (que je dois visiter un jour prochain).
Le GR1 sort par le grille donnant sur Le Rondeau et se dirige vers la gare. Justement voici un des arguments de la ville de Rambouillet et du syndicat d'initiative pour attirer les visiteurs et surtout les parisiens. Ils prennent le TER de Paris à la Gare Montparnasse en direction de Chartres. Ils chargent les VTT sur des supports adaptés et une fois sur place, ils s'offrent un immense espace de liberté en toute autonomie.
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J'ai résidé dans la ville de Rambouillet de 2007 à 2010 et pu ainsi profiter des nombreux bienfaits touristiques de la commune et des environs.
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